jeudi 20 décembre 2018

Le bokeh iranien de Noël 2018

bokeh à la MC Zenitar-M2s 50mm f2. photo Martin Benoit
Joyeux Noël!

J'ai finalement fait un pacte avec le lutin pour qu'il laisse mes posemètres tranquilles quelques temps.
Il a accepté de poser pour ma carte de Noël.

Depuis que j'ai lu l'article de Petapixel sur le bokeh iranien, j'ai été à la recherche de cet objectif Zenit modifiable.

Les objectifs Zenit 50mm ne sont pas rares au Québec. L'appareil Zenit était vendu par tous les magasins de photos bon marché. Le problème, c'est que cette version des Zenitar 50mm a des éléments arrière collés qui ne s'inversent pas...
Selon la recette du photographe iranien, il faut inverser le doublet juste derrière le diaphragme et refermer le tout.  La version de l'objectif qu'il utilise pour sa modification est une version européenne qui n'était pas distribuée ici.

J'ai donc tenté ma chance chez le revendeur iranien de matériel photo/ciné usagé de la rue  Mont-Royal coin St-Urbain. Comme de fait, il avait cette version du fameux objectif. Il me l'a malheureusement vendu plus cher que ce que valait la caméra et l'objectif à l'époque...
On est commerçant ou on ne l'est pas.

Après avoir fait l'intervention chirurgicale, il me restait à monter cet objectif à monture à pas de vis 42mm sur ma A7sII. Un convertisseur M42 vers Leica 39mm, suivi d'un convertisseur Leica 39mm vers Leica M, jumelé à un convertisseur LeicaM vers SonyE. Des fois ça sert de garder ses vielles bagues de conversion que l'on croit inutiles.

Il faut savoir que cette solution a une énorme perte de contraste.
Les rayons lumineux sont tellement égarés, qu'ils polluent les noirs de façon terrifiante.
La section "nette" n'est qu'au centre et encore. Un bon coup de courbe dans Lr est nécessaire.
Plus on ferme le diaphragme, plus la zone nette agrandit au détriment du bokeh magique.

Bonnes Fêtes!

dimanche 16 décembre 2018

Zimbelism un film sur un montréalais d'adoption

Le 20 décembre au collège Marsan aura lieu la projection du film Zimbelism portant sur la vie de George Zimbel un photographe montréalais qui a documenté des grands moments de l'histoire américaine.

Réalisé par Jean-François Gratton et Matt Zimbel.

Plus d'informations sur le site Facebook du film.

Le Sekonic Studio Deluxe II n'impresionne pas les lutins

   
Sekonic Studio Deluxe II. photo Martin Benoit
Ce posemètre Sekonic est peut-être le posemètre dont la popularité a perduré le plus longtemps. Fabriqué depuis 1957 avec l'incarnation du L-28, il est toujours disponible en magasin.

Un posemètre au sélénium (cellule qui génère sa propre électricité sans batterie), avec toutes les qualités de cette technologie et ses défauts. Dans le cas du Studio Deluxe II L-398M, la cellule étant environ la taille d'un 5 cents, nous nous retrouvons avec un posemètre qui est très peu sensible à l'intérieur. Par contre, sa précision et versatilité d'emploi (cinéma et photo) en on fait un posemètre de choix pour celui qui avait un petit budget. Ce posemètre a toujours coûté environ le quart de ses contreparties "professionnelles" comme le Spectra. Pour un quart du prix vous aviez un posemètre qui répondait bien, mais qui nécessitait un peu de manipulations et de calculs. Le Spectra affichait directement l'ouverture de diaphragme pour 1/48e (24 ips) pour n'importe quel film (des grilles perforées pour tous les ISO étaient fournies de sorte à obtenir des lectures directes en f ).

Relativement petit et bon marché, c'est probablement le meilleur rapport qualité/prix/longévité. Comme tous les posemètres, le secret du succès (bonne exposition) est de bien connaître le comportement du posemètre pour une pellicule donnée. La grande majorité des posemètres décents exposent très bien quand on a pris la peine d'explorer les limites et le comportement de l'appareil pour une pellicule/révélateur/etc.

jeudi 13 décembre 2018

Le posemètre Bertram étudié par le lutin

Le Bertram Electro Bewi Standard. photo Martin Benoit
Un des posemètres qui m'a pris le plus de temps à comprendre est cette version allemande du Electro-Bewi. Un posemètre d'après-guerre (1946) complètement en allemand utilisant les degrés Scheiner comme unités de sensibilité de film.

détail du Bertram. photo Martin Benoit
Ce posemètre utilise une cellule au sélénium comme beaucoup de posemètres de l'époque. Il n'y a aucune batterie dans le posemètre car la cellule produit sa propre électricité. C'est un posemètre écoresponsable... Comme particularités intéressantes, on remarque un cône télescopique qui sert de par-soleil afin d'éviter de mesurer la lumière latérale ainsi qu'un second posemètre à extinction à l'arrière. Le cône télescopique qui s'ouvre lorsque l'on déplie de posemètre, sert à éviter que la cellule lise trop la lumière latérale et le petit trou d'aiguille à l'arrière du posemètre, sert à y mettre son oeil quand il fait trop sombre et que le posemètre ne lit rien du tout. À travers ce petit trou, on peut y lire des chiffres. Le chiffre le plus gros que l'on réussi à lire est reporté sur le tableau avant et on obtient des réglages pour notre appareil.

Cette technologie de mesure de la lumière par "extinction" a surtout été populaire dans les posemètres Leudi que l'on retrouvait quelques fois construits à même certains appareils photo. Un système sans cellule qui n'utilise qu'une panoplie de filtres neutres.

La mesure de la lumière reste une problématique propre au fait que ces calculs doivent être faits avant que la photo soit prise de sorte à bien régler l'appareil. Aujourd'hui, avec les mirrorless qui sont constamment en train de prendre une photo pour nous montrer le cadrage, le problème en n'est plus, car nous pouvons évaluer en temps réel sur écran le résultat de nos réglages. Il n'y a que la photographie au flash en studio qui constitue encore une "surprise" pour le capteur.

On verra comment les flashmètres réussissent cette acrobatie de calculer la puissance et la durée d'un éclair.

dimanche 9 décembre 2018

Le posemètre Weston Master III retrouvé par les lutins

 
Weston Master III modifié. photo Martin Benoit  

Les sacrés lutins ont trouvé mon très vieux Weston Master III qui a été modifié à la main pour lui ajouter une échelle des zones.

Si vous avez été un fan d'Ansel Adams dans les années 70-80, le Weston était l'un de ses posemètres favoris même si ce n'était pas un spotmètre. Beaucoup prirent connaissance de cet excellent posemètre, qui était disparu depuis plusieurs années. Adams l'a fait ressortir de ses cendres.

Je crois que j'en suis à mon quatrième, les trouvant pour autour de 10$ dans les marchés aux puces. La très grande qualité de ce posemètre est son énorme cellule au sélénium encore plus grande que celle du Spectra. Donc, une grande sensibilité par faible éclairage et dans son cas, un galvanomètre à grande course pour lire les ouvertures avec précision.

Contrairement aux Spectra et Sekonic, à qui on devait ajouter une grille perforée par trop forte illumination, le Weston possède sa propre grille escamotable sur penture. Impossible d'oublier la grille ou de la perdre. Posemètre sous-estimé et sous-connu, il valait 29,67 U$ en 1947 chez Montgomery Ward. C'était leur posemètre le plus cher à une époque où un appareil monorail 4x5 Graphic View et objectif 203mm valait 207 U$. Ce 4x5 était leur appareil photo le plus cher de tout le catalogue.

Merveilleusement, il fonctionne encore et je n'ai pas de problème à encore trouver des piles, car il en n'utilise aucune étant au sélénium et produisant sa propre électricité. Je ne pourrai pas en dire autant du posemètre de ma Sony A7 dans 70 ans...

Si vous vous cherchez une petite décoration pour votre studio, eBay en est rempli pour pas cher.

samedi 8 décembre 2018

Un film hollywoodien filmé uniquement à la Sony A7SII

Il semblerait que ce soit la première fois qu'un film à semi-gros budget soit entièrement filmé à l'aide d'une caméra de si bas prix.

On ne comprend pas parfaitement le flux de travail, mais reste que c'est le capteur de l'appareil qui a construit l'image.

Ce que je conclus de cette expérience, c'est que bien encadré l'appareil peut fournir des résultats très présentables. D'autre part, la qualité d'un produit final dépend d'une multitude d'autres facteurs qui eux ne sont en rien reliés à l'appareil. Qualité de l'histoire, éclairage, acteurs, mouvements de caméra, montage, etc.

C'est quand même incroyable que l'on soit rendu à ce niveau de qualité pour le prix.


jeudi 6 décembre 2018

Le spotmètre V de Pentax entre les mains des lutins

Pentax Spotmeter V et lutins. photo Martin Benoit



Fin des années 70, début 80 le Pentax Spotmeter V est devenu l'outil de référence si vous étiez un dévot du système des zones. Avec la popularité croissante de la photographie préméditée et super contrôlée à l'aide des chambres grand format, le spotmètre de 1 degré Pentax était le seul outil abordable. Minolta avait une version, mais beaucoup plus rare; le Auto Spot 1 degré. Une version avec affichage aux diodes a suivi.

Le faible champ de 1 degré permettait de "prévisualiser" le rendu des images si vous étiez "calibré". Gros mot pour décrire une série de tests qui permettaient d'établir le comportement des émulsions, révélateurs, papiers et agrandisseurs.

L'apparition des appareils avec posemètres spot (Nikon 801s) a tranquillement rendu désuet ce posemètre ainsi que la désillusion de la pertinence de développer un rouleau entier en fonction du contraste d'une scène.

À l'apogée de son utilisation, une compagnie (Zone V) pouvait vous le rendre linéaire, de sorte qu'il réponde uniformément à toutes les couleurs et aussi adapter les roulettes aux langages du système des zones.

mardi 4 décembre 2018

Les lutions ont malheureusement découvert mon Spectra Combi 500

Le Spectra combi 500. photo Martin Benoit
J'espérais que ce jour tarde. Les malins lutins sont tombés sur mon vénérable Spectra combi 500.
Encore une fois, ils n'ont pu s'empêcher de faire leurs bruits caractéristiques de lutins et ainsi j'ai pu les saisir en flagrant délit.

Le Spectra combi 500 est le posemètre d'Hollywood. Il était utilisé par les directeurs photo et les chefs électriciens d'Hollywood pour sa précision, sensibilité et linéarité en fonction des couleurs.
Principalement équipé d'une très grande cellule au sélénium (sans piles), il permettait des lectures fidèles même par faible niveau d'éclairage. La version "combi 500" ajoutait à la grande cellule au sélénium une petite cellule au sulfure de cadmium (cds) qui elle, nécessitait une pile, mais augmentait considérablement sa sensibilité.

On pouvait l'acheter en pair calibré. Le second exemplaire identique servait de remplaçant en cas de défaillance de l'appareil. Dans le secteur de la photographie, l'appareil n'était par trés répandu même si une sonde pour verre dépoli existait en tant qu'accessoire. C'est vraiment dans le monde du cinéma américain que cet appareil a connu ses heures de gloire.

C'est la venue du Minolta III qui sonna le gla du règne des Spectra.

lundi 3 décembre 2018

Les lutins et le Chronopose Universel de Georges Brunel

Lutins avec le Chronopose Universel de Georges Brunel. photo Martin Benoit

Quand le mois de décembre arrive, je crains toujours le désordre que les lutins vont causer la nuit quand ils sortent des boîtes de décoration de Noël.

Le problème, c'est que je remise mes objets "précieux" dans le même garde-robe que les décorations. La nuit dernière, j'en ai capturé deux avec mon téléphone qui s'amusaient avec mon très fragile Chronopose.

Le Chronopose Universel est un posemètre en papier qui permet d'établir l'exposition d'un sujet en fonction de diverses variables. Il a été calculé par M. Georges Brunel il y a très, très longtemps. Autour de 1900, semble-t-il.

Avant les cellules photoélectriques, il fallait se fabriquer un système de référence de sorte à systématiser la façon d'exposer. Plusieurs solutions ont été déployées dont le fameux Posographe sur lequel j'ai publié un billet il y a quelques années. Si vous en trouvez un et que vous voulez me faire un cadeau, vous connaissez mon adresse.
détails du Chronopose, numérisation par Martin Benoit

dimanche 30 septembre 2018

Quand est-ce qu'une révolution photo a lieu?

À travers l'histoire de la photographie, plusieurs moments ont été charnière dans la mesure où ils ont transformé le geste photographique et sa résultante.

-Pour n'en nommer que quelques-uns prenons l'invention du fixage qui a rendu l'image photographique permanente.

-L'utilisation des sels d'argents et leurs diverses combinaisons qui ont permis des ISO plus élevés et la possibilité de saisir la vie en mouvement.

-La création du négatif qui a permis la multiplication des positifs identiques.

-L'invention du support souple pour produire un rouleau de pellicule qui a permis à l'amateur de charger un appareil et de prendre plusieurs photos sur un même chargement. En passant c'est l'invention de George Eastman (Kodak) et c'est ce qui a démocratisé la photographie à un large public.

-La miniaturisation des appareils de sorte a faire de la prise de vue plus rapidement et moins de façon ostentatoire, qui a permis la photo de rue. Je pense ici au 35mm de Leica et la suite de l'histoire.

-L'invention de la pellicule couleur qui a permis à l'amateur de faire ses propres photos couleur.

-L'invention des posemètres portatifs et des flashmètres qui a amélioré la justesse de l'exposition

-L'invention de la pellicule instantanée qui a permis de voir et partager le résultat une minute après la prise de vue.

-La possibilité de faire des prises de vues à cadence élevée 5 ips et plus qui a permis d'enfin voir le moment décisif en sport.

-La création d'objectifs zoom qui a permis de trimbaler moins d'objectifs et d'obtenir la composition recherchée d'un point de vue spécifique sans compromettre la composition en se déplaçant, car on n'a pas la focale exacte pour le cadrage et l'organisation spatiale recherchée.

-La création d'objectifs super lumineux qui a permis de faire des photos dans des contextes où l'absence de lumière l'interdisait.

-L'invention du flash électronique.

-L'apparition du flash électronique portatif qui a permis de faire des photos de qualité technique dans des conditions défavorables.

-L'implantation d'automatisme d'exposition qui a permis d'obtenir des photos bien exposées rapidement.

-L'apparition d'appareils réflex qui nous permet de voir précisément le cadrage ainsi que la profondeur de champ de la prise de vue. Cette technologie a rendu possible l'usage d'objectifs de courte et longue focale sur un même appareil.

-La création de la cartouche 126 qui a contribué à encore démocratiser la pratique de la photographie avec un chargement plus simple dans des appareils très faciles d'utilisation.

-L'apparition de la photographie numérique, qui a permis de voir et partager les résultats quasi instantanément à peu de frais et d'en faire des reproductions à l'infini.

-Les progrès d'Internet et des réseaux sociaux qui ont modifié la façon dont nous partageons et consommons les photos.

-L'apparition de drones photographiques abordables qui nous a permis de voir le monde différemment.

-L'impression numérique domestique qui a démocratisé l'impression d'images.

-L'insertion d'un appareil photo de "qualité" dans les téléphones qui a permis au reste de la population de faire ses propres captations photo et vidéos "sans frais" et avec très peu d'expertise technique.

En gros ce sont les grands bouleversements des 170 dernières années de la photographie.

À la fin de l'époque argentique, on disait souvent que le seul grand avancement technologique des 50 dernières années était l'apparition du film T-Max (les films à grains tabulaires en général) qui avait été la dernière révolution. Quelle révolution? Aujourd'hui, ceux qui retournent à l'argentique le font souvent sur le prédécesseur au T-Max, le Tri-X... Et vlan pour la grande révolution.

Il y a eu plein de petites révolutions qui ont mené à la photographie telle qu'on la connait aujourd'hui.

Pour n'en nommer que quelques-unes,

-L'introduction du mode vidéo dans les appareils photos.

-L'introduction d'un module wi-fi dans un appareil

-L'augmentation des ISO

-La stabilisation des capteurs et des objectifs.

-L'augmentation de la résolution des capteurs.

-La baisse de prix des appareils numériques.

Est-ce que la nouvelle brassée des appareils mirrorless fait partie de ces microrévolutions et changera-t-elle quelque chose dans notre mode de vie de photographes et dans les résultats que nous obtiendrons?

Panasonic est le dernier à avoir fait son annonce de full frame mirrorless avec la Lumix S1 et S1R. Comment discerner entre une hype temporaire et une vraie microrévolution?

