lundi 25 mars 2013

Hi-fi squelette et 4k

photo Martin Benoit

Ça faisait un moment que je n'étais pas allé à un salon de la haute fidélité. Ce dimanche 24 mars, se terminait le Salon de l'image et du son. Surtout du son. 90 % des exposants s'occupaient de son.

Ce qui m'a plu a été de voir les dernières générations de téléviseurs 4k que l'on retrouvera dans nos salons dans un avenir rapproché. Paradoxalement, la netteté des supports de diffusion s'améliore (écran 4k, Retina Display) et simultanément nous n'avons jamais tant été intéressés par le flou photographique. L'humain est une bête complexe.

Les téléviseurs 4k metteront plus de pression sur les diffuseurs, les producteurs de vidéos et sur la bande passante Internet des fournisseurs. 4k correspond à une photo de 8 MP. Encore aujourd’hui, plusieurs années après l’introduction du Full HD, la majorité des stations de télé diffusent partiellement en Full HD. Coûts des équipements? Je suis toujours fasciné de voir à RDI Céline Galipeau à gauche en « split screen » et un reporter à deux résolutions très différentes. Si RDI ne peut pas au Québec, qui peut?

Nous les photographes, à l’occasion vidéastes, nous devrons encore une fois mettre à jour notre matériel pour suivre la technologie galopante. Est-ce un vrai besoin le 4k? Je ne remettrai pas en cause un pas vers l’avant en terme de résolution. Par contre, je crois que nous ne sommes pas loin (voir même nous avons dépassé) la limite angulaire de la résolution de l’oeil humain. À une distance donnée, l’oeil humain à une limite de discernement du détail. À quelle distance devons-nous regarder un téléviseur d’une taille donnée? La résolution et la taille des téléviseurs ont beau augmenter, nos salons ne sont pas plus profonds. Il y a donc un optimal entre tailles de téléviseurs, résolution et l’oeil humain. Si l’on dépasse le pouvoir résolvant de l’oeil, ce n’est pas grave, mais pas nécessairement pertinent. Ceux qui ont des écrans Retina ont atteint cette limite angulaire où il faut utiliser une loupe sur l’écran pour réaliser que l’écran est composé de pixels. Ce n’était pas le cas il y a 2 ou 3 ans. Canon et GoPro voient à s’occuper de nous en introduisant progressivement des caméras vidéo 4k. Est-ce que la bande passante interne des caméras et des cartes mémoires va suivre aussi rapidement que la résolution des caméras? Nous sommes encore très limités en photographie par la bande passante interne des appareils. En cinématographie ils déploient, depuis des années, des acrobaties pour rendre possible la capture raw du 4k et ce à fort prix.

Un aspect avec lequel je ne suis pas très confortable, dans une certaine sphère de la haute fidélité, est la construction « squelettique » des amplificateurs à lampes. Pouvons-nous imaginer PhaseOne ou Hasselblad construire des boitiers avec des fenêtres en saphirs pour nous faire voir les soudures en or sur le bord de certains circuits ou encore nous faire apprécier le gyroscope interne de certains objectifs? Pourtant ce sont certains de ces aspects qui font que ces appareils produisent des images supérieures. Les amplificateurs à lampes chromés avec les lampes exposées m’irritent et m’envoient le message : au cas où vous n’avez pas réussi à entendre la supériorité de notre son, nous vous exposons certaines composantes internes (maintenant externes) de nos appareils pour que vous réalisiez que nos appareils sont exceptionnels. Pourtant les équipements qui servent à enregistrer les passages audio sublimes, qui seront ultérieurement écoutés sur ces chaînes hi-fi, sont eux beaucoup plus sobres en apparence et aussi, voir même, plus performants que ces squelettes ambulants...

vendredi 22 mars 2013

À quoi ça sert les écoles de photo?

photo Martin Benoit
En tant que coordonnateur du programme de Photographie du cégep du Vieux Montréal, je suis sollicité presque sur une base quotidienne à justifier notre offre de formation.

À quoi ça sert une école de photo dans le contexte d'Internet et de la démocratisation de la photographie numérique? Il y a de très, très excellents photographes qui gagnent bien leur vie, qui ne sont jamais allés dans une école de photographie et qui n'auraient probablement rien à gagner à y aller. Il y a tous les autres qui auront à découvrir par eux-mêmes plusieurs facettes de la profession à leur frais sur le terrain. C'est aussi une excellente école de se faire mal, car souvent on s'en souvient plus profondément.

Contrairement à l'époque argentique, où plusieurs sous-secteurs d'apprentissage nécessitaient des équipements spécialisés non domestiques, l'école pouvait être un passage obligé pour, par exemple, apprendre à imprimer couleur à partir de négatifs. Rare sont ceux qui l'on apprit dans leur sous-sol.

L'école est devenue un choix d'apprentissage parmi d'autres options. L'école nous force à essayer des volets de la photo que peut-être nous n'aurions pas osé essayer par nous même et des fois nous font découvrir des aspects de notre personnalité ou de la profession insoupçonnés.

Ces temps-ci un débat se développe sur Internet relativement à l'usage de Instagram dans le secteur du photojournalisme. Est-ce que les photojournalistes devraient utiliser Instagram ou non et dans quelle mesure l'approche académique du photojournalisme incorpore les avantages d'Instagram? Les vieux routiers semblent désapprouver l'usage de filtres Instagram dans ce secteur. A-t-on besoin d'aller à l'école pour comprendre qu'aujourd'hui dans le domaine de l'actualité il est inacceptable d'altérer une image à l'aide de filtres pour la rendre plus « intéressante »? Dès fois l'école peut servir à nuancer ces concepts et instaurer de bonnes pratiques. De plus, l'école peut sensibiliser les photographes aux notions de licence d'utilisation, chose qu'un autodidacte découvrira peut être sur le tard et entre-temps pourra avoir créé de curieuses attentes chez les clients.

