lundi 11 décembre 2017

Le E6 (développement des diapositives) se meurt

Séchoir de notre dernière développeuse E6. photo Martin Benoit Nikon D1
J'allais déposer 25 rouleaux de Fujichrome™ que mes étudiants avaient exposés, dans le dernier labo à Montréal qui développe encore du E6.

Je découvre à ma grande surprise qu'au Canada, il ne reste que Vancouver et Montréal qui ont encore les équipements professionnels pour ce procédé. Toronto expédie à Montréal ses développements...

Ensuite, il faut aller à New York ou Buffalo.

Kodak réintroduira son Ektachrome™ en 2018. Qui développera ces films?

Voici l'annonce officielle de Kodak.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le développement couleur, le procédé de développement utilisé aujourd'hui pour la diapositive se nomme E6. Ce procédé est le plus complexe et le plus délicat qui est toujours disponible. D'autres procédés, encore plus complexes, ont existé, mais ils se sont éteints il y a de ça plusieurs années.

En plus de nécessiter un bon investissement financier, maintenir une qualité de traitement avec un faible volume, tiens du miracle. À quoi bon utiliser un film merveilleux si son développement est erratique ou déficient?

Nous venons de recevoir une belle développeuse Jobo ATL-3 d'un organisme qui avait cessé de l'utiliser il y a de ça quelques années. Deux machines dans les faits. Une pour les pièces et une tonne de cuves et spirales. Cette philosophie de développement (ATL 3) permet de faire des développements complexes avec un investissement minimum et un maximum de qualité.

Qui fabrique et fournit encore ces développeuses et leurs pièces de remplacement?

Les grands manufacturiers de développeuses, Kreonite, Durst, Colex, Colenta, Technolab, Refrema, Hope, Autopan, Fujimoto, Kodak, Jobo et quelques autres, sont tous disparus et ne fournissent plus les pièces de leurs machines.

On me racontait les acrobaties qu'il faut faire afin de maintenir les développeuses opérationnelles... La photographie argentique est complètement à la remorque des manufacturiers. Ce n'est pas vrai que les enthousiastes de l'argentique fabriqueront leurs propres émulsions dans le futur. Et pourquoi les compagnies continueraient à fabriquer de l'émulsion si ce n'est pas rentable? Les Kickstarter de ce monde ont réussi à revitaliser certains produits dans une certaine mesure. De l'émulsion c'est pour les grands. C'est pourquoi peu de fabricants de films couleur ont existé. Ils se comptent sur les doigts d'une main. Le noir et blanc est plus simple, mais reste un marché restreint.

Il reste qu'à souhaiter que les fabricants meurent peu à peu de sorte à renforcer celui qui restera et en ressortira plus fort comme le roi de la montagne et qui pourra rentabiliser son industrie. C'est un peu ce qui est arrivé à Ilford après l'arrêt de Agfa et Kodak dans le marché du papier noir et blanc. Reste qu'Ilford n'a pas une plus grande gamme de produits, mais peut maintenir ses produits phares. Certains Européens obscurs sont réapparus. On pense à Foma et à Rollei. Vont-ils survivre?

Le site de B&H offre quatorze marques d'émulsions. Certaines peu connues et d'autres plus classiques. Ce n'est pas le cas de nos magasins canadiens qui, dans le cas du plus gros, en offre que six. B&H est une exception mondiale, c'est probablement le plus gros revendeur de la planète et il peut se permettre de maintenir un stock de films plus obscurs.

Au niveau de la photographie professionnelle, l'existence du film argentique a peu ou pas d'impact sur le marché. Au niveau culturel, c'est une porte d'entrée sur un geste et une attitude difficilement imitable en numérique. Le talent photographique ne tient pas à l'expérience argentique, mais sa pratique reste une aventure picturale fascinante qui s'enrichit de l'expérience numérique. Un geste mental qui suppose une prévisualisation du résultat et une plus grande sensibilité aux facteurs qui construisent une image. Je n'ai qu'à mentionner la température de couleur et le contraste de la scène originale. On se préoccupe de moins en moins de ces variables sachant que le format RAW ou la grande gradation de filmer S-Log à 15 crans de latitude, permettra de sauver presque n'importe quoi.

J'ai recommencé à enseigner la prise de vue et la chambre noire argentique depuis le départ à la retraite de mon collègue. C'est la notion la plus difficile à faire assimiler de prendre conscience au moment de la prise de vue du contraste originale de la scène et sa température de couleur. L'expérience de la prise de vue sur film inversible couleur remet les pendules à l'heure assez rapidement.