Selon moi, les jours du miroir étaient comptés depuis plusieurs années. Le point faible de cette révolution était la qualité des viseurs et de la communication entre le capteur et l'affichage numérique qui limitait cette transition. Quand on y pense bien, le miroir et ses acolytes (l'obturateur, le miroir secondaire, le verre de visée, le pentaprisme, etc.) sont un cauchemar de fabricant, même s'il gère cette situation depuis plus de 50 ans. Nous sommes dans le domaine de l'horlogerie mécanique et tout ce que ça implique. Combien d'appareils professionnels sont devenus désuets car l'obturateur faisait défaut et que les coûts de remplacement ne justifiaient pas cette ultime chirurgie. On parle d'usage pro où 150k clics n'est pas rare. De plus, le temps de faire ces 150k clics, votre appareil n'était plus à la mode. Pourquoi les appareils pros sont-ils si dispendieux, en cette ère où tout ce qui est informatique baisse de prix? Peut-être que ce n'est pas uniquement une question informatique.

Le mirrorless simplifie énormément ce qu'est un appareil photo en le déshabillant de quasi tout ce qui reste de mécanique dans un appareil. Il ne reste que l'obturateur dans certains cas et le mécanisme de mise au point et de fermeture du diaphragme. On ajoute des interrupteurs pour plaire à l'interaction physique avec l'appareil, mais on peut très bien s'en passer quand on pense à l'absence d'interrupteurs traditionnels dans les appareils touch screen.

La révolution théorique de ces appareils serait :

-baisse significative du prix des appareils

-diminution de la taille physique des appareils

-appareils plus légers

-diminution, voir disparition du bruit de la prise de vue.

-compréhension du résultat dans le viseur, profondeur de champs vraiment affichée ainsi que l'écrêtage, etc. Donc meilleure exposition directement dans le viseur.

-possibilité d'objectifs plus lumineux moins cher car plus simples de construction (qui vivra, verra...)

-grande possibilité de passer d'une marque d'objectifs à une autre avec des conversions minimales. Donc, démocratisation de l'usage des objectifs comme un peu à l'époque de la norme de monture 42mm (Pentax, Practika, Exacta, Yashica, Zenit, Argus, Fuji, Vivitar.... ). J'ai bien connu cette époque et j'ai toujours lutté contre la monture propriétaire même si elle a de merveilleux avantages.

Les autres caractéristiques que l'on retrouve dans ces appareils ne sont pas spécifiques au fait qu'ils n'ont pas de miroir, par exemple, la stabilisation des capteurs et autres innovations.

Ce ne sont pas les appareils qui font les photos, mais plutôt les photographes. Allons-nous voir une nouvelle génération d'images issues de ces appareils qu'il nous aurait été impossible auparavant de voir? J'en doute personnellement, sauf en ce qui a trait aux avantages de la prise de vue totalement silencieuse.

Je discutais avec un photographe de La Presse Canadienne, qui utilisait le mode totalement silencieux de son appareil lors du débat des chefs et qui, lui aussi, était fasciné par les possibilités de ce mode. C'est pour moi un des grands avantages de cette technologie. Une technologie d'hypocrites?

Sony passe la remarque suivante dans son manuel d'instruction concernant ce mode:

Il est de votre responsabilité d’utiliser la fonction [ Pr. de vue silenc.] en tenant suffisamment compte du respect de la vie privée et du droit à l’image du sujet.


Les téléphones sont totalement silencieux depuis quelques années. Où est la différence? La différence c'est que l'on fait de la photo à 46 mp full frame en silencieux. Parlez-en aux photographes de plateau qui ont trimbalé des blimps à 2000$ depuis des années pour faire leurs photos. Le son des appareils est le témoin final que le geste photographique a eu lieu pour le sujet. C'est la confirmation et cette confirmation disparait. Combien de photos ont été prises? Quand ont-elles été prises? Quand on filme quelqu'un en complicité, le sujet sait que toutes les secondes sont enregistrées et seront peut-être utilisées. Quand on photographie silencieusement, le sujet et confus et surpris et nous sommes surpris de s'autoriser plus de prises de vues, car ultimement nous "dérangeons" un peu avec notre bruit qui nous limite un peu dans notre geste de "saisir" la bonne expression. Le silence libère le photographe.

Sony est conscient de la polémique entourant ce silence et en avertit les utilisateurs. Le studio avec ses puissants flashs électroniques cré cette limite. Quiconque a fait du portrait à la génératrice est conscient des limites de cette approche. En plus d'indiquer très clairement le moment de la prise de vue, vous devez attendre avant le prochain clic la recharge. Dans le cas des appareils moyen format, le temps de transfert constitue aussi un obstacle. La prise de vue lumière du jour combiné à un appareil silencieux, libère le photographe de ces contraintes.

Dans quelle mesure est-il important d'indiquer au sujet que c'est à ce moment précis que nous prenons la photo?

Un grand portraitiste, dont j'oublie le nom, avait installé deux obturateurs sur sa chambre grand format et déclenchait le faux obturateur en premier et le vrai en second, car il avait remarqué que les sujets étaient un peu plus détendus après ce qu'ils avaient perçu comme étant le moment de la prise de vue. En étant totalement silencieux, maintenons-nous la "tension" photographique chez le sujet? il faudra demander aux sujets ce qu'ils en pensent.

Le mirrorless n'est pas significatif pour tout le monde, comme le full frame ou le moyen format. Il faut se questionner sur ce que l'on fait et quels sont nos besoins réels dans notre pratique. C'est une vieille histoire et espérons que les manufacturiers ne jetteront pas le bébé avec l'eau du bain et que nous conserverons des appareils qui auront une certaine pérénnité, ce qui me semble le problème le plus important ces dernières années. L'obsolescence des appareils est inacceptable selon moi et si on veut parler de révolution, l'appareil le plus révolutionnaire des dernières années a probablement été le Canon 5D mkII, qui a encore sa place dans le marché professionnel et qui fonctionne toujours et qui fut abordable dès le jour 1. Je ne crois pas qu'il y ait eu des appareils numériques qui ont si bien traversé le temps. Quelle était la révolution de la 5D mkII? Des petites choses, un prix un peu plus bas, une fonction vidéo que d'autres avaient introduite auparavant, un full frame déjà existant, rien de très spectaculaire, mais c'est cet appareil qui a permis à beaucoup de photographes professionnels de se maintenir compétitifs dans cette profession où l'investissement technologique est toujours en conflit avec les profits qui sont nécessaires à la survie.

Nous avons été très chanceux lors de notre révision de programme d'investir dans un grand parc de 5D mkII à une époque où les appareils vivaient le temps des roses. Personne n'avait une boule de cristal pour prévoir le futur. Nous prêtons toujours ces appareils aux étudiants avec un sentiment que les résultats sont toujours instructifs.

Voyons tout ça comme la mouvance technologique chaotique de la photographie et attendons avant d'en juger ou prédire l'impact final.









mercredi 5 septembre 2018

NIkon Z et Canon EOS R, première lecture

Nikon Z7. photo Nikon
Comme plusieurs, j'ai lu l'annonce de Nikon concernant leur "révolution" Z. Il y a aussi le PDF des ingénieurs disponible. De plus Canon répond par la nouvelle famille R à 2300 U$ pour le boîtier.

Voici ma première impression suite à ces lectures. La Nikon Z7 plus studio et la Z6 plus reportages/photojournalisme.

D'un point de vue professionnel, il faut comparer ces appareils à leur compétition, soit dans le cas du Z7, c'est la Sony A7rII, NIkon D850 ou la Canon 5DS et dans le cas du Z6, la Sony A9 ou la Canon 1Dx mkII ou Nikon D5.

La première très bonne nouvelle ce sont les prix. Je me serais attendu à des prix plus élevés de 500-1000$ de plus. Il faut dire que ce sont des prix U$ qui sont mentionnés.

Pourquoi la numérotation 6 et 7? Est-ce pour faire suite au D5?

La deuxième bonne surprise, c'est le diamètre de la monture. Nikon avait besoin d'une grande monture depuis très longtemps. Les objectifs lourds causent un stress énorme sur les montures. J'ai du remplacer des montures Nikon sur des F5 (le plus costeau des Nikon) après des chocs sur des 70-200 à deux reprises. Aussi sur un Nikon F, qui faussait une 24mm. Je n'ai jamais vu une monture Canon se faire déformer, ça ne veut pas dire  que ça n'arrive pas. Canon a introduit sa monture EOS fin 80 et il le fallait. Nikon est la plus petite monture sur le marché. Ils l'ont probablement conservée à des fins de compatibilité avec leurs vieux objectifs tandis que Canon a sacrifié de satisfaire ses utilisateurs déjà équipés.  Aussi, cette énorme monture (55mm diamètre intérieur, plus grand que celle de Sony E), permettra de créer des optiques plus simples, plus lumineux et avec de meilleurs autofocus.

Troisième bonne nouvelle, l'ergonomie semble parfaite, fidèle à la tradition Nikon. Chez Canon, c'est un nouveau concept.

