poster de l'expo McCurry sur la rue St-Laurent, photo Martin Benoit |
La NPPA a écrit un long article nuançant la question.
Il était à Montréal, la semaine dernière, pour l'ouverture de son exposition solo.
On ne parle que des altérations qui ont été découvertes sur des photos récentes. Un petit garçon a été retiré d'une de ses photos. Pour une raison esthétique?
Quoi qu'il en soit, McCurry est une icône du photoreportage avec, entre autres, le succès de la page couverture du National Geographic de 1985 illustrant une jeune fille afghane qui est utilisée pour le poster de l'exposition.
Est-ce qu'un photographe peut changer de chapeau? Est ce qu'un photoreporter peut devenir un photographe artistique, qui est "autorisé" à altérer ses photos une semaine et un photojournaliste la semaine suivante? Est-ce qu'un photographe est cloisonné par le succès d'une de ses photos, qui elle appartient à un genre spécifique?
Le problème est la confusion des genres. Si McCurry exposait que des photomontages d'apparitions de vaisseaux Star Wars dans des grandes villes européennes, sa position serait claire et il n'y aurait pas de confusion. C'est la notion de c.t.v. (convention tacite de vérité) qui pose problème. Quand on va voir une exposition de McCurry, on s'attend à voir du reportage vrai fait selon l'éthique de la profession. Dans le cas d'une telle expectative, il faut être clair et non ambigüe si on veut sortir de ce sentier.
La frontière des genres a toujours été un terrain dangereux. Pour certains, le plus intéressant, car il suscite l'interrogation chez le lecteur.
Il semble que McCurry soit confiné au statut de photojournaliste, qu'il le veuille ou pas. Qu'il se décrive comme un "story teller" ou non.
Un fait à remarquer est l'utilisation de la photo de la jeune fille afghane comme poster de l'exposition. Oui, c'est sa photo la plus connue qui attirera peut-être des acheteurs éventuels, mais c'est une page couverture du National Geographic que l'on a tendance à considérer comme un magazine qui rapporte la vérité. J'ai photographié les yeux sur le poster ce matin et si on compare cette "interprétation" des yeux de la jeune fille avec la page couverture de 1985, on peut encore constater des disparités importantes.
Pour avoir connu l'époque de l'édition et de la préimpression des années 85, je souligne que les photographes étaient très rarement impliqués dans les processus d'altérations d'images pour l'impression. C'était plutôt du recours des directeurs artistiques de la publication ou encore à la discrétion de l'opérateur de la station de séparation de couleurs. Nous sommes 6 ans avant l'introduction de Photoshop et ses équivalents domestiques.
comparatif entre le poster de mai 2016 et le cover de 1985 |
Il ne faut pas grande expertise en retouche électronique pour constater que les deux images sont différentes et je ne parle pas ici du contraste. La section inférieure est un détail du poster photographié ce matin à l'aide de mon téléphone et la section d'en haut est une photo du cover tel qu'imprimé sur ma copie du National Geographic de 1985. Un jour, il faudra voir le Kodachrome original.
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