Pour ceux qui n'ont pas fait d'argentique depuis un moment, je recommande de vous acheter un 36 poses de chrome et d'en faire l'exercice. Essayez de prendre une vingtaine de photos intéressantes sur un 36 poses sans faire des fourchettes. On en sort que grandi.

À vos caméras.

samedi 25 novembre 2017

Le paradoxe de l'art en photographie

Puerto pavés, Instagram Martin Benoit
Rêvons un peu. Un monde sans art est assez ennuyant et mène vers une société en dérive tôt ou tard. Dans cette perspective, il appert normal que ce soit le gouvernement qui veille à la santé mentale de sa population en finançant l'art de la même manière qu'il finance la santé physique.

Dans les faits, il existe le Conseil des arts fédéral et provincial. Une déclinaison d'organismes publics et privés qui tentent de voir à la survie des artistes.

Dans les faits qu'en est-il de la situation financière de l'art?

Je m'arrête ici, car on parle évidemment de l'art photographique et comment en vivre en tant qu'artiste photographe au Québec en 2017.

Afin de "rémunérer" l'artiste, le gouvernement offre une protection via le droit d'auteur et les diverses ristournes et processus de défenses que le droit d'auteur représente. Ces mécanismes ne restent qu'un pis-aller pour pallier à la défaillance du gouvernement à nourrir l'artiste essentiel à notre société.

Une question se pose par contre: quels seront les projets/artistes financés par les deniers publics? Nous avons connu l'art de propagande de l'ère soviétique ou l'art religieux qui a fleuri dans les riches églises aux siècles passés. Il en fut de même pour le financement de la musique qui s'est souvent rendue à nous par le biais du financement religieux. Sans la religion ou sans les grandes dictatures, plusieurs formes d'art ne se seraient jamais rendues à nous. Il y a aussi tous ces inconnus qui ont manqué le bateau du financement des églises, dictateurs et mécènes. Ces illustres inconnus dont nous ignorons tout de leur art.

Dans la perspective où nous reconnaissons le besoin d'être entouré d'art pour notre santé sociale, devrions-nous financer l'art "populaire"? Celui que tout le monde aime d'emblée, et moins financer l'art marginal? Quels sont les véritables critères d'acceptation du Conseil des Arts? Ce que le Conseil des arts finance se retrouve-t-il facilement distribué et accessible à la population?

Notre société ne veut pas tuer les artistes, mais peine à les financer. Elle se fait une belle jambe avec ses organismes de financement qui théoriquement veille à la survie des artistes.Dans un siècle, quelle forme d'art aura survécu et atteindra les futures générations? Est-ce un indice de mesure de la qualité de l'art?

Est-ce que le travail d'Ansel Adams qui prenait ses fameuses photos de paysage pour le Sierra Club est de l'art ou du commercial? Est-ce que le commercial s'oppose à l'art? Alors, comment s'assurer de la survie des artistes en ces temps où l'on est exposé à environ 4000 photos par jour en moyenne? Quelle est la valeur sociale d'une photographie aujourd'hui? À en juger par la baisse de la valeur des photos dans les secteurs commerciaux, quel organisme sera prêt à verser des sommes significatives pour un projet photographique artistique?

Instagram et les appareils photo des téléphones cellulaires ont créé des artistes-photographes instantanés. Qu'en est-il vraiment?

Je crois que notre société actuelle occidentale basée sur l'offre et la demande n'est pas prête à assumer les frais qu'implique l'art. Les artistes sont donc confrontés à vivoter ou à "adapter" leur art à une profession qui leur permettra de s'exprimer un peu. C'est peut-être ce gauchissement de la fonction qui sera salvateur. On se souviendra des variations Goldberg qui n'étaient qu'un cahier d'exercices pour clavier destiné un étudiant de Bach selon la légende.


dimanche 5 novembre 2017

L'image de synthèse, une amie ou ennemie du photographe?

Mazda woodworker backstage from WesternJack on Vimeo.

Un concours de détection des images des synthèses produites par IKEA circulait sur Facebook il y a quelques mois.

Savez-vous détecter une image de synthèse d'une vraie photographie issue de vrais photons qui ont traversé un vrai objectif?

Cet été, un ami qui roulait un studio d'illustration depuis plusieurs années a opté pour une carrière d'éclairagiste de synthèse dans une grosse boîte de production. Il conseille un expert en images de synthèse sur ses stratégies d'éclairage de sorte à créer des images plus photo-réalistes.

