Tout responsable à peur d'être critiqué en cette période de pandémie où l'application adéquate ou inadéquate d'une mesure peut déterminer si quelqu'un vit ou meurt.
Dans une telle perspective, le témoignage d'une photographie peut "prouver" de l'application ou la non-application d'un protocole.
Nous nous retrouvons au Québec et en particulier à Montréal avec des contraintes de prises de vues qui va à l'encontre de la charte des droits et libertés du Québec et du Canada qui stipule que le public a le droit à l'information. C'est pourquoi les médias peuvent diffuser des images sans consentement quand il est justifié que ce soit d'intérêt public de montrer telle ou telle situation.
La question est quand est-ce que quelque chose est d'intérêt public?
Dans le cas de la version montréalaise de la pandémie, force est de croire que la censure appliquée aux médias depuis le mois de mars 2020 a été excessive, voire même peut-être partiellement responsable d'une certaine nonchalance du public à l'égard du respect des mesures d'hygiène.
Cette pandémie a été très peu documentée au niveau visuel. Beaucoup de graphiques et de logo d'édifices, d'infirmières de dos, etc.
Le ressenti d'une photo ou d'une vidéo a souvent été porteur de changements sociaux. On n'a qu'à penser récemment à la mort de George Floyd ou à la jeune fille au napalm.
Certains croient que le manque de représentation visuel de la pandémie a possiblement contribué à créer un faux sentiment de sécurité chez le public. Des chiffres, ça n'a pas le même impact que des images et c'est souvent pour ça que l'on interdit les images.
Clinique de dépistage sur la Place des festivals. photo Martin Benoit |
La FPJQ (Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec) relatait dans le dernier numéro de son magazine Le trente, les difficultés qu'ont eues les grands médias à accéder aux lieux où se déroulait la "vraie" histoire de la pandémie.
La grippe espagnole aurait été plus documentée visuellement que le COVID-19. Et ce, en des temps où la photographie était difficile d'accès en comparaison à aujourd'hui où le dernier geste anodin est et peut-être photographié.
Est-ce que ces censures auront été excessives ou aura-t-elle protégé le droit à l'anonymat en ces temps de grande vulnérabilité? Un équilibre à maintenir comme dirait notre premier ministre.