lundi 10 mars 2014

If you can't beat them, join them

C'est en gros le message qu'envoie Getty Image en autorisant l'intégration de leurs images à des fins non commerciales.

Getty Image, la plus grosse banque d'images au monde, a annoncé, la semaine dernière, que dorénavant, un nouvel outil d'intégration sera disponible afin que ceux qui font des usages non commerciaux de leurs images puissent les utiliser gratuitement. Ce modèle va à l'encontre du but de l'entreprise qui se spécialise dans la vente d'images. Getty explique que l'intégration (embed), plutôt que la sauvegarde de l'image et le déplacement vers un autre serveur, leur permettra de suivre l'usage de leurs images et de faire prendre conscience aux utilisateurs et lecteurs que l'image qu'ils voient appartient à quelqu'un d'autre.

 
Un peu de pédagogie et surtout l'espoir de voir des éventuels acheteurs retourner vers le site parent.
Cette stratégie se rapproche de celle de YouTube qui ajoutait un bandeau interactif, sur les vidéos utilisant une bande audio dont les droits n'avaient pas été libérés. Ce bandeau menait vers un site commercial pour acheter la pièce de musique en question. Il est difficile de connaître les fruits de ces stratégies, les chiffres n'étant pas facilement accessible, mais il semble certain que, soit tu interdis la diffusion et tu perds la possibilité d'une vente, soit tu autorises la diffusion illégale et tu risques une vente. Tu fais parler de toi ou tu vends à l'occasion en faisant moins parler de toi.

Rien n'est évident ici. Un musicien qui commence est prêt à payer pour jouer à la radio et se faire connaître. Il expédie ses disques gratuitement aux stations en espérant un peu de visibilité. Un jour, il sera connu et récoltera des "royautés". Gratuit quand ça me sert, payant quand ça me sert. Un peu comme le modèle de grands hebdomadaires montréalais qui paient très, très peu pour la photo de couverture, car ils savent que c'est une bonne visibilité pour le photographe. Ou comme un grand photographe qui ne paie pas ses assistants, car il considère que c'est une précieuse école pour l'assistant.

Dans ce même esprit, je fais la blague, à l'occasion en classe : « Combien sera mon pourcentage sur tes futurs revenus en tant que professionnel? Si tu as du succès financier, c'est peut-être à cause des trucs inédits que je t'enseigne? Les étudiants n'aiment pas ce genre d'humour que je n'ai pas inventé, mais “emprunté” à un prof du HEC (Hautes études commerciales) qui posait cette réflexion à ses étudiants. Oui, je suis payé par l'État pour faire ce boulot, mais jusqu'à quel point?

La question reste toujours la même. Quelle est la stratégie de rémunération juste pour un travail à caractère créatif?

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