dimanche 8 novembre 2015

C.T.V. Convention Tacite de Vérité

extrait de la série La Ville Noire
La polémique entourant la mise en scène de la photo de M. Troilo qui lui a valu de se faire retirer un prix du World Press Photo, illustre bien le bris de Convention Tacite de Vérité.

Mes étudiants ont souvent de la misère à distinguer dans quel contexte, il est correct de mettre en scène une photo, et dans quel contexte ce n'est pas approprié.

La règle d'or émise par la NPPA (National Press Photographer Association) est de se questionner à savoir si la convention tacite de vérité entre le lecteur et le contexte est abusée.

Dans tous les contextes de publication, il y a une attente de la part du lecteur et cette attente est déclarée par la publication ou elle est tacite. La grande majorité du temps elle est tacite. Il faut cerner ce qu'est cette attente tacite et s'assurer qu'on la respecte. Si on abuse de la confiance du lecteur, on est en train de pernicieusement le tromper. C'est cette tromperie qui causera la mort de la confiance du public dans les institutions d'informations.

Lors du dernier World Press Photo, un photographe italien, Giovanni Trolio, à mis en scène une image où l'on pouvait distinguer un couple en ébats sexuels dans un stationnement. Un flash télécommandé avait été installé dans la voiture afin d'illuminer la scène. Un des protagonistes est le cousin du photographe et avait avisé de son intention de s'adonner à cette activité la nuit en question.

Le problème réside dans le fait que, même si dans plusieurs cas de photos de presse il est acceptable de faire usage du flash, de faire poser les sujets, dans ce cas, il est "proposé" au lecteur que cette image est capturée sur le vif à l'insu des sujets et lui confère un certain niveau d'authenticité. C'est cette "prétention" qui crée problème au sens de l'éthique. On suggère quelque chose qui n'est pas exactement ce qui s'est passé. La distance du point de vue et les conditions d'éclairages entre autres.

On pourrait répliquer que c'est dans la tête du lecteur et que c'est son problème de perception.
La morale, c'est qu'il ne faut pas trop fréquenter les limites des gauchissements de styles sinon le lecteur risque de décrocher tout simplement et devenir cynique.

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