lundi 23 juillet 2012

Le transparent s'estompe


Diapositives 4x5 montées sur le numériseur à tambour du cégep Ahuntsic, photo Martin Benoit 1990
Fuji annonce la cessation de la fabrication de deux des ses grands films diapositives. Le Velvia et le Sensia. Kodak a fait de même avec le Kodachrome il y a quelques années et de même avec ses Ektachrome.

Le film diapositive se destinait principalement à deux fonctions, la projection et la photographie professionnelle. La projection est chose du passé et la numérisation dans le secteur professionnelle est en voie d'extinction.

La diapositive a eu deux grandes heures de gloire. Au tout début de son invention dans les années 40, car c'était le seul procédé couleur abordable qui était vraiment beau et je fais allusion ici principalement au film Kodachrome et ensuite, vers la fin des années 70, quand les numériseurs à tambour sont devenus les rois des l'industrie de la préimpression. Jusqu'à cette époque, pour imprimer en couleur dans une publication, tous les tirages couleur devaient être photographiés à quatre reprises à l'aide d'une caméra spéciale de reproduction (caméra mécanique) qui tramait l'image et en séparait ses couleurs. Avec l'apparition des numériseurs à tambours et en particulier, ceux de la compagnie Hell, on pouvait « balayer » un transparent ou un tirage, tramer directement et mettre à l'échelle une image produisant ainsi un film prêt pour le transfert sur plaque offset. Lorsque les ordis sont arrivés, il n'a fallu que quelques algorithmes pour ajouter des améliorations à l'image sans précédent. Les « scanners » à tambour sont devenus la technologie de prédilection pour la préparation à l'impression. Une conséquence fut que ces machines excellaient à produire des couleurs fidèles et une netteté plus facilement d'un film que d'un tirage papier. Le tirage papier est une deuxième génération réalisée à partir d'un négatif et le résultat de plusieurs compromis pas toujours avantageux pour l'image. De plus, « scanner » un négatif tient du cauchemar pour l'opérateur, car il existe une multitude de types de négatif ayant tous des couleurs différentes et nécessitant des paramètres différents. Il était impossible de bien scanner des négatifs rapidement. Le transparent (la diapositive) est donc devenu la norme, car il était facile pour n'importe qui d'évaluer la qualité de l'image sur une simple table lumineuse et l'opérateur du scanneur n'avait pas à paramétrer plusieurs fois par jour. Toute la photographie couleur professionnelle, se destinant à l'impression dans des publications, s'est donc réalisée sur film diapositive, de la fin des années 70 à aujourd'hui en très grande partie.

En tant que photographe professionnel il fallait donc maîtriser l'exposition, la balance des couleurs et le contraste de ces films. C'est là que l'on distinguait les moutons blancs des moutons gris dans nos cours de photographie. Bien exposer du transparent est un art et une science. Je recommande à tous ceux qui sont nostalgiques de l'argentique de s'acheter un 36 poses de film diapositive et de faire des images dans des situations diverses en exposition manuelle (il n'y a pas de caméras 4x5 qui ont des posemètres automatiques) afin de vivre le stress du pro à l'époque de l'argentique. Le laboratoire Boréalis de la rue Hôtel-de-Ville développe encore ces films à l'aide d'une des dernières développeuses E-6 de la province.

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