L'école c'est un style d'apprentissage et en attendant le jour où les fédérations et associations exigeront des diplômes pour pratiquer (comme c'est le cas en médecine et autres domaines similaires), la diplomation et le passage par l'école resteront un choix personnel. Quand et si ce jour arrive, sera-t-il souhaitable?

mardi 19 mars 2013

Photographe pour le CCA


Le Centre canadien d'architecture est à la recherche d'une personne pour son service photographique.

Pour plus d'information ou envoyer votre CV, communiquez avec:

Elspeth Cowell
Chef, Services à la Collection et aux Programmes

vendredi 15 mars 2013

Combien paie-t-on les photographes enfin dévoilé.

Un site permet de dévoiler anonymement son salaire de photographe-pigiste ou non.
J'en ai vérifié quelques-uns dont je connaissais la rémunération et ça semble juste.
Mythes ou légendes le salaire des photographes aujourd'hui?

Il est clair aux yeux de mes étudiants que c'est un domaine à clarifier.
Très peu de données existent sur le sujet. Statistique Canada présente une étude aux cinq ans et il faut vraiment savoir comment extraire les données du site pour en tirer des conclusions valables.
De plus, la profession évoluant tellement rapidement ces dernières années, que l'on questionne la pertinence des données qui ont déjà 5 ans.

samedi 9 mars 2013

Excellente conférence © et contrat

Jeudi soir dernier avait lieu la conférence CAPIC où André Cornellier, Francis Vachon, Kim Giroux et Christiane Valcourt ont apporté les nuances aux conséquences de la nouvelle loi sur le droit d'auteur et les conséquences pour nous photographes. En gros, la nouvelle loi rend plus "normal" le fait de vendre une licence d'utilisation, car par défaut le client n'a plus le droit d'utiliser l'image, il doit prendre une entente l'autorisant, le droit d'auteur étant par défaut au photographe et non pas à celui qui en fait la commande. Le photographe vend maintenant de la production et des licences d'utilisation. Pour plusieurs, c'était déjà la situation. La nouvelle loi rend la procédure plus "naturelle".

André Cornellier a travaillé à cette question depuis les dernières vingt années et sa compréhension est très limpides du volet législatif ce qui nous a permis d'y voir clair. C'est très agréable quand l'information provient d'un travailleur sur le terrain. De même avec Francis, nous avons eu la surprise de découvrir son flux de travail lors de poursuites gagnantes pour usages non autorisé de ses images sur Internet. Une logique implacable, structurée et efficace. L'audience était captive. Kim et Chrisitane nous ont donné des exemples dans leur pratique quotidienne des stratégies d'"éducation" des clients afin qu'ils comprennent et acceptent les réalités du nouveau droit d'auteur.

C'est aussi à ça que ça sert les associations, partager et synthétiser les stratégies de travail pour améliorer les pratiques de la profession.

Hier, j'ai proposé le gabarit de la CAPIC comme modèle de contrat et offre de service à mes étudiants finissants dans le cadre du cours Mise sur pied d'une entreprise. Une fois nuancé, le contrat n'est pas si complexe et constitue une bonne base de travail et habitue le client à une rigueur professionnelle. Pour un étudiant toute cette bureaucratie et formulation législative peut sembler décourageante. Il faut nuancer et faire comprendre comment ces outils s'utilisent à géométrie variable selon les cas. C'est aussi à ça que ça sert les écoles.


dimanche 3 mars 2013

À quoi ça sert les fédérations?

capture d'écran du vidéo de La Presse
 La FPJQ dénonce l'attitude de la police envers un caméraman.

Ça sert à ça entre autres. Faire un lobby en faveur de ses membres pour améliorer les conditions de la profession et éviter les abus.

La FPJQ défend souvent les cas d'abus envers les reporters.
La CAPIC lutte pour le droit d'auteur au nom de ses membres.
La NPPA lutte et dénonce les lois abusives contre les photographes.

Une fédération c'est plus fort qu'un individu et ça force les interlocuteurs à écouter un peu.
Est-ce que ça va changer quelque chose à court terme, je ne sais pas, mais ça rend la vie compliquée à ceux qui se pensent imputables. Dans ce cas du caméraman de La Presse, ce qui me choque le plus après la bousculade inutile, c'est le fait que le responsable média tutoie le caméraman. De la part d'un policier, ce n'est pas acceptable selon moi et surtout envers un professionnel de l'information qui « sert et protège » (du moins, c'est le mandat théorique de l'information). Est-ce parce que le caméraman semble jeune? Ça ne devrait rien changer dans le respect. Quelle sorte de respect peut-on attendre de quelqu'un qui ne te respecte pas minimalement dans la formulation? Je me demande s’il se serait adressé à moi de la même façon. J'ai remarqué, depuis quelques années, que les policiers avaient tendance à toujours me vouvoyer dans les manifs. Ma calvitie, mes rides?... Que le policier ait tort ou raison, ce n'est pas une dynamique acceptable entre professionnels. J'ai hâte de voir ce qu'il sortira de cette « enquête » s’il en sort quelque chose.