Première mauvaise nouvelle, pour un pro, c'est la faible longévité annoncée des piles. 310 photos CIPA c'est très peu. Chez Canon, 350 photos. C'est comme les Sony A7sII ou A7rIII. La Sony A9 prétend à ..... photos. Peut-on alimenter l'appareil via le port USB comme les Sony, je ne sais pas. Chez Canon, oui.

Première interrogation, quel est le débit des données en mode vidéo? Ce n'est pas mentionné, mais les utilisateurs s'attendent à du 100mb/sec et du 4-2-2 10 bits. On sait que c'est du H264 comme stratégie de compression. Que sort-il vraiment du port HDMI? en terme de compression et débit? Chez Canon, il semble qu'en vidéo on tombe en crop sensor de 1,7x... On perdrait le full frame?

Deuxième mauvaise nouvelle, il n'y a pas de face detection focus tracking. Ce n'est pas un jouet pour amateur cette fonctionnalité. C'est très commode en mode reportage run n gun, malgré les défaillances occasionnelles. Canon 7D mkII a un système avancé de mise au point en vidéo et suivie des sujets. Sony est excellent aussi. La mise au point automatique a toujours été un point faible chez Nikon en comparaison avec Canon.

Les nouveaux optiques disponibles et à venir. La première palette est un peu minimale et je n'ai pas étudié les prix. L'an prochain on vise les focales fixes très lumineuses. Comment vont-elles se comparer à la famille Art de Sigma? Sigma doit avoir dans ses poches des versions Nikon Z et Canon R prêtes.

Dans l'immédiat, il faut acheter le convertisseur FTZ et utiliser ses "vieux" optiques. Sont-ils aussi performants au niveau autofocus que sur un boitier natif? Selon les ingénieurs il n'y aurait pas de perte.

Spéculation intéressante: Metabone doit travailler sur un convertisseur Canon/Nikon Z et ça ça sera très intéressant, s'il est performant. Ce sera la première fois qu'un convertisseur Canon/Nikon n'impliquera pas de lentilles et pourra tirer avantage de la qualité optique de Canon. Par contre, il faudra déployer une communication électronique de première classe afin que l'autofocus fonctionne très bien. Si ce Metabone produit de bons résultats on verra peut-être des gens faire le saut vers Nikon plutôt que Sony. Reste que la Sony A9 est une bête difficile à battre et d'ici là il y aura probablement une Sony A9 II.

Pour ce qui est du reste, ce sont des caméras mirrorless avec des fonctionnalités prévisibles compte tenu des technologies présentement disponibles chez la compétition (Sony). Stabilisation capteur 5 axes, wi-fi, touch screen, etc. En théorie, Nikon a toujours su comment bien exploiter un fichier RAW. Les mêmes capteurs Sony sur du Sony versus du Nikon et Nikon produisait un meilleur fichier. Ce sera à valider. Oups, chez Canon on ne parle pas de stabilisation capteur...
Canon EOS R. photo Canon USA


La version Canon R, utilise une monture 1 mm plus petite (54 vs 55), mais une distance monture/capteur un peu moins courte que Nikon (20mm vs15mm). En gros, ça permettra aux deux manufacturiers de fabriquer des grands angulaires plus simples, car non retrofocus pour laisser place au miroir. Des optiques plus lumineux qui ne vignetteront pas, par opposition à la Noctilux f1,0 de Leica qui vignette à pleine ouverture. En théorie ces optiques devraient être un peu moins chère que ce à quoi on pourrait s'attendre, considérant leur simplicité relative.

Le White Paper est disponible ici pour la R de Canon.

Canon semble promouvoir un système de communication plus rapide entre l'objectif et la monture afin d'accélérer l'autofocus et la stabilisation objectif. Tout ça reste à être valider sur le terrain. Un point intéressant chez Canon, est qu'ils offrent une bague d'adaptation pour utiliser les objectifs "classiques" qui se nomme la Control Ring, permettant de contrôler l'ouverture de diaphragme via une bague au lieu d'une molette. Comme dans le bon vieux temps... Une autre bague d'adaptation permettra d'insérer un filtre. C'est quelque chose que l'on retrouve sur les longs téléphoto et certains fisheye. C'est une solution intéressante, car le filtre est moins sujet aux flare et est plus petit (moins cher).

Au niveau résolution, Canon propose une 30,3 mp versus Nikon Z6 (24mp) et Z7 (46mp). Un compromis pour une premier appareil. Nous savons tous que les mp ne sont pas nés égaux et que dans cet ordre de résolution il faut voir les fichiers pour juger. Un nouveau capteur associé à un nouveau processeur peut faire des merveilles. Il faudra voir de vrais fichiers.

Au niveau de l'ergonomie, Canon semble avoir réinventé l'appareil. On peut avoir l'impression au premier coup d'oeil d'avoir affaire à un Rebel aux hormones avec un nouveau bouton/glissière qui permet d'accéder aux menus rapidement. Peu de boutons physiques. Un tilt screen, des cartes SD. Les spécifications vidéos semblent quasi identiques à Nikon. En 4K, la caméra peut monter à 480 mbps, faire du 4-2-2 en 10 bits. Chez Canon, on offre une technologie d'affichage de la mise au point particulière lorsque l'on fait la mise au point manuellement. C'est le Dual Pixel Focus Guide. Un système de symboles qui indiquent si la mise au point est trop proche ou trop loin. Il me semble que lorsque l'on a accès à un moniteur vidéo, c'est souvent évident. Il faut l'essayer, c'est peut-être intéressant.

Lors du lancement, Canon offre quelques optiques de base dont une 32mm f1,8 et une 24-70 f2 fixe, une 24-105 f4 pour vendre en kit et une 50 f1,2.  Je remarque ici la 32 f1,8. C'est étrange comme cette focale est populaire depuis des années. À l'ère de l'argentique et des focales fixes, nous n'étions pas très excités par les focales autour de 30mm. C'est une focale qui a dû prendre presque 100 ans avant de vivre ses heures de gloire.

Vive la compétition, ça fait réfléchir et travailler les fabricants. Sont-ce des pas en avant du point ce vue photographique? Allons-nous avoir en main des outils permettant de faire des photos différentes ou de vivre une autre expérience?

En gros, c'est ma compréhension de ces nouveaux venus. Il faudra les utiliser pour se faire une vraie idée, car tout ça c'est de la théorie et la pratique peut-être surprenante. Je ne cesse de réaliser les réalités de vivre avec une mirrorless (Sony A7sII) dans mes situations réelles d'utilisation telles que je me les impose.

jeudi 30 août 2018

La dure réalité de vivre non connecté avec une Sony A7SII

C1, C2 et C3 personnalisable. Photo Martin Benoit
La réalité me rattrape et le rêve s'estompe un peu. Vivre avec des objectifs non électroniquement reliés au boîtier à son prix sur une A7SII. Même si ces objectifs sont parmi les meilleurs.

Quelques exemples de réalités à affronter. Lorsque vous changez d'objectif, il est important d'aller indiquer manuellement au boitier quelle est la focale que vous utilisez de sorte que le système de stabilisation du capteur se comporte adéquatement. À cette fin, j'ai assigné le bouton C2 près du déclencheur à cette tâche au lieu de naviguer un labyrinthe de menus. Reste qu'il ne faut pas oublier si vous voulez que la stabilisation soit optimale.

Faire la mise au point manuellement avec un objectif non relié impose que vous vous fiiez à ce que le viseur vous présente ou que vous zoomiez dans la prise de vue pour valider précisément si c'est à point. Dans le cas de prise de vues réalisées à ouvertures intermédiaires, la profondeur de champ peut être suffisante et ce peut être OK. Dans le cas de prise ce vue à pleine ouverture et faible profondeur de champ, la moindre erreur et vous êtes à côté de la mise au point. Valider en zoomant implique que vous activiez ce mode (j'ai assigné le bouton C3 à cette tâche) et que vous vous contentez du champ présenté au centre de la composition ou qu'à l'aide de la molette arrière, vous naviguiez jusqu'à la portion de la composition qui vous préoccupe. Toutes ces opérations requièrent de la manipulation et du temps. Quand vous avez passé les quinze dernières années de votre vie à appuyer sur un bouton pour que l'autofocus fasse le travail à votre place, c'est un peu frustrant et ralentissant au début. Ultimement la mise au point est très précise et sécurisante, mais il faut apprendre à faire cette chorégraphie rapidement.

