The Lens, le très respecté blogue sur la photographie du New York Time, vient de publier un reportage photo réalisé à l'aide d'un iPhone dans un contexte militaire en Afghanistan.
Le photographe explique comment l'utilisation de son iPhone, plutôt que sa « grosse caméra », lui a permis d'être plus « imbriqué » au sein du corps militaire. Une belle approche qui me semble légitime et appropriée. Où le bât blesse pour moi, c'est pourquoi avoir utilisé l'application Hipstamatic dans le iPhone pour obtenir un look distorsionné de la réalité si précieuse qu'il tentait d'approcher si subtilement avec le iPhone? Gain de contraste, désaturation, dominante verte. Il dit avoir atteint une intimité autrement inatteignable et ensuite il la distorsionne via cette très populaire application.
La dure réalité est-elle si difficile à accepter?... Ou le hipstalook rules?
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10 commentaires:
Hum j'ai l'impression que ce n'est pas une question que la dure réalité soit difficile à accepter mais que c'est plus jolie à regarder ainsi.
Je trouve que c'est rafraichissant face au monochrome.
En tout cas, on (je) voit ce genre de traitement d'image de plus en plus, et avec les presets dans Lightroom qui permettent d'éditer ce genre très facilement on a surement pas fini d'en voir.
Tant qu'a ca, traine une holga! ca coute moins cher au bris et ca donne une meilleure résolution avec le même effet ^^
Alors il ne faut peut-être pas négliger l'attrait d'images au look tendance pour les rédacteurs, diffuseurs. d'ailleurs, les images prisées du World Press ne sont pas très très 'flat'.
C'est justement ça le problème. On est rendu à de l'info-spectacle et ensuite on se plaint que le photojournalisme n'a plus la cote.
Les juges du World Press ont été obligés cette année de refuser 20 % des photos, car trop Photoshoppées...
http://pratiqueprofessionnelle.blogspot.com/2010/08/20-des-photos-trop-photoshopees-au.html
Il faut discerner les genres. On fait de l'expression visuelle ou l’on fait de l'information. Je ne veux pas dire que tout est hyper cloisonné, mais le danger de fréquenter les frontières, dans ce domaine où la crédibilité est fragilisée, contribue à créer de la confusion chez le lecteur.
C'est vrai que l'originalité en photojournalisme ça n'a jamais été bien vu.
C'est peut-être le temps pour un petit changement de garde et d'idéologie non ?
Je suis d'accord avec Martin, car j'ai regardé la suite d'image rapidement et mon cerveau a beaucoup plus analysé le traitement de couleur des images que le contenu. Oui, c'est très joli, mais ça n'a pas sa place dans un contexte de reportage. Je trouve que ça enlève de la crédibilité.
C'est du photojournalisme!! C'est pas des photos de petites fleurs... c'est des photos dans un contexte de guerre....... imaginez des photos de soldats démembrés avec le même traitement... ça va causer un problème d'éthique...
L'étroitesse d'esprit est sans doute ce qui tuera le vrai photojournaliste.
Robert Capa est mort vous savez ? En 2010, il est peut-être temps de passer à autre chose.
HAHAHAHAHAHA!!!!!!
C'est incroyable! Un journaliste qui utilise une application jouet pour faire un reportage dans le Times!
Comment cela se peut-il que des gens approuvent qu'on manipule des images "porteuses de vérité" avec des filtres amusants?
Mais où en sommes-nous rendus?
Je me doutais, en postant ce billet, que je touchais à une vache sacrée similaire au phénomène Céline Dion qui est intouchable au Québec. La question qu’il faut se poser est pourquoi une telle « réinterprétation » de la scène? Qu’essaie le photographe de communiquer par cette réinterprétation?
Je ne suis pas assez naïf pour croire que la photographie enregistre la réalité; c’est une réalité choisie par le photographe et c’est ce talent d‘ «éditeur» que nous célébrons et valorisons. Il faut, par contre, reconnaître le rôle social de chaque secteur de la photographie et l’entente tacite avec le lecteur/utilisateur. La réinterprétation d’une image publicitaire, d’une recherche visuelle personnelle artistique, d’une photo de mariage, etc., en est une, mais qu’en est-il du photojournalisme?
Le quotidien Le Devoir publiait un article dimanche le 21 nov 2010 ayant pour titre : Le photojournalisme peut-il être considéré comme un des beaux-arts? L’article mentionnait que de plus en plus la frontière devient vague entre l’art et l’information “dure”. Une des causes de cette “variation sur un thème” semble être le modèle financier du photojournalisme qui ne s’est pas actualisé aux réalités du marché moderne et qui doit se chercher des revenus via la vente d’oeuvre d’art.
Pourquoi et selon quelle éthique, les membres du jury du World Press ont éliminé 20 % des images trop Photoshoppées? Par étroitesse d’esprit et manque de culture et de vision? Ils sont restés jammés sur Cartier-Bresson et cie?
La société est devenue cynique et ne croit plus en rien, car on lui a trop menti et qu’on continue à lui mentir sous toutes ses formes. Je reviens à l’instant d’une conférence donnée par Brian Myles président de la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec dont beaucoup de photojournalistes font partie et il mentionnait de nouveau que la crédibilité du journalisme est toujours à la baisse et qu’il faut réagir. Gauchir un style à une fin légitime (Style Bending for a Purpose) est une chose, mais le gauchir gratuitement afin d’être à la saveur du jour en est une autre. C’est ce qui semble avoir motivé ce photographe. Peut-être qu’ultimement, cette audace lui a valu d’être cité un peu partout et sa visibilité aura augmenté, ce qui est l’intention d’un reportage d’être vu par un maximum de spectateur pour avoir éventuellement une portée. Dans ce cas, il a réussi et sa démarche est louable. Dans l’autre, on aura oublié ses photos quand la mode sera passée et on dira : eh que ça fait 2010!
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