vendredi 24 février 2012

Photographier une manif au 2 1/4

En analysant, à forte magnification mes photos de la dernière manif étudiante du 23 janvier dernier, j'ai découvert deux photographes qui utilisaient des caméras moyen format à pellicule.

Deux photographes au 2 1/4 lors de la manif du 23 février. photo Martin Benoit
Je me permets de supposer que si j'effectuais une analyse plus systématique, j'en trouverais probablement quelques autres. Considérant la nature de l'événement, c'est un ratio élevé. Il devait y avoir des centaines de caméras lors de cet événement. Les manifestants font des photos, les policiers, les photographes des médias et les passants sur la rue. La photographie appartient au peuple et des fois le peuple utilise de la pellicule.

Est-ce que ce phénomène fait partie de la rétromania dont plusieurs parlent en terme de nouveau paradigme photographique?

On pourrait croire que 12 poses (ou un peu plus) pour faire une manif c'est un beau défi. Pourquoi pas au 4 x 5? Pour avoir shooté des manifs au 35mm, il n'y a presque pas de différence, en terme de démarche que de shooter en numérique. Shooter une manif au 2 1/4, c'est comme shooter un match de boxe de Mohamed Ali au Rolleiflex étant ring side. Anticipation, composition, orchestration, ou encore, abandon et on verra au développement.

Je ne sais plus quoi penser. Je n'ai jamais tant vu de caméras pellicule circuler autour de moi. Habitant à proximité de la rue St-Laurent, hauteur Prince Arthur, je peux voir tous les jours des jeunes qui déambulent avec des caméras 35mm au cou. Pas des bons 35 pros, mais des 35 mm amateurs des années 70-80. Pas des années 90 ou plus. Des fois je me questionne à savoir si il y a de la pellicule dans ces boitiers. Sommes-nous en train de confondre le contenant avec le contenu?

Je remarque que le négatif (qui pardonne techniquement) est beaucoup plus populaire que le transparent (la diapositive qui ne pardonne pas). Étrangement, chez les pros, le médium de prédilection était la diapositive. Comment se fait-il que la diapo soit si peu populaire chez ces photographes. Je vais faire mon enquête chez Boréalis, un des derniers labos argentiques de Montréal.

C'est définitivement un excellent exercice de prévisualisation et de recherche visuelle que de photographier en pellicule dispendieuse à l'occasion pour s'aiguiser l'oeil.

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Pourquoi ce ton quasi-condescendant en direction de ces photographes?

Le retour en arrière est indispensable à mon avis dans l'apprentissage de la progressions dans n'importe quel milieu non? Comment comprendre vers ou se dirige notre domaine sinon regarder d'ou il vient?

Les étudiants en graphisme vont apprendre à manier des pigments sur une toile, même si leur carrière se déroulera majoritairement devant un écran ordinateur.

Les DJ apprendront à mixer avec des vyniles ou CD à la mitaine pour que le tempo soit un calcul mental facile, avant de laisser l'ordinateur faire la moitié du boulot.

Selon vous, est-ce que tous les pianistes devraient arrêter d'accorder leurs pianos parce que ça coûte de l'argent et passer aux claviers numériques?

Laissons les gens s'amuser et explorer de la façon qui leur plaît sans leur coller l'adjectif du jour ("retromania", vraiment?) impunément. Cet étiquettage ne sera jamais concluant puisqu'il y a et aura toujours autant de démarches photographiques que de photographes.

Martin Benoit a dit...

Observations pertinentes, mais est-ce la raison primordiale pour laquelle l'argentique est soudainement si populaire?

Marie-Maxime a dit...

Moi je trouve très sympa!

Je m'ennuie du temps ou je dévellopait en chambre noir. Voir la magie qui va se dérouler devant mes yeux! Vais je avoir une simple photo à l'oubliette ou un chef d'oeuvre qui va passer l'ère du temps!
Juste le fait d'attendre, d'anticiper, de prendre son temps!

Je crois que s'il y a un retour de la péllicule, c'est justement pour ça! Dans ce monde de "tweet", tout est consommé vite. Ont dirait que le monde entier à oublier la patience et l'appréciation du moment!