En ce qui a trait à la fonction "peaking" qui permet d'illuminer le pourtour à point de sorte à accélérer la procédure de mise au point, il est tellement "ostentatoire" dans le viseur que vous avez l'impression de ne plus juger les expressions sur les visages tant le pourtour est accaparant même au réglage minimal. De plus, le peaking accroche sur des pourtours contrastés même s'ils ne sont pas vraiment à point. Il faut apprendre à lire le peaking de cette caméra. Je ne suis pas certain qu'en mode photo je vais continuer à l'utiliser. J'ai fait quelques centaines d'images avec et quelques centaines sans et je suis toujours ambivalent.

À suivre.

lundi 6 août 2018

Projet Hurrell partie 7

Voici un très beau montage qui raconte d'un autre point de vue la session Hurrell du printemps.
Réalisé et monté par Jean-Marc Laliberté Pareja, finissant au programme.

dimanche 29 juillet 2018

Sony A7sII 700 photos plus tard

Le temps ayant passé, je commence à avoir une opinion plus nuancée sur le volet photo de cet appareil.

Ce que j'aime moins à cette étape:

-La faible longévité des piles qui était prévisible. Le manuel parle de 370 photos, j'ai obtenu environ 500 photos sur une charge.
-Les faibles performances en autofocus sur mes objectifs Canon et Sigma EX à l'aide du Metabone V. La mise au point est finalement précise, mais le temps d'exploration est trop long comparé à n'importe quel objectif Canon.
-La gradation dans les hautes lumières du fichier. Pour l'instant, j'ai toujours l'impression que les hautes lumières sont trop hautes. Ça peut-être ma calibration d'écran, mais.
-Quand il fait très soleil, le viseur est un peu sombre relativement à un viseur d'un HDSLR normal. C'est quand même utilisable.
-Le temps de recharge des piles à l'aide du chargeur fourni est environ 3 heures si la pile est complètement déchargée.
-La porte du compartiment à pile me semble fragile, mais c'est à vivre.
-J'aimerais que la durée du "review" dans le viseur puisse être plus courte au besoin. Le temps minimum est 2 secondes.
-J'aimerais que la largeur du "peaking" puisse être plus étroite, ça m'empêche de juger des expressions sur les visages quand ils ne sont pas très gros.

Ce que j'aime vraiment:

-Le faible poids et faible taille de l'appareil
-L'ergonomie de la poignée qui est très sécuritaire
-L'obturateur silencieux
-Des vrais pitons bien placés et sécurisés
-La beauté des ISO élevés
-La stabilisation 5 axes du capteur
-La précision du viseur au niveau gradation et netteté
-Apprécier la profondeur de champ dans le viseur, donc juger de l'esthétique de l'image

Il me reste à apprivoiser l'usage de la compensation d'exposition. C'est quoi 2 crans sousex ou surex sur cet appareil?
Priam dans un rayon de soleil. JPEG produit tel quel par l'appareil. photo Martin Benoit

Être capable d'évaluer dans le viseur les conséquences réelles de la compensation d'exposition est vraiment très valable dans mon cas. C'est une banalité avec une caméra de téléphone cellulaire. L'exemple inclus dans ce billet est un cas typique de prise de vue qui est très facile de mal exposer à l'aide d'un réflex traditionnel si on ne valide pas à l'écran le résultat de l'image. Priam joue au hockey sur table dans une pièce illuminée uniquement par un rayon de soleil étroit qui le frappe directement au visage. Sans validation immédiate à l'écran, évaluer la compensation d'exposition ou exposer en manuel cette image requiert de la chance, ou de la grande expérience ou de valider au moniteur, après coup, ses choix et recommencer au besoin. Dans ce cas, l'appareil était réglé en noir et blanc, en JPEG sans raw et la compensation s'est faite au moment de la prise de vue au viseur sans reprise.
30 mm, 1/5000sec, ISO 100, f1,4


lundi 23 juillet 2018

Sony A7sII un nouveau paradigme

Metabone V, adaptateur EOS/OM. photo Martin Benoit
Une petite pause du projet Hurrell.

Voici une première impression de mes premiers pas avec la Sony A7sII.

Depuis des années, la majeure partie de mon "corpus" (pour parler comme un artiste) est constituée de photos prises sur le vif dans des situations d'éclairage difficile. C'est beaucoup l'histoire de mon existence photo ayant acquis un objectif Noctilux f1,0 en 1980 et m'étant toujours intéressé aux films à ISO élevés. Même si j'enseigne le flash TTL, je n'en ai jamais été un  fervent utilisateur.

La venue du numérique a été un pas arrière au début, considérant la faible luminosité des zooms et les mauvais ISO. Lorsque la Nikon D3 a fait son apparition, en révolutionnant la notion de sensibilité, j'ai été très séduit par les performances de l'appareil qui en a fait réfléchir plus d'un en comparativement aux performances de Canon.

La Sony A7s et sa succession A7sII font un autre pas de géant relativement à la D3. Le prix à payer est la grande taille des pixels qui impose une faible résolution même sur un plein capteur. 12 mégapixels en fait réfléchir plus d'un, m'incluant étant habitué à au moins 18 mégapixels depuis des années ou encore plus avec une Nikon D810 de 36 mégapixels qui produit des images de première qualité.

Mon attrait a été le faible bruit à ISO élevé, la stabilisation 5 axes, la faible taille de l'appareil, l'absence de bruit de l'obturateur, la visée numérique en temps réel, la minceur du boîtier qui lui permet de recevoir des objectifs de toutes les marques, le Wi-Fi, le NFC et les performances vidéo, 4K, 100mb/sec, 4:2:2, 120 fps.

La réalité de l'utilisation nécessite une rééducation et une révision du paradigme de prise de vue. Plusieurs de mes étudiants utilisent des appareils de la famille A7 chez Sony, mais n'exploitent pas la puissance de tels appareils selon moi. C'est probablement, car je ne leur enseigne pas comment... Voici ma démarche d'utilisation:

-Ne pas photographier à une vitesse inférieure à 1/250 sec de sorte à figer le sujet.
-Si la vitesse doit-être inférieure, m'aviser avant de monter l'ISO indéfiniment (auto ISO).
-Limiter l'augmentation de l'ISO supérieure à 40 000.
-Utiliser la stabilisation du capteur sur 5 axes.
-Exposer en mode A (priorité ouverture). C'est moi qui décide de l'esthétique de l'image en termes de profondeur de champ et en termes de ce que j'anticipe comme compromis profondeur de champ vs vitesse d'obturation vs ISO.
-Utiliser la molette de compensation d'exposition avec présentation en temps réel du résultat dans le viseur. À l'époque du système des zônes, on aurait parler de"placement" des valeurs.
-Faire la mise au point manuellement en utilisant la précision du viseur et sa possibilité de me montrer en temps réel la profondeur de champs et au besoin, magnifier un zône de prise de vue pour être encore plus précis.

Beaucoup de ces critères sont inacessibles en photographie numérique traditionnelle. L'implantation de la solution sans miroir de Sony permet cette approche grâce à un viseur électronique surprenant en termes de netteté et avec une quasi-absence de délais. Pour avoir utilisé les meilleurs verres dépolis en photographie argentique (les Acumat d'Hasselblad, les H2 de Nikon), l'image produite par l'écran OLED de la A7sII est supérieure ou égale à ces excellents verres dépolis. Je me passe ici de commenter sur la très grande difficulté de faire la mise au point avec les réflex numériques présentement sur le marché qui cessent de nous afficher la profondeur de champ réelle pour les ouvertures plus grandes que f2,8. Faire la mise au point manuelle est une opération très risquée et souvent aléatoire.

De plus, l'objectif étant à son ouverture de prise de vue, lors de la visée, l'image affichée dans le viseur est l'image réelle de la captation sur la A7.

J'ai pu, à l'aide de quelques adaptateurs, tester la majorité de mes objectifs accumulés depuis des années. J'ai ainsi découvert que ma 35mm Summaron pour Leica avait un très mauvais contraste et endure très mal les contre-jours à ma grande déception, car cet objectif est tellement compact et ergonomique. D'autre part, ma 28mm Zuiko pour Olympus OM est excellente et elle aussi très compacte. Beau contraste et beau piqué à pleine ouverture. Et ainsi de suite, je remets sur la route des anciennes perles oubliées. Merci à la faible épaisseur du boîtier qui permet d'accomoder ces objectifs et merci à la mise au point en réel dans le viseur.  J'ai l'impression que c'est le jour de paye au lieu du jour de dettes, quand on passe d'une compagnie à une autre en numérique.

Est-ce grave de faire la mise au point manuellement par opposition à une mise au point automatique sophistiquée d'appareils comme le Canon 1Dx, Sony Alpha 9 ou Nikon D5? En photographie sportive, oui. En photographie événementielle, de rue et de reportage, non selon moi. J'ai déjà quelque 400 prises de vues effectuées en manuel et je ne me suis pas senti ralenti, je me suis même senti rassuré pouvant prendre conscience de la profondeur de champs en temps réel.

