lundi 4 septembre 2017

Doit-on tout montrer? La limite de l'acceptable.

Sylvain Castonguay, Burhan Özbilici et Martin Tremblay. photo Martin Benoit
La Maison de la photo de Montréal, présentait une conférence avec le lauréat du World Press Photo 2017, Burhan Özbilici, celui qui a pris la fameuse photo du tueur brandissant son pistolet après avoir abattu un ambassadeur russe. 

Le débat consistait à cerner ce qui était pertinent de montrer. Dans quelle mesure l'horreur nous permet-elle de bien saisir la nature d'un événement?

Sylvain Castonguay, caméraman pour RDI et Burhan faisaient remarquer que c'est une norme qui varie d'une culture à l'autre. Certaines cultures sont extrêmement frileuses avec la nudité, tandis que la violence extrême ne les offusque guère. D'autres sont satisfaites par l'opposé. C'est aussi une norme qui évolue dans le temps. Marie-Ève Bédard, animatrice du débat et journaliste à RDI au Moyen-Orient, essayait de savoir s’il n'y avait pas un danger d'aseptiser les médias des horreurs des conflits. Tous les panélistes ont eu de la misère à répondre à cette question qui est de nature politique en termes de position des grandes maisons de publication. Seul Sylvain Castonguay a exprimé clairement ses frustrations relatives à son employeur, qui, à l'occasion, retire des images qu'il tourne et qu'il croyait nécessaires.

Je reste de ceux qui croient que l'on doit en montrer davantage afin de bien prendre conscience de l'ampleur des situations. Si nous étions pleinement sensibilisés, peut-être que nous serions moins rapides à voter pour un va-t-en-guerre ou des solutions violente. Il ne faut pas mettre ces images à la une des médias, mais quand même accessibles sans que l'on ait à creuser trop loin. Toutes les images violentes sont sur Internet, mais elles sont trop profondes et nécessitent trop de recherches que l'individu moyen ne prend pas le temps de faire. La responsabilité de la presse est de nous donner la juste dose de l'information de sorte à bien être informé et prendre les bonnes décisions.

C'est certain qu'une image "choquante" peut changer des politiques. On n'a qu'a penser à l'image du petit garçon noyé face contre le sable et les politiques réfugiés syriens qui en suivirent. Oui, la mouvance était déjà là, mais l'image a capté l'imaginaire collectif d'une façon particulière. Pour me faire l'avocat du diable, l'image du même garçon où le visage était plus visible existe, mais ce n'est pas celle qui a marqué et il existe beaucoup de photos d'enfants noyés. Pourquoi celle-là spécifiquement? L'histoire nous le dira.

Aucun commentaire: