jeudi 23 juillet 2015

Expo Vice. Le photojournalisme est mort, vive The New Photojournalism.

Centre Phi. photo Martin Benoit
Jeudi soir le 23 juillet avait lieu au Centre Phi une grosse soirée qui s'est mérité une queue à
l'admission qui contournait l'édifice.

Le très populaire média alternatif Vice exposait quatre reportages sélectionnés par le cocommissaire Larry Towell de la prestigieuse agence Magnum.

Je devais être parmi les plus vieux dans cette file d'attente. La moyenne d'âge devait être autour de 25 ans. Des gens sympathiques, politisés version 2015.

L'exposition consistait en 32 photos représentant 4 reportages. Afin de comprendre les images, vous deviez vous procurer un pamphlet à l'entrée où un bas de vignette décrivait chacune des images. J'ai remarqué que très peu de visiteurs utilisaient ou avaient compris qu'il fallait se procurer ledit document.

Du reportage d'auteur dans sa forme la plus contemporaine. Peut-être c'est ce qui explique le grand succès de Vice auprès de la nouvelle génération. (les milléniums Y et C).

Selon The Guardian, Vice Media pourrait valoir 30 milliards, soit une valeur similaire au New York Time. En cette période de déclin des médias, il y a beaucoup à apprendre de Vice. Fox possède déjà 5% de Vice et d'autres gros intérêts les courtisent. Vice a fait le choix de mettre de côté la prétendue objectivité et de faire dans l'opinion et la prise de position. Ils ont compris la position des Y, environnement, social-démocratie et dénonciation des trop gros. Dans les faits c'est un peu à nuancer, mais disons que c'est l'impression qui reste. La stylistique est à l'heure d'Instagram et le ton rejoint le discours alternatif.

Ce que j'en pense? Si afin de rejoindre la génération des futurs dirigeants et joueurs influents, il faut jouer dans ce terrain souvent partisan, bien ce sont les règles du jeu. La déontologie c'est un truc de vieux qui a échoué et qui visait un idéalisme qui est né après la Seconde Guerre mondiale suite aux dérapages des photographes. La NPPA qui a été créé à cette époque espérait redorer l'image des photographes qui avaient échoué à vraiment informer durant la Seconde Guerre. La guerre du Vietnam a peut-être été le seul moment dans l'histoire du photojournalisme où quelques "vraies" images ont transpiré. C'est d'ailleurs suite à cette transpiration et ses conséquences que les grands contrôleurs d'opinion ont décidé d'être plus vigilants relativement aux propos des photographes.

Nous entrons dans une nouvelle ère du discours photojournalistique où le décloisonnement des structures traditionnelles autorise de nouveaux modes de communication et la génération Y semble nous dire que c'est la façon de procéder.

lundi 20 juillet 2015

L'affaire Nadeau

Jacques Nadeau lors d'un congrès de la FPJQ, photo Martin Benoit
Quoi penser de la perte de ses cinq disques durs contenant sa vie photographique?

Jacques Nadeau, photographe du quotidien Le Devoir, s'est fait dévaliser à son domicile sa télé ainsi que ses 5 disques durs sur lesquels étaient ses archives photo, tant argentiques que numériques, les négatifs ayant été détruits après numérisation.

Étrangement, sa 300 f2,8 bien en vue est restée sur son bureau...

C'est une catastrophe écologique de la taille de l'Exxon Valdez pour le photographe.

Je ne sais pas comment je survivrais une telle catastrophe étant quelqu'un qui vit un peu dans le passé et qui chérit ses images.  Je ne me la souhaite pas vraiment. Au printemps passé, une telle perte chez un de mes étudiants, m'a fait déménager mes doubles de disques durs dans un autre lieu que ma  résidence. Il me reste par contre, toujours une petite partie de mes images récentes qui ne sont qu'en miroir à la maison en attendant que je déménage mon double lorsqu'il sera plein. Je crois bien que je vais commencer à utiliser un espace dans un nuage pour mettre mes meilleures en pleine résolution JPEG. Aurais-je la discipline et le temps?

Une des difficultés est probablement de réussir à ne pas se définir par nos images.
Nous ne sommes pas nos images même si on les aime et qu'on en est très fière.
De même, nous ne sommes pas ce que sont nos enfants.
Nous sommes ce que nous réalisons tous les jours et pas un vol ne peut effacer ce que nous sommes ou serons.
Excusez le discours philosophique, ça me rappelle un ouvrage que nous avions eu à lire en philo au cégep: L'existentialisme est un humanisme de J-P Sartre. Sartre explique simplement la façon dont on doit se définir dans cet ouvrage. C'est beau en théorie, mais difficile à mettre en pratique.
Une autre analogie serait celle du disciple qui questionne le Maître Zen et lui demande : "Si tout est illusion, qu'en est-il de la mort de votre fils?" et le Maître Zen de répondre: "C'est une super illusion"... C'est pour dire que de mettre en pratique une croyance n'est pas toujours facile voir super difficile.