Cet appareil est surtout vendu pour ses performances vidéo. Performances que je n'ai pas encore analysées tant l'approche photographique nécessite à elle seule la lecture d'au moins la moitié du manuel d'instruction. En vidéo, sa grande sensibilité permet de faire des captations avec un budget d'éclairage moindre voir quasi absent. Le 100 mb/sec permet un meilleur étalonnage combiné avec un profil de type S log. La stratégie de compression 4:2:2 minimise la dégradation des couleurs et le plaquage. Pour finir, le 120 ips donne accès à des ralentis de 5x spectaculaires.
Je reviendrai sur ces volets, car c'est de la théorie et des spécifications sur papier pour moi. Je devrai les vivre en situations réelles avant de me faire une opinion.

Donc ma chorégraphie d'une prise de vue se résume ainsi:

-Repérer la scène à photographier
-Évaluer l'objectif nécessaire à l'angle de la prise de vue en fonction de la composition
-Installer l'objectif et se positionner (dans le cas où je n'utilise pas un zoom)
-Régler l'ouverture en fonction de la profondeur de champ recherchée et de la luminosité de la scène.
-Mettre à On la caméra (la pile a peu de réserve et elle consomme toujours, soit le viseur électronique est à ON, soit l'écran arrière)
-Paufinner ma position et cadré le plus serré de sorte à optimiser le 12 mp
-Régler la mise au point grâce à la bague mécanique
-Paufiner la mise à point au besoin en appuyant sur le bouton C près du bouton de déclenchement pour magnifier le centre
-Ajuster la molette de compensation d'exposition afin d'obtenir le "placement" des valeurs désiré.
-Valider l'ISO que l'appareil utilisera en appuyant à mi-course le déclencheur. L'ISO final est affiché en bas à droite du viseur. Corriger l'ouverture au besoin.
-Déclencher et maintenir le doigt sur le déclencheur si je veux photographier en rafale.

Si le mode d'affichage immédiat du résultat dans le viseur est activé, je pourrai apprécier l'expression saisie immédiatement dans le viseur au détriment de pouvoir continuer à suivre l'action. C'est un choix.

Les aspects qui diffèrent d'un réflex numérique à miroir traditionnel sont l'appréciation de la mise au point et de la profondeur de champ en direct, la validation du placement des valeurs, le visionnement du résultat final sans retirer l'oeil du viseur très rapidement.

Je crois que ce changement de paradigme est particulièrement significatif en photographie événementielle, mais peut-être moins pertinent en studio où la caméra est reliée à l'ordi et où on est moins pressé de capturer le moment "décisif".

J'ai l'impression de retourner à l'époque argentique avec une possibilité de validation en temps réel de mes décisions.

Ce sont des premiers pas, et c'est à suivre.




lundi 16 juillet 2018

La problématique de la sensibilité spectrale du Fomapan; projet Hurrell partie 6

Un des problèmes que nous avons rencontré est de découvrir après coup que le film que nous avions utilisé traduisait les lèvres vraiment trop claires.

J'avais demandé à la maquilleuse d'utiliser des rouges à lèvres très saturés de sorte à créer un fort contraste avec la peau. C'était le look d'époque sur les portraits d'Hurrell.

graphique photodans.com.au
Ayant tenue pour acquise la façon dont le film traduirait cette saturation, je ne me doutais pas que ce film tchèque avait une courbe de sensibilité unique et très différente des autres films noir et blanc avec lesquels j'étais habitué.

Sur le graphique comparatif des sensibilités spectrales, on peut rapidement constater que ce film est particulièrement sensible au rouge et particulièrement insensible au bleu. C'est un peu l'inverse de l'histoire de l'amélioration des pellicules noir et blanc qui a pris presque 100 ans à finalement être sensible au rouge et ne pas exagérer les bleus.

La conséquence est bien illustrée dans cette photo où on peut comparer une photo prise au PhaseOne et convertie en noir et blanc relativement à la façon dont le négatif Fomapan l'a interprété et ce qu'un D810 voit en couleur.
 
photos Martin Benoit et Christian Lévesque, modèle G. Ste-Croix
Il aurait fallu utiliser des rouges à lèvres très sombres ou bleus de sorte qu'ils soient traduits par des valeurs sombres.

Il est presque impossible de maquiller (brûler) en chambre noire de si petites surfaces. Il reste à essayer une vieille technique d'aérographe qui consiste à masquer le reste de l'image avec du Frisket (film auto collant mince) et d'estomper de la mine de crayon directement sur le tirage final à la densité voulue.

À l'automne je terminerai l'impression de ce projet, incluant une tentative d'insertion de grain de peau et correction des lèvres.

dimanche 1 juillet 2018

La recette contre-intuitive de Hurrell; projet Hurrell partie 4

Maintient des pores de peau. détail d'une impression 4 couleur offset. autorisation en attente.
J'aurais dû faire des recherches exhaustives au lieu de me fier à mon intuition et mes connaissances avant d'entamer ce projet au printemps.

Je savais que  les portraitistes de cette époque utilisaient beaucoup le 5x7 à cause de la taille des visages sur les négatifs qui facilitait la retouche au crayon pour corriger les défauts.

Je savais que les "Portrait Lens" diffusaient beaucoup et aidaient à adoucir le grain de peau.

Je savais que l'éclairage typique était composé de sources fresnel très contrôlées de sorte à découper l'ossature des visages.

Je savais que l'éclairage de type papillon était souvent favorisé pour les femmes.

Je savais que l'on diffusait souvent à l'aide d'un tissus  à l'agrandissement pour adoucir le grain de la peau.

Je savais qu'il existait des machines à retoucher, comme la Adams Retouching Machine que je possède. Que ces machines recréaient un motif similaire aux pores de la peau.

Je savais que la très grande majorité des agrandisseurs pour le portrait avaient des sources lumineuses de type diffusion ce qui ajoute à la douceur du grain de peau. Un des plus populaires et spécialisés de ces agrandisseurs est le fameux Beseler 5x7 Diffusion and Vignetting Enlarger. Nous en avions deux au département et les avons vendus en 1987 si je ne me trompe.

J'ai donc présumé que la technique de Hurrel pour les peaux était basée sur la retouche crayon négative et l'impression sur papier très granuleux. En 1981,  j'avais lu dans American Photographer que Hurrell imprimait sur papier très texturé afin de dissimuler son trait de crayon à la retouche. Il semble, selon Mark A. Vieria que la vraie raison d'utiliser ce papier était d'empêcher que le tirage soit tramé adéquatement évitant ainsi que les tirages soient envoyés à des publications sans l'autorisation des grands studios (MGM, Paramount). La texture du papier créait un conflit avec la trame d'impression, ce qui causait des moirés irréparables. Les tirages destinés à être publiés, dans les multiples magazines, étaient sur papier très glaçé (ferrotypé) pour faire de parfaites reproductions.

Voici sa recette selon mes lectures:

-Photographier à la caméra 8x10 pour obtenir un très grand négatif sans grain facile à retoucher. J'ai utilisé un 5x7, même si j'avais accès à un 8x10...

-Utiliser un objectif très piqué. Dans son cas, pour l'époque, c'était un 16po Goerz Celor. J'ai utilisé une 13 po Cook Portrait Series VI, même si j'avais accès aux meilleures Rodenstock Sironar ou Schneider Simmar...

-Utiliser à peine plus long que la focale normale (12po est la nomale pour du 8x10). J'ai utilisé une 13 po, mais sur du 5x7...

-Utiliser du film panchromatique pour une peau le moins sombre possible. Dans son cas du SuperXX entre autres (200 ISO). J'ai utilisé du Fomapan 400 exposé à 100 ISO.

-À l'occasion, surexposer et sous-développer pour conserver les hautes lumières. Je surexposait de 2 crans et sous-développait de 20%.

-Développer dans un révélateur à 3 étapes au pyrogallo. J'ai développé dans du D-76 stock, un révélateur au métol (Elon).

-f16, 1/10 de seconde. J'ai fait f16, 1/25e au flash avec des durées d'éclair autour de 1/800e.

-Éclairage tungstène de 1000w environ pour les sources principales. Il a utilisé des lampes à arc durant les premières années avec les risques associés d'exposition aux ultra-violets. J'ai utilisé divers Speedotron de 1200 et 2400 w/sec. Les sources principales étaient autour de 200 w/sec.

