Quotidien de Londres, photo Martin Benoit |
Le choc passé, c'est devenu un effet et quelque chose que souvent les amateurs font pour rendre intéressante une photo qui ne l'est peut être pas.
J'ai été sur le jury de la SPPQ ( société de lpromotion de la photographie du Québec) il y a quelques années et j'ai été surpris de constater la popularité du hdr chez les membres des divers clubs photo. Peut-être, que depuis l'avènement d'outils automatisés pour en réaliser, l'engouement s'est répandu.
L'été dernier, je remarquais que dans certains journaux britanniques, presque toutes les photos étaient traitées en hdr au point où les gens représentés semblent mal propres aux cheveux couettés.
Pourquoi, souvent considérons-nous le hdr comme un effet plutôt qu'une réalité?
Les bons appareils photo enregistrent maintenant plus de quatorze crans de latitude. Ce quatorze crans aurait été un rêve à l'époque de l'argentique où un bon film diapositive nuançait de 8-9 crans.
La façon dont un film argentique étalait l'information (sa gradation) reste encore notre référence de ce que doit être une image sans « effet ».
Le peintre n'avait pas cette contrainte, la peinture ayant été pratiquée longtemps avant la photographie. Le peintre s'installait devant sa scène avec ses yeux et ses pigments et tentait souvent de reproduire ce qu'il voyait. Dans ce processus, il décrivait les hautes lumières avec le détail que ses iris contractés lui permettaient de voir et les ombres avec le détail que ses iris plus dilatés lui transmettaient. Du hdr avant le temps.
La bonne photographie couleur diapositive ou négative à sa propre courbe de reproduction à laquelle nous nous sommes accoutumés durant les 70 ans de photographie couleur argentique. En gros, les ombres bouchent assez rapidement et les hautes lumières sont compressées et finissent par cramer assez rapidement. Les manufacturiers ont ajusté la courbe de reproduction pour les tons moyens de sorte à bien reproduire les tons de peau en terme de perception du contraste. La courbe de reproduction est en forme de "S" fidèle (linéaire) autour des tons moyens.
Depuis les dernières années, avec l'amélioration des capteurs, on commence à accepter des ombres moins bouchées et plus texturées. On reste encore assez craintifs à vraiment ouvrir les ombres et texturer les hautes lumières, même si notre appareil peut le faire, de peur de donner l'impression de faire un effet.
Dans certains domaines, comme la photographie architecturale, c'est plus accepté, mais ce n'est pas encore la norme dans tous les secteurs. C'est selon moi un reliquat de l'argentique, qui à travers les années, a instaurer un standard de ce qu'est une gradation « normale ».
Mais pourquoi collons-nous à ce standard quand ce n'est pas « normal », ce n'est pas ce que l'œil voit, ni ce que l'appareil photo voit? Est-ce que les peintres hyperréalistes ont plus raison? Il y a même un mouvement en peinture hyperréaliste qui imite les défauts de la photo argentique.
Sommes-nous prêts à trouver normales des photos à grandes gradations?
J'étais aux Îles de La Madeleine cet été et j'étais impressionné par la saturation des couleurs causée par l'absence de pollution à laquelle je ne suis plus habitué. J'essayais de visualiser la photo qui rendrait justice à ce que je percevais et probablement on aurait dit que c'est exagéré, trop saturé et avec trop de détails.
Le problème avec le hdr c'est souvent la surutilisation de l'accentuation qui elle n'est ni perçue par l'oeil ou l'appareil mais qui donne une impression de définition à caractère artistique.
Modifier les normes de ce qu'est une photo normale est un long processus social et culturel finalement.
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