Espérons que Jacques retrouve un peu de ses images ici et là et que peut-être le coupable retournera au moins les fichiers. Jacques étant un passionné de son métier son corpus politique et social est très riche. En particulier la couverture du printemps 2012 où il s'était investi de façon extraordinaire.


mardi 14 juillet 2015

Les nouvelles images tendances pour le stock

Getty Images annonce les nouveaux besoins en matière d'images stock.

Revoir la représentation de la masculinité ainsi que la féminité.

Il y a plusieurs années la CAPIC avait organisé une rencontre avec Corbis (une autre très grosse banque d'images) afin d'expliquer aux photographes les besoins en terme d'imagerie stock.
À cette époque, Corbis cherchait des images d'Asiatiques riches à la retraite qui faisaient de l'exercice. Cette classe sociale en expansion allait devenir les nouveaux consommateurs et le marché de la banque d'image devait être prêt à fournir des images qui les interpelleraient.

Il est intéressant d'analyser cette image (voir plus bas) qui combine beaucoup d'éléments :
-la coupe de cheveux du père
-la barbe du père
-le geste affectueux du père
-la vieille caméra Super8 sur la tablette
-le portrait familial du début du siècle
-le cadre patiné
-le choix des bibelots

Toute un contrat de stylisme très 2015.

Les  revenus des photographes de stock semblent baisser, mais les agences continuent à vendre du stock et les besoins d'images de qualités au niveau sémantique sont toujours là.
Une bonne image communicative trouvera client si elle est bien ciblée.

Intéressant de voir que chez Getty l'image qui représente un appareil 2 1/4 réflexe biobjectif (twin lens) est une image où le photographe est une femme. Influence Viviam Mayer?

dimanche 5 juillet 2015

Le double standard du droit d'auteur et Taylor Swift vs Apple

PDN publiait un article nuançant l'attitude de Taylor Swift à l'égard d'Apple qui ne voulait pas rémunérer les artistes durant la période d'essais gratuits de leur nouveau service de streaming musical.

Taylor Swift semble avoir la réputation auprès des photographes d'exercer un contrôle total sur l'utilisation des photos qui la représentent.

Un peu comme si les photographes n'étaient pas des artistes du même niveau qu'elle et qu'en terme de droit d'auteur ils sont des citoyens de deuxième classe.

Le Journal de Montréal a décidé de boycotter la prise de vue de son concert à Montréal.

L'histoire du droit d'auteur est truffée de paradoxes du genre.

Un peu comme la justice. Des fois, la justice est la justice des riches et de ceux à qui elle profite.

Apple semble avoir plié entre autres à cause de la popularité de Taylor Swift auprès des jeunes qui occupent une bonne part de leur marché.

Voyons si les réseaux sociaux diffuseront son attitude envers les photographes.

samedi 4 juillet 2015

Publicité pour l'appareil photo du iPhone 6 sur les colonnes Morris de Mtl

Depuis quelques mois, on peut voir d'immenses tirages de photographies réalisées à l'aide de la caméra du iPhone 6. Quand on regarde bien le fin sous texte on peut lire : « optimisé pour grande impression ».

Ces images, qui à l'occasion sont imprimées plus de 2m de haut, semblent être de résolution très acceptable pour une telle taille.

À la sortie du pont Jacques-Cartier, on a même droit à un immense billboard.

rue Berri, Montréal,photo Martin Benoit
On veut ici vous faire réfléchir au fait que si vous avez un iPhone 6 vous pourrez produire de telles images.

C'est quand même spectaculaire ce que 8MP peut produire lorsque bien exploité.
Partons d'une bonne composition, bien exposée et optimisons le reste.

Théoriquement si l'impression sur la colonne est à une linéature de 100 lignes au pouce et qu'on utilise le coefficient de 1,32 pour le ratio pixels/point, on obtient sur 6 pi de long (6x12x100x1,32=9504 pixels).

Une caméra de 8 MP aux proportions de 4:3 implique une résolution de x px selon l'axe le plus long. La caméra du iPhone 6 a 3264 px selon l'axe le plus long. Donc sur 6 pi, il nous reste seulement 3264/72po= 45 px/po.

Tout ça pour dire que c'est étirer la sauce au maximum. Je dois avouer qu'à l'occasion quand je regarde ces images j'ai l'impression que si c'était de l'argentique, ce serait du 2 1/4 ou de l'excellent 35mm.

Bonnes nouvelles. Des fois, les efforts déployés pour améliorer ces micros-caméras se reflètent sur les « gros » appareils qui doivent « compétitionner » avec des téléphones qui les talonnent. Les fabricants doivent travailler à créer une différence de plus en plus remarquable.