dimanche 4 décembre 2016

Brooks Institute ferme ses portes

prise de notes en 2016. photo Martin Benoit
Une très grande école de photographie professionnelle des États-Unis a fermé ses portes par manque d'étudiants et suite aux nouvelles politiques américaines d'aviser les futurs étudiants des dettes auxquelles ils auront à face suite à leurs études.

Cette politique s'applique aux écoles à buts lucratifs, ce qui est le cas d'une grande proportion des écoles américaines.

Pourquoi un tel endettement? Car les frais de scolarité de ces institutions sont trop élevés? Car les débouchés en photographie artistique sont moindres que ce que les cohortes fournissent en nouveaux artistes? Car la demande en photographe est moins élevée que la quantité de photographes disponibles?

Doit-on former la quantité de photographes que l'industrie requiert ou doit-on offrir à tout un chacun l'opportunité de se former dans le domaine de son choix au risque qu'il se retrouve sans emploi ou qu'il sabote les prix de l'industrie? C'est un débat de société qui ne plait pas toujours à l'industrie et que le ministère de l'Éducation résout assez simplement: "C'est toujours mieux d'avoir un individu formé dans un domaine quelconque que d'avoir un décrocheur". N'importe quelle formation favorise la mobilité par opposition à pas de formation.

On m'a fourni récemment les archives de la création de notre programme de photographie autour des années 1966. Nous sommes une création de la CMPQ (Corporation des Maîtres Photographes du Québec) qui cherchait une formation qui permettrait d'uniformiser les compétences des photographes ayant, à l'époque des formations diverses ou simplement pas de formation. Lorsque le ministère ouvrit le programme en 1968 suite au projet de formation de la CMPQ, nous avons eu 200 demandes d'admission. Un questionnaire avait été posé aux aspirants et seulement un candidat voulait devenir laborantin. La CMPQ s'est alors retrouvée avec une patate chaude dans les mains créant tant de compétition parmi les leurs. "Heureusement », la première cohorte n'a produit que 12 photographes.

Cette question ne se pose plus vraiment aujourd'hui, car le "secret professionnel" que pouvait fournir une formation est disponible partout sur Internet et presque tout peut s'apprendre via Internet. Oui, une relation humaine et un programme bien structuré permettront à l'étudiant d'aller plus loin et de l'encadrer, mais admettons que ce n'est plus aussi essentiel que ce l'était.

Considérant la vitesse à laquelle la technologie évolue, la formation continue est de plus en plus importante, tant pour les photographes que pour les enseignants. Comment être un enseignant pertinent sans devenir un imposteur? C'est le défi que doit relever l'enseignant moderne au Québec où les conventions collectives interdisent le double emploi qui pourrait favoriser une présence constante sur le marché.  L'enseignement de la photographie en 2016 requiert d'être un guide qui saura aider l'étudiant à découvrir ses forces et faiblesses et à l'orienter vers des marchés plausibles pour lui ou elle.

Un défi valorisant, mais de plus en plus exigeant ayant à négocier, entre autres, avec la présence des téléphones cellulaires et autres sources de distractions dans ce monde de plus en plus rapide où les résultats sont attendus de plus en plus rapidement.



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