Nathalie de l'agence Montage autour de 1991, photo Martin Benoit |
Vermeer is a Pearl - Not a Diamond, relativise notre intérêt contemporain pour ce peintre, qui aujourd'hui possède une signature photographique qui permet de nous retrouver dans ses représentations. L'auteur suggère que nous devrions nous intéresser à d'autres maîtres tout aussi intéressants et se calmer un peu envers les qualités optiques de Vermeer.
Autour de 1991 je photographiais Nathalie de chez Montage pour me fabriquer des exemples de retouches cosmétiques dans mes cours de Photoshop. Sans le savoir, mon inconscient créait des compositions vermeerienne. J'ai même fait le fameux angle de prise de vue de 3/4 où elle regarde en coin la caméra. Ce n'est qu'après que je me soit intéressé à Vermeer y découvrant le langage et les controverses historiques.
Je faisais une réflexion similaire en 1996 en publiant ma première page web, après avoir visité la plus gros regroupement de peintures de Vermeer à Washington. Le bokhe, que l'on retrouve, ou que l'on croit retrouver dans certaines peintures attribuées à Vermeer, nous le rends intéressant avant de s'interroger sur le contenu de ses toiles ou panneaux. Notre relation avec les artéfacts des objectifs photos n'est pas récente, mais c'est aujourd'hui que l'on porte des t-shirt pour en vanter les mérites esthétiques (c.f. bockelicious de DigitalRev). C'est un peu comme la fascination pour le traitement de la lumière par les impressionnistes. Des exercices stylistiques pour les peintres ou pour les photographes. Le langage photographique et artistique s'étoffe car certains font des recherches de styles et ultimenent construisent un langage. Où en serions-nous en terme de langage cinématographique si Orson Welles n'avait pas fait Citizen Kane?
La vraie fascination pour Vermeer est la façon dont on se permet de spéculer à son sujet, car si peu est écrit à son sujet par ses contemporains, à l'exception de ses banquiers et créanciers... Le champs est donc libre pour divaguer dans tous les azimuth. Je reste quand même un fan pur et dur de ses tablaux qui utilisent un soft box à gauche. Il a rendu (peint) des moments statiques de l'existence, les rendants photographiques par le fait même tout en s'intéressant à des individus sans noblesse apparente.
Le moment décisif is Dead, Long Life to the Constant Moment, nous parle de la notion de "curateur" de l'image, du moment photographique et de notre attitude en fonction de l'histoire de l'Art et de l'histoire de la photo. Il suggère que les futures technologies, comme les lunettes Google, nous permettront de décider, après coup, ce qui mérite d'être conservé, les dispositifs de captations étant constament en mode de capture. C'est un peu comme la fonction "Pre Record" que l'on retrouve sur plusieurs enregistreurs audio et qui permet d'avoir quelques secondes d'enregistrement qui précèdent le moment où nous avons décidé de débuter l'enregistrement. Cette fonction est particulièrement pertinente en reportage où lorsque nous réalisons que ce qui se déroule mérite d'être enregistré. Le temps que l'on réagisse (le moment décisif), du bon matériel est souvent perdu. Le dispositif enregistre constament et efface après quelques secondes ce qu'il a enregistré si vous n'avez pas appuyé "Record", mais si vous appuyez sur Record, il décide de conserver ces dernières secondes enregistrées et débute l'enregistrement "officiel. La nature même des dispositifs d'enregistrement audio numérique permettent un tel remisage dans une mémoire tampon. Il est facile d'imaginer une dispositif d'enregistrement photo/vidéo qui fait de même dans un futur rapproché. Ce n'est qu'une question de taille de mémoire tampon. Dans cette perspective, le moment décisif sera paufiné après coup en post prod et le talent sera d'être dans le bon lieu au bon moment, ce qui n'est pas négligeable en passant.
Le geste photographique est en mouvance constante et si Susan Sontag devait publier une 2e édition/suite de son fameux bouquin "On Photography", elle en aurait long à dire sur cette mouvance et les conséquences sur notre imaginaire visuel collectif.
vernissage 2013 école Marguerite Bourgeois, photo Martin Benoit |
d'écoles de photographie à Montréal seulement et je ne les ai pas tous vus. Le regard des étudiants est plus varié que jamais et les écoles n'ont pas de problèmes de recrutement. Les clubs de photographie regorgent de membres comme jamais historiquement. J'ai même ouï-dire que certains pensent rendre un cours de base de photographie obligatoire à l'école comme le Français et l'éducation physique.
Dans les années 70-80, j'avais l'impression d'évoluer à la mauvaise époque de la photographie quand tous les beaux procédés disparaissaient (le transfert hydrotypique, le tirage au charbon, le masquage, etc.). Je me trompais grandement, la révolution, c'est en ce moment.
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