De plus en plus de photographes de divers secteurs ajoutent à leur pratique la photographie argentique.
En ces temps de développement technologique où les appareils atteignent des sommets technologiques rêvés, quelle est la pertinence d'un tel retour?
La NPPA (National Press Photographer Association) mentionnait cette semaine l'expérience de Chip Litherland qui utilise du film périmé pour compléter certaines de ses affectations.
Dans le secteur de la mode, il semble que, particulièrement en Europe, certains photographes commencent ou continuent à offrir des services argentiques.
Pour ma part, je recommence à enseigner l'initiation à la photographie argentique en remplacement de mon collègue qui vient de prendre sa retraite. Pourquoi s'investir dans une telle technologie en 2016? Force est de constater qu'en trois années de formation, la maîtrise de l'exposition et du rapport d'éclairage n'est pas aussi bien assimilée qu'à l'ère argentique ou $ et temps imposaient de comprendre un peu plus rapidement.
Les outils de validation du contraste et de l'exposition sont si performants aujourd'hui (histogramme en temps réel) qu'il est triste de faire ce constat. C'est une généralisation, évidemment il y a toujours des étudiants qui ont bien compris les enjeux en cause et qui éclairent et exposent parfaitement. La rétroaction de l'écran étant bienvenue, elle peut devenir un couteau à double tranchant si elle devient une béquille.
Le second volet des grandes différences entre les deux démarches est la question de la prévisualisation. En argentique on est souvent forcé à prévisualiser le résultat n'ayant pas la rétroaction de l'écran. Cet effort supplémentaire peut, dans certains cas, mener vers une cogitation supplémentaire avant de déclencher l'obturateur. Vous remarquez peut-être que je ne fais que des généralisations et non pas des règles ou dogmes de ces attitudes.
Mon intérêt réside principalement à développer ce muscle qui peut devenir atrophié si on se rabat vers le bas prix des prises de vues en numérique et la rétroaction du moniteur arrière. Je découvre aussi que le travail en laboratoire nécessite une certaine dextérité manuelle que j'avais oubliée. Certains étudiants maîtrise cette dextérité très rapidement et d'autres moins rapidement et ce peut être décevant pour eux qui sont rendus en 3e année et découvrent qu'ils ont encore quelques croutes à manger.
Je reste fasciné par la fébrilité qu'ils ont à faire de la chambre noire et j'espère que cette excitation les suivra dans leur mémoire ou dans leur pratique.
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