-C'est ici que le secret non intuitif commence: ne pas maquiller le modèle avec un fond de teint qui détruirait les pores de peau, mais au contraire, légèrement huiler la peau pour produire un gloss. Aujourd'hui faire ça c'est un non non, en particulier avec comme source principale une source ponctuelle. Good Luck de pas tourner votre modèle en crapaud... J'ai engagé une maquilleuse professionnelle à qui j'ai demandé d'appliquer des fond de teints mats et d'éviter tous effets de gloss...

-Seuls les yeux et la bouche peuvent être maquillés. Tout a été maquillé dans notre cas.

-Ajouter un vernis mordant du côté de l'émulsion et retoucher au crayon mou directement sur l'émulsion pour atténuer les rides et poches sous les yeux et recréer les hautes lumières. Tous les manuels de retouche de l'époque mentionnent d'utiliser un crayon dur (4H) pour remplir progressivement les rides. Hurrell utilisait de la poudre de mine de crayon mou et l'appliquait à l'estompe au lieu du porte-mine. Donc il ajoutait de la densité très subtile sur le négatif et remodelait le visage. Nous avons concocté notre propre mordant à partir de gomme de Dammar, térébenthine du Brésil et cire d'abeille. Nous avons utilisé principalement du crayon dur 4H...

-Au tirage, diffuser avec un tulle légèrement et partiellement à ce que j'en comprends. Nous avons imprimé les hautes lumières au contraste #00 et les ombres au contraste #5. Les hautes lumières ont été diffusées au filtre Nikon Soft no 1 à 50%.

-Imprimer sur papier fibre très glacé et dodger/bruler au besoin les zones pertinentes. Nous avons utilisé su Ilford Multigrade FB glacé séché à l'air, donc moins glacé.

En fait que feriez-vous si vous vouliez  mettre en évidence des pores de peau? Utiliser la caméra à la plus haute résolution, avec le meilleur objectif et utiliser un éclairage ponctuel rasant. Pas de surprise ici, mais pas une bonne idée pour un portrait de femme à moins que vous soyez prêt à passer des heures sur Photoshop à cloner les défauts de peau.

Je conclus 2 choses: Un, que les modèles avaient de superbes peaux et que celles ou ceux qui avaient des peaux "problématiques" n'étaient pas photographiés en très gros plan ou ils utilisaient des éclairages plus "flatteurs".
Deux, que les retoucheurs au crayon étaient très habiles, mais il semble que ce n'était pas quelque chose d'inatteignable.

Dans les prochains billets, je vous raconterai une technique de masquage que j'ai trouvée pour injecter une fausse texture de peau par-dessus la peau naturelle des modèles.

lundi 25 juin 2018

Comment raconter cette histoire; projet Hurrell partie 3

Comment raconter notre aventure, nos questions, nos recherches? Voici un montage, parmi d'autres que je vous présenterai, qui tente de résumer l'ensemble de la démarche.

lundi 18 juin 2018

Photographier au 5x7; Hurrell partie 2

Cambo 8x10 réduit 5x7. photo Yves Beaulieu
Une contrainte que je me suis imposée lors du projet Hurrell, est d'utiliser du film 5" x 7".
Un format qui a régné durant les années 30-50 pour le portrait.
Le 5x7 à l'avantage de coûter deux fois moins cher que le 8x10, il était disponible avec une surface retouchable au crayon et l'agrandir ne nécessitait pas un agrandisseur industriel.

Par contre, je n'ai touché qu'à un seul vrai 5x7 dans ma vie et c'était un vieux Cambo dans un labo où on l'utilisait pour faire de la repro avec un dos réducteur 4x5.

Nous avons au collège un 8x10 Cambo avec dos réducteur 5x7 que nous avons assemblé pour l'occasion.

Le format 5x7 a l'avantage que la taille du visage est encore assez grande pour que le retoucheur négatif puisse laisser des traits qui seront invisibles, s'il est assez talentueux.

Le poids d'un tel appareil, lorsqu'il est équipé d'un objectif à portrait (1,5x la focale normale, donc autour de 350 mm) et étiré de sorte à faire la mise au point à une échelle de portrait plan ceinture, impose un trépied et une tête de trépied très costaux. Nous avons utilisé une colonne Firenze et une tête Gitzo no 4 et c'était vraiment un minimum, car il fallait être très délicat et bien balancer le tout au-dessus de la tête afin d'éviter un accident.

J'aurais aimé idéalement un 5x7 à dos révolver ce qui aurait permis d'affiner les compositions et ainsi optimiser la surface de la pellicule. Un dos révolver impose un plus gros soufflet et permet de maintenir le corps de la caméra à la verticale même quand le négatif est incliné. Nous avons donc du faire preuve d'imagination et de contorsion pour faire croire à une posture inclinée tout en maintenant la chambre droite.

Prochain billet: Comment se procurer du film 5x7

lundi 11 juin 2018

Le projet Hurrell partie 1

Stazia teste différents mordants pour crayon sur une émulsion. photo Martin Benoit
À l'automne 2017, au dernier jour  du cours de photographie argentique, que j'enseignais aux finissants, j'ai présenté une Adams Retouching Machine, pour leur parler de la retouche avant Photoshop.

À ma grande surprise, ils ont été fascinés par la pièce d'équipement et de ce qu'elle permettait de réaliser.

À titre d'exemple, j'ai montré le travail de George Hurrell, qui était un cas typique de retouche négatif grand format.

À la fin du cours, ils m'ont demandé de lancer une session de portraits qui utiliserait cette technique.

Les voyants excités, j'ai accepté sans trop savoir exactement l'ampleur que le projet prendrait.

C'est ainsi qu'en mars dernier, 24 des 28 finissants se sont investis dans un projet, qui s'est avéré très complexe et qui n'est pas encore terminé. C'est pourquoi je n'ai pas publié de billets sur ce blogue étant occupé à gérer cette entreprise qui a sollicité tous mes neurones photographiques. Je me rattraperai en vous partageant cette aventure très éducative qui atteindra son aboutissement d'ici quelques mois, je l'espère.

Voici quelques problèmes que je devais résoudre:

-trouver une chambre grand format 5x7
-trouver un objectif d'époque fonctionnel pour le portrait d'environ 13 po de distance focale avec la possibilité de créer de la diffusion interne.
-trouver un remplacement au fameux Kodak Retouching Fluid
-trouver de la pellicule 5x7
-trouver des supports de développement 5x7 et des cuves.
-vraiment comprendre comment Hurrell travaillait
-trouver un agrandisseur 5x7 adéquat
-maîtriser l'utilisation de sources fresnel à fort contraste
-trouver une maquilleuse qui comprendrait le défit visuel considérant que l'éclairage serait impardonnable et qu'il n'y aurait pas de Photoshop.
-tester la nouvelle pellicule et trouver le temps de développement et le révélateur adéquat
-apprendre à retoucher au crayon des négatifs 5x7
-développer une stylistique d'impression sur papier fibre
-documenter l'aventure en photo et vidéo
-gérer tout ce monde et s'assurer que tout se fera dans le plaisir et la camaraderie
-créer des équipes de sous-gestions des différents aspects du défit

Nous avons presque traversé toutes les étapes.
Les photos ont été  prises, imprimées et plusieurs vidéos racontent cette histoire.
Il reste à peaufiner la retouche au crayon et réimprimer les négatifs qui méritent ce genre de traitement.

Je publierai régulièrement sur ce blogue l'arrière-scène de ce travail de recherche.


dimanche 25 février 2018

Le côté obscur de la force

J'hésitais à écrire sur ce sujet, mais je suis passé du côté Windows après avoir analysé les
photo Martin Benoit
performances et surtout les prix des nouveaux iMacPro.

Ces iMac sont le nec plus ultra sous la plateforme OsX. Par contre, ils ont un défaut que j'ai beaucoup de misère à pardonner, ils ne sont pas configurables par l'utilisateur après achat. Ça veux dire qu'au moment de l'achat, on doit savoir quelle carte vidéo (GPU) dont on a besoin, quel CPU, combien de RAM et quelle taille de SSD. Ce sont des gros choix quand on considère que le RAM est historiquement cher, que les SSD baissent constamment de prix et que les GPU sont très chers.

À 7250$ tx inc. pour la plus petite configuration et 18 559$ pour la plus grosse configuration, il ne faut pas se tromper. La façon dont ces Mac sont construits, tout est installé en usine et ce que l'on commande sera la configuration finale avec laquelle on devra vivre jusqu'à la mort de l'ordi.

Sans penser à un Hackintosh, j'ai étudié la plus petite configuration et essayé de construire un équivalent à configuration variable sous Windows.

