lundi 13 octobre 2014

Viviam Maier, une utopie photographique


 Pour ceux qui ont vu le film « Finding Vivian Maier », il peut en ressortir que Vivian vivait une certaine utopie de liberté photographique. Aucune contrainte de publication, de se trouver des clients, de se plier aux exigences de financement lors de demandes de bourses, etc.

Elle photographiait ce qui semblait lui tenir à coeur en toute liberté. Si elle avait des restrictions, elles étaient d'ordre financier ce qui explique peut-être pourquoi on retrouve peu d'impressions d'époque de sa production, mais plutôt des négatifs et des films non exposés. L'impression et le développement occasionnant des frais importants.

Selon le film, son corpus serait de l'ordre des 105 000 prises de vues. En pellicule 2 1/4 c'est énorme. 105 000 / 12 poses = 8750 rouleaux. Si elle a photographié de l'âge de 18 à 70 ans, ça implique 168 rouleaux par année, donc environ 3 par semaines. Pour un professionnel, c'est peut-être normal, mais pour une photographe de rue qui possède un autre emploi, c'est énorme. Quoi qu'il en soit, sa production est gigantesque et pour l'instant difficilement consultable, le film et les bouquins ne nous montrent qu'un fragment de sa production.

Le film propose différentes explications qui justifieraient sa démarche. En passant par la maladie mentale, l'abus, la compulsion du souvenir, le désir de liberté, etc. Le lecteur est devant toute une palette de possibilités. Malheureusement, il semble que Vivian parlait peu ou pas de sa démarche photographique.

Il faut aussi essayer de comprendre comment était reçue une femme avec des enfants dans les rues de Chicago ou New York qui prenait des photos avec un Rolleiflex la tête vers le bas. Nous ne sommes pas en 2014 où beaucoup de monde se méfie de la photographie. Nous sommes 50 ans en arrière dans des grandes villes américaines à une époque où les gens ne se promenaient pas avec une caméra au cou, en particulier une femme. Difficile à saisir.

En passant, aux États-Unis en matière de droit d'auteur, à qui appartient le droit d'auteur si quelqu'un achète des négatifs dans un marché aux puces? Si un jour vous venez à décéder et que quelqu'un achète vos vieux disques durs contenants vos fichiers raw, est-ce que le droit d'auteur des fichiers raw appartiendra au nouveau propriétaire du support physique? C'est étrange le phrasé qui est utilisé sur le site officiel des photos de Maier pour décrire le fait que ces photos sont protégées par le droit d'auteur. Ma compréhension est que le droit d'auteur devrait appartenir à la succession légale de Maier qui, semble-t-il, n'avait pas laissé de testament... Le site mentionne qu'elles sont protégées, mais ne mentionne pas à qui est le droit d'auteur...

Effectivement, un avocat américain a soulevé cette problématique et il semble que tout est sur la glace présentement, car divers héritiers potentiels sont à négocier à qui revient les profits de ce phénomène photographique.

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