Les modules de rendus récents produisent du HDR et des kits d'éclairage associés. Les hors foyers et le respect des comportements optiques des objectifs sont générés depuis plusieurs années.

Encore une fois, la puissance des cartes vidéos des gamers (GPU Graphic Processing Unit) permet à des coûts "raisonnables" de créer à la "maison" des résultats à s'y méprendre.

Par contre, le Bitcoin Mining a créé des arrérages en matière de cartes vidéos très performantes qui sont maintenant dévolues à la spéculation financière. C'est quand même spectaculaire que les cartes de gamer soient monopolisées pour de la spéculation financière. Excusez mon manque d'érudition en la matière, mais ma naïveté et mon idéalisme ont été ébranlés quand j'ai constaté, dans une grande chaîne de produits informatique du Canada, que tous les produits performants étaient "back order" pour le Bitcoin Mining. Est-ce un phénomène temporaire ou qui persistera? Peut-être que je passe à côté d'une fortune dissimulée... J'en doute fort.

Depuis plusieurs années, certains photographes ont ajouté à leur arc une corde de CGI (Computer Graphic Imaging) afin de satisfaire certains clients et de se diversifier. Il est évident quand on s'intéresse sérieusement à l'image de synthèse que la sensibilité d'un photographe en matière de compréhension des objectifs et de la lumière est un atout important et fait la différence entre une bonne et une très bonne image de synthèse.

Les plus grands logiciels de synthèse utilisent des algorithmes disponibles dans des cartes vidéo domestiques et permettent des résultats surprenants. Une étude avait démontré que le public confond souvent une image de synthèse pour une vraie image photographique et vice et versa. Le même genre d'étude avait démontré que la détection de l'usage intensif de Photoshop dans une image était souvent confondue avec une photo non altérée.

Les artistes 3D deviennent de plus en plus conscients qu'ils doivent développer une vision photographique de leurs projets.

Encore une technologie  de plus à apprendre? Certains photographes considèrent qu'un assistant avec des compétences en 3D est un plus à leur studio. Comprendre ce que la 3D a à offrir reste important afin de savoir comment mieux planifier une prise de vue complexe et optimiser ce que l'on doit faire et ce que l'on doit envoyer en CGI. Si ce n'est pas vous qui le déterminez, ce sera l'agence qui vous engage. Un peu comme bien, comprendre les possibilités de Photoshop permet de savoir où commencer et où arrêter.

dimanche 15 octobre 2017

DIY numériseur à films vs Nikon D850

DIY Scanner version très très économe. photo Martin Benoit
Lorsque Nikon a présenté son dernier appareil, le Nikon D850, beaucoup de bruit s'est fait autour du phénomène qu'il le recommandait comme numériseur à pellicule à l'aide de l'adaptateur ES-2.

Cette solution de numériser des films à l'aide de caméras numériques a pris sa popularité lors de l'apparition du Canon 5D mkII qui se confrontait aux numériseurs de l'époque. Beaucoup concluaient que de numériser en macro du film à l'aide d'expositions multiples (HDR) à la magnification finale recherchée, atteignait une qualité de gradation et de définition supérieure à plusieurs numériseurs spécialisés.

Qu'en est-il de la solution du D850/ES-2? Premier fait à remarquer est que Nikon recommande l'utilisation d'un de leurs objectifs macro/micro qui se détaille autour de 700$ en plus du 200$ pour le ES-2... Nous ne sommes pas loin du prix d'un numériseur Epson Photo V800 à 6400ppi pour 1150$.

Nikon parle en termes de numérisation à 45,7MP et Epson et les numériseurs parlent en termes de résolution en ppi. 6400ppi c'est 6400 pixels au pouce et un 35mm mesure 24mmx36mm, soit 1po par 1,5po. Donc 6400px x 8600px = 55Mp. Tout ça est un calcul mathématique de combien de pixels peuvent théoriquement être générés par de telles numérisations.

Tous ceux qui sont familiers avec la numérisation de pellicules savent que les pixels ne sont pas tous nés égaux. Les appareils photo doivent faire du démosaïcage afin de générer les valeurs BVR d'un pixel donné, et ce très souvent au travers un filtre passe-bas (sorte de diffuseur) de sorte à éviter les confusions de couleurs propres au motif Bayer qu'utilisent les capteurs. D'autre part, la grande majorité des numériseurs à plat font appel à un capteur trilinéaire qui consiste en trois rangées de photosites spécialisés en la capture d'une couleur primaire. C'est le balayage qui permettra de successivement capturer individuellement pour chaque pixel de vraies valeurs BVR sans avoir recours au démosaïcage.