J'ai trouvé une carte mère de type SLI qui peut accommoder 3 GPU à grande vitesse.
Cette carte mère peut recevoir jusqu'à 128 gigs de RAM.
On peut aussi interchanger le CPU en fonction de l'évolution de ces derniers.
Ensuite j'ai cherché un GPU (carte graphique) qui est équivalent ou supérieur au Radeon ProVega 56 des iMacPro de bases à 7250$. J'ai trouvé la carte graphique ASUS ROG Strix GTX 1080 Ti, qui sous tous les aspects est plus performante que la Radeon Pro Vega 56. Cette carte devait être compatible avec les produits Adobe et Autodesk de sorte à jouir de l'accélération GPU que ces logiciels peuvent utiliser.

En construisant une machine basée sur ce principe, je me suis ramassé avec une facture de 3700$ (tx inc) pour une machine à possibilité de 3 GPU en parallèle, 128 gigs de RAM, 8 baies pour disques durs ou SSD. J'ai commencé avec 1 GPU 1080 Ti à 11 gig de RAM, 32 gig de RAM, un SSD de 500 gig et un CPU i7-7800X à 3,5 GHz. Pour le plaisir, j'ai ajouté un lecteur DVD, ce qui est impossible  sur le iMac Pro. La carte mère possède une pléiade de ports USB, 2, 3 et type C. Théoriquement, je pourrais assembler une machine supérieure au iMac Pro si j'y installe 3 GPU de haut de gamme. L'espace est très serré, mais ça semble faisable. Je peux ajouter des ports Thunderbolt de dernières générations au besoin.

Ce que j'ai en moins, c'est un écran 5k et pas de Bluetooth. Pour 1300$ Apple vend un moniteur LG de 5K. Je n'ai pas besoin d'un écran 5K en ce moment et le prix des écrans est toujours à la baisse. J'ai donc une machine aussi performante (si on néglige le OS) qui me permettra de grandir à ma vitesse, selon mes besoins et selon mon portefeuille. Ce n'est pas aussi beau, c'est sous mon bureau dans une tour Fractal Design faite en Suède hyper silencieuse, mais finalement mon bureau est plus dégagé et il me reste des sous pour faire de la déco... Quand je trouverai cet ordi lent, je déciderai quel volet nécessite une accélération (CPU, GPU, SSD, RAM) et je sortirai mes sous pour le volet spécifique. Les prix des composantes aura probablement baissé.

Les premiers calculs que j'ai fait m'ont donné une accélération de 70x relativement à mon laptop MacBook Pro qui roule sous i7 quad core 2,8 ghz, 16 gigs de RAM et le OS et les applications sur SSD. Dans mon cas c'est une accélération de géant. On parle ici du temps pour des rendus 3D qui sont les opérations les plus lentes que je subisse ainsi que les exportations vidéo dans Premiere Pro.

Les comparaisons sont un peu boiteuses, j'en conviens, car on compare une solution clé en main dans un environnement UNIX versus une configuration modulaire sous Windows. Dans mon cas, j'ai tenté de projeter mes besoins dans les 5 prochaines années et quelle serait la solution la moins frustrante financièrement.

J'ai réussi à faire survivre mon dernier laptop de 2011 à aujourd'hui et je crois que je peux encore lui  extraire 2 années si je suis chanceux. C'est historique dans mon cas, moi qui remplaçait mes ordis aux 3 ans. J'ai pu le faire perdurer, car j'avais un laptop de la dernière génération où Apple permettait à l'usager de modifier le disque dur, le DVD, le RAM. J'avais acheté à l'origine un "gros" laptop et je n'ai eu qu'à le "booster" avec un SSD, un "clean install" de Os et plus de RAM. Par contre, pour le 3D et la vidéo, ce n'est pas suffisant étant limité par le GPU.

La nouvelle machine me fait faire un grand pas en avant, en particulier en 3D et en vidéo. C'est peut-être une erreur quant à l'environnement. Je gère des ordis sous Windows depuis 1987 et je survis. C'est une autre discipline qui a ses avantages et désavantages. C'est un peu plus de bricolage, mais plus de sous dans mes poches.

Apple n'a pas laissé le choix aux utilisateurs de haut niveau. Ceux qui ont trouvé le MacPro (la poubelle) dispendieuse n'avaient encore rien vu en comparaison avec les iMac Pro. Il fut un temps des belles tours en aluminium d'Apple avec plusieurs baies pour disques durs, des connecteurs PCI et tout le tralala professionnel. Pourquoi avoir fait disparaître ces ordis à géométrie variable qui s'adaptèrent aux besoins?

Le temps me dira si j'ai fait un bon choix. Depuis quelques mois, je suis satisfait. Peut-être qu'une autre configuration aurait été plus optimale. Chose certaine, c'était moins épeurant que d'acheter un iMac Pro. D’ailleurs, je n'ai pas encore rencontré quelqu'un qui en a acheté un.


dimanche 4 février 2018

Faire revivre George Hurrell en 2018

Négatif 5x7 test afin de trouver l'ISO et le temps de développement. photo Martin Benoit
Les étudiants m'ont proposé de faire une session de photo hollywoodienne à la George Hurrell dans le but de s'amuser avec la retouche négatif et la prise de vue à la caméra 5x7.

Cette demande fait suite à la présentation d'une machine à retouche négatifs Adams Retouching Machine. Je leur avais présenté cette belle pièce d'équipement afin de parler de retouches avant Photoshop. Il m'ont pris au mot et m'ont demandé de l'utiliser sur des portraits que l'on ferait d'eux.

Retrouver les conditions de travail de Hurrel en 2018 est un défi en soi. En commençant par trouver de la pellicule noir et blanc 5x7. J'ai dû faire venir de New York du film Foma de la République tchèque... Retrouver le Kodak Retouching Fluid qui servait à faire tenir le graphite du crayon de retouche sur le négatif. Retrouver des châssis 5x7, des supports de développement 5x7, une caméra grand format 5x7 et un objectif à portrait 5x7. Il faudra agrandir tout ça ensuite. Un agrandisseur 5x7, un porte-négatif 5x7 et un objectif pour agrandir qui couvre 5x7.

Merci à notre effort de ne pas tout jeter ce qui nous semble désuet au département. J'ai trouvé un appareil 8x10 avec dos réducteur 5x7, des châssis, supports, cuves, et agrandisseurs complètement équipés pour le 5x7.

L'éclairage de Hurrel est sa signature. Principalement des sources fresnel très contrôlées et toutes les sources complémentaires de l'époque. Hair light, kick light, back light. On se retrouve avec des compositions très statiques et qui imposent au modèle de ne pas varier sa position de tête au risque de détruire le papillon capricieux très souvent utilisé.

Nous ferons les prises de vues au milieu du mois de mars et documenterons le tout sur vidéo au cas où nous décidons de ne plus répéter l'expérience. Déjà la pléiade de tests requis est un peu essouflant. On espère créer ainsi une belle expérience de travail d'équipe et si nous sommes chanceux de belles photos.

mardi 9 janvier 2018

Les photos de l'Osstidcho retrouvées

Yvon Deschamps et Robert Charlebois le soir de la première de l'Osstidcho. photo Normand Grégoire 1968
Mon collègue Normand Grégoire, et recherchiste/collaborateur pour ce blogue, a photographié la première représentation de l'historique Osstidcho en 1968 au Théatre Quat'Sous le 20 juin 1968. Les 6 rouleaux de Tri-X étaient bien classés dans ce qui reste de ses archives. Normand avait 23 ans.

Dans la foulée du 50e anniversaire de l'événement, nous allons tenter de les diffuser de sorte à partager ces archives uniques.On y voit aussi un autre photographe et un preneur de son consciencieux qui occupent la place devant la scène.

Le photographe doit être Ronald Labelle, et le preneur de son, celui qui a réalisé une des bandes audio de la BAnQ.

Diffuser des planches contacts d'un photographe reste toujours un sujet délicat. Les planches contact ne rendent pas toujours justice du travail aux yeux du non initié. Les photographes sont souvent réticents à les diffuser et considèrent que c'est un outil de travail personnel.

Normand est disposé à en faire la diffusion ainsi que des numérisations corrigées des bonnes photos.

J'écoutais la récente diffusion des bandes audio retrouvées de l'enregistrement de 1955 des variations Goldberg par Glenn Gould et, c'est un fait documenté, Gould ne voulait pas que les prises non sélectionnées pour le matriçage final de l'album soient diffusées. Normalement, le studio détruisait les prises non utilisées. Gould étant mort et ces sessions étant devenus historiques, les musicologues ont débattu sur la pertinence de faire jouir le public des "erreurs" de Gould.

Nous nous retrouvons un peu dans une situation similaire avec Normand.