mercredi 4 décembre 2013

Ce que l'on ne veut pas entendre de la profession de photographe

Un article brutal sur certaines réalités du milieu qu'on ne veut pas trop entendre. (il faut lire l'article)
Olivier J.avec un morceau de verre dispendieux. photo Martin Benoit

En résumé:

1- L'équipement fait plus la différence qu'on ose l'admettre
2- Les photographes trafiquent leurs fichiers raw au point de faire des choses pas trop éthiques et dans le fond, tout le monde s'en fou.
3- Souvent ce n'est pas si important que ça que nos photos soient réellement bonnes.
4- La photographie c'est plus facile qu'on ose l'admettre.
5- Il faudra un jour reconnaître que l'âge d'or de la photographie est passé.

Certains volets de la profession sont plus sujets que d'autres à vous désillusionner. La photographie sportive peut en être une, le mariage et d'autres.

Assez corrosif et amer. Que faut-il conclure des directions que prend la profession?

À chaque période de l'histoire de la photographie, il y a eu des critiques acerbes envers son évolution et les conséquences sur ceux qui gagnent leur vie avec cet « art ».

Quand Kodak a démocratisé la pellicule avec ses rouleaux de film et ses box caméras, ça n'a pas fait que des heureux. Un peu trop facile à utiliser. Il faut se remettre à l'époque de la plaque de verre et des caméras à soufflets complètement manuelles. Quand les frères Lumières ont manufacturé leurs plaques Autochromes couleur, c'était un peu plus facile que les caméras à triples expositions. Quand le collodion humide a tassé le daguerréotype trop difficile à voir et pas assez sensible... La liste est longue des évolutions qui en ont brusqué plus d'un.

C'était quand l'âge d'or de la photographie?

Quand j'ai commencé, à la fin des années soixante à faire de la chambre noire, les « vieux » parlaient de façon passéiste des vrais matériaux disparus. En labo professionnel au milieu des années quatre-vingt, les vieux laborantins méprisaient l'impression couleur RA-4 relativement au transfert hydrotypique (Dye Transer) qu'ils avaient pratiqué. L’utilisateur du Cibachrome au masque argentique méprisait le tirage RA-4. Je peux continuer avec des commentaires de déceptions relatives aux progrès.

Je pourrais faire une longue liste des âges d'or passés. Je suis dans le secteur depuis 37 ans et à toutes les époques je rencontre des gens qui me disent que c'était mieux avant. C'est toujours mieux avant pour certains. La photographie se dégrade depuis Nicéphore Niepce il semblerait à les écouter.

La photographie change et continuera à changer et à chaque changement il faudra s"adapter. Ceux qui pratiquent encore le collodion humide (ambrotype, tintype, etc) savent que la photo a déjà nécessité beaucoup de travail pour des résultats pas toujours certains.

À une époque pas si lointaine, la profession avait d'yeux que pour ceux qui possédaient le secret professionnel. Le secret professionnel s'émousse ces dernières années. Internet dévoile la dernière des petites techniques professionnelles si vous savez où chercher. Nous ne sommes plus receleurs de la connaissance, ou de l'équipement ou de la relation privilégiée avec le client.Même des secteurs comme la pub en agence s'ouvre à des « non-pros ».

La tendance lourde, c'est que la photographie s'améliore tout le temps et cette tendance est là pour rester. Elle se démocratise de plus en plus et il est de plus en plus facile d'obtenir une image techniquement acceptable. Est-ce qu'une bonne photo techniquement est une photo valable?
Est-ce que la photographie n'est que la capacité à produire une image techniquement acceptable? C'est discutable.

Espérons faire partie des survivants. Les biologistes disent que la capacité d'adaptation est un critère de l'intelligence. Espérons être intelligents.


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