samedi 16 avril 2016

Et si les caméras numériques n'étaient pas performantes, qu'en serait-il du marché?

Brownie des années 1940, photo Martin Benoit
J'aime beaucoup les spéculations de « réalités alternatives » (alternate reality) en bon amateur de science-fiction.

Et si nous étions encore aux prix et aux performances du Nikon D1 en cette ère de grande bande passante Intenet?

La Nikon D1, une caméra très chère (6000 $) et des fichiers semi-utilisables. C'était la situation en 2000. N'importe quel 35mm supplantait la qualité d'image de la D1 sauf sur le plan vitesse d'obtention d'un fichier. Il fallait développer et numériser. C'était la routine depuis les années 1980 afin de publier.

Un appareil de 6000 $, ce n'était pas encore exactement la démocratisation de la photographie numérique. Ce fut un appareil apprécié et très acheté, en particulier dans l'univers du photojournalisme où la vitesse et la qualité d'impression sur papier journal pouvaient vivre avec ce genre de performances.

Et si l'évolution des capteurs en était plus ou moins restée là, mais que la bande passante et la vitesse des ordis, elles, avaient progressé à la vitesse qu'on lui connait aujourd'hui permettant de télécharger des images en un clin d'oeil?

Tous les commerces voudraient mettre des tonnes d'images sur le web, mais n'auraient pas les caméras amateurs et les photographes amateurs pour nourrir cette bête affamée d'images.

Qui aurait hérité de ce mandat de nourrir cet ogre? Je crois bien que ce aurait été les photographes professionnels de l'époque qui y auraient vécu un Eldorado. Pour combien d'années? L'évolution des capteurs et leur baisse de prix auraient dicté la fin de la fête.

Nous vivons présentement un phénomène similaire avec les capteurs de grande taille. Si les professionnels avaient du attendre que les capteurs moyen format baissent de prix, ils attendraient longtemps et ils attendent encore. Toute proportion considérée, les systèmes de captures moyen format ne baissent pas de prix rapidement considérant les années qui passent. Ce sont les capteurs 24x36 qui sont sujets à la plus grande révolution au niveau professionnel. Je passe ici les progrès phénoménaux des capteurs et des optiques de caméras de téléphones cellulaires.

Au début des années 1900, un phénomène similaire s'est produit. Un nommé Turner obtient un brevet pour l'idée d'ajouter un papier opaque derrière une pellicule de sorte à pouvoir l'enrouler sur une bobine aux parois opaques afin de pouvoir charger et décharger une caméra en plein jour. Eastman Kodak achète le brevet et introduit les appareils Brownie qu'il fini par fabriquer pour 1 $ pièce à l'époque où l'appareil le meilleur marché valait ~25 $ (je fais un raccourci historique ici). Kodak destine cet appareil aux enfants tant il est simple d'utilisation espérant ainsi générer des ventes de films. On connait la suite de l'histoire, c'est monsieur et madame tout le monde qui ont acheté et utilisé l'appareil et les « pros » en ont pris pour leur rhume dans le secteur du portrait familial. Si vous avez déjà eu dans vos mains des portraits professionnels de l'époque versus les images générées par les Brownie, il n'y a aucune commune mesure. On est dans l'univers du Lens Baby première génération voir moins. Reste que la photographie a connue sa première grosse vague de démocratisation au détriment des pros.

Nous sommes dans une économie de marché où l'offre et la demande dicte les lois. Comme dirait Darwin, la capacité d'adaptation détermine la survie de l'espèce.


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