mardi 31 juillet 2012

Capsule Vintage #1 - Nikon F



Nouvelle capsule sur le blog de pratique professionnelle. Martin fait l'historique d'une caméra classique et William parle de son expérience avec celle-ci.

N'hésitez pas à nous donner vos commentaires.

lundi 23 juillet 2012

Le transparent s'estompe


Diapositives 4x5 montées sur le numériseur à tambour du cégep Ahuntsic, photo Martin Benoit 1990
Fuji annonce la cessation de la fabrication de deux des ses grands films diapositives. Le Velvia et le Sensia. Kodak a fait de même avec le Kodachrome il y a quelques années et de même avec ses Ektachrome.

Le film diapositive se destinait principalement à deux fonctions, la projection et la photographie professionnelle. La projection est chose du passé et la numérisation dans le secteur professionnelle est en voie d'extinction.

La diapositive a eu deux grandes heures de gloire. Au tout début de son invention dans les années 40, car c'était le seul procédé couleur abordable qui était vraiment beau et je fais allusion ici principalement au film Kodachrome et ensuite, vers la fin des années 70, quand les numériseurs à tambour sont devenus les rois des l'industrie de la préimpression. Jusqu'à cette époque, pour imprimer en couleur dans une publication, tous les tirages couleur devaient être photographiés à quatre reprises à l'aide d'une caméra spéciale de reproduction (caméra mécanique) qui tramait l'image et en séparait ses couleurs. Avec l'apparition des numériseurs à tambours et en particulier, ceux de la compagnie Hell, on pouvait « balayer » un transparent ou un tirage, tramer directement et mettre à l'échelle une image produisant ainsi un film prêt pour le transfert sur plaque offset. Lorsque les ordis sont arrivés, il n'a fallu que quelques algorithmes pour ajouter des améliorations à l'image sans précédent. Les « scanners » à tambour sont devenus la technologie de prédilection pour la préparation à l'impression. Une conséquence fut que ces machines excellaient à produire des couleurs fidèles et une netteté plus facilement d'un film que d'un tirage papier. Le tirage papier est une deuxième génération réalisée à partir d'un négatif et le résultat de plusieurs compromis pas toujours avantageux pour l'image. De plus, « scanner » un négatif tient du cauchemar pour l'opérateur, car il existe une multitude de types de négatif ayant tous des couleurs différentes et nécessitant des paramètres différents. Il était impossible de bien scanner des négatifs rapidement. Le transparent (la diapositive) est donc devenu la norme, car il était facile pour n'importe qui d'évaluer la qualité de l'image sur une simple table lumineuse et l'opérateur du scanneur n'avait pas à paramétrer plusieurs fois par jour. Toute la photographie couleur professionnelle, se destinant à l'impression dans des publications, s'est donc réalisée sur film diapositive, de la fin des années 70 à aujourd'hui en très grande partie.

En tant que photographe professionnel il fallait donc maîtriser l'exposition, la balance des couleurs et le contraste de ces films. C'est là que l'on distinguait les moutons blancs des moutons gris dans nos cours de photographie. Bien exposer du transparent est un art et une science. Je recommande à tous ceux qui sont nostalgiques de l'argentique de s'acheter un 36 poses de film diapositive et de faire des images dans des situations diverses en exposition manuelle (il n'y a pas de caméras 4x5 qui ont des posemètres automatiques) afin de vivre le stress du pro à l'époque de l'argentique. Le laboratoire Boréalis de la rue Hôtel-de-Ville développe encore ces films à l'aide d'une des dernières développeuses E-6 de la province.

jeudi 12 juillet 2012

Instagram et le pictorialisme

Rhode Island 2012 via Instagram, photo Martin Benoit
Récemment, j'ai lu Pictorial Effect in Photography, Hints on Composition and Chiaroscuro for Photographers par Henry Peach Robinson. Un bouquin publié en 1869 en Angleterre. C'était la première fois que le terme pictorialisme tentait d'être défini en photographie. Plus je lisais, plus je retrouvais une saveur Instagram dans son discours.

Peach Robinson prêche pour une attitude d'interventions photographiques empruntées à la peinture afin d'élever la photographie au statut d'art. 199 pages de consignes, attitudes à adopter, dogmes à respecter et talents à développer.

Instagram propose des altérations qui tentent de rapprocher la photographie actuelle à celle des années 1960-1990, comme pour lui emprunter ses lettres de « noblesses » et par le fait même enrichir la photographie actuelle. À toutes les époques, on semble avoir de la misère à accepter sa propre époque et ce qui lui est propre. Une forme de nostalgie perpétuelle qui se déphase selon les périodes. Il est certain que la tendance Instagram (que je trouve agréable en passant) ne recule pas jusqu'à la stylistique des années 1840 avec le look Daguerreotype ou autres procédés de cette période. Elle vise plutôt une époque particulière qui est très tendance, son succès n'est pas une coïncidence.

Ma question est, qu’elle est le style des années 2012? Un historien de la photographie en l'an 2030 décrira le début des années 2010 selon quelle esthétique? L'histoire de la photographie se construit comme un club sandwich ou un double Big Mac. Ce sont des couches de vernis par dessus des couches antérieures et le résultat est la combinaison de ces couches issues de différentes écoles. La photographie des années 2050 risque d'être très complexe.

Marshall McLuhan a une fois de plus toujours raison. « The medium is the message ».