Le point faible de la grande majorité des numériseurs à plat est qu'ils utilisent des optiques de qualité discutable et ce toujours à la même magnification (distance film à numériser/capteur). Ils obtiennent les différentes résolutions grâce à l'intrapolation des pixels capturés ou simplement en s'abstenant de capturer certaines informations de certains pixels quand la résolution sélectionnée est un multiple inférieur à la résolution native du capteur. De plus, la grande majorité des numériseurs ont une faible plage de luminosité afin de s'adapter aux diverses plages de densité que peuvent présenter une diapositive sous-ex ou encore un négatif sur-ex ou surdéveloppé. Traverser des densités élevées au-dessus de 2,5 devient rapidement problématique pour les numériseurs. Il y a des exceptions chez certains numériseurs comme les Nikon en variant la puissance de la source lumineuse ou encore chez les numériseurs à tambour. On parle de budget complètement différent dans ces derniers cas.

Un grand avantage de numériser à l'aide d'un bon appareil photo HDSLR est d'avoir un contrôle quasi total sur l'exposition et de la plage de densité ainsi que la gradation que l'on obtiendra. Si l’on désire une résolution supérieure, on s'approche du négatif et on le numérise en parties que l'on reconstruit ensuite dans Photoshop. Si on désire traverser un film trop dense, on augmente le temps d'exposition ou la puissance de la source lumineuse. On désire une grande plage dynamique, on effectue diverses expositions que l'on recombine (hdr). Théoriquement, c'est le paradis et le grand contrôle. Dans les faits, l'exercice est plutôt laborieux si vous voulez des résultats précis. Par contre si vous pouvez vous contentez de résultats aussi bons que ce que votre caméra produit lors d'une photo de paysage, vous gagnez en vitesse. C'est souvent la solution la plus rapide pour numériser une très grande collection de diapositives. Un petit banc de repro et click, click, on passe d'une diapo à l'autre, pas d'aperçu de numérisation et le tour est joué beaucoup plus rapidement qu'un numériseur à plat.

Dans le but de rassurer mes étudiants, qui croient souvent qu'il n'y a plus de vie après le passage au département, car ils n'auront plus accès à notre vaste palette d'outils, je leur propose de se fabriquer un numériseur à film pour 27,44$ à partir d'éléments que l'on trouve au Dolorama et sur Amazon. Une vieille boîte de Kleenex, du papier ciré, une ampoule d.e.l., des bagues rallonges macro, un trépied inversé, un porte-négatif en bristol et le tour est joué. Il vous reste à être méthodique et méticuleux. Évidemment, ce dispositif peut-être amélioré à plusieurs égards, mais l'idée est de rester très accessible. Je dois vous avouer que je n'ai eu aucun succès avec les étudiants qui regardent cet assemblage plutôt comme un délire du prof. qu'un outil leur permettant de faire de l'argentique sans trop se vider le porte-feuille...

Ayant eu à numériser beaucoup de négatifs et diapositives à travers les années, j'ai utilisé toutes les techniques possibles allant de la boîte de Kleenex à 27$ au numériseur à tambour à 70k$ plus. Je trouve l'approche de Nikon très simple et relativement bon marché. Il faut par contre fermer le diaphragme au moins à f11 de sorte à compenser la courbure de champs des objectifs normaux. Sinon, il faut s'équiper d'un objectif micro (pas bon marché) afin de s'assurer que les coins seront en foyer. Les objectifs de courtes focales ne performent pas bien à de telles ouvertures. Nous entrons dans les problèmes de diffractions et autres. Si vous possédez déjà un objectif micro récent ou plus vieux, c'est une bonne solution pour usage occasionnel. Les objectifs Micro-Nikkor 55mm f3,5 sont superbes et faciles à trouver dans l'usagé.

N'oubliez pas que le ES-2 est d'une épaisseur prédéterminée et que seulement une magnification sera atteignable avec un objectif donné. Donc, vous ne pourrez pas numériser qu'une portion de film.

dimanche 24 septembre 2017

Uqbar, revisiter la notion d'art en photographie




La Biennale métafictionnelle de la photographie à Uqbar


Depuis plus d'un an, l'artiste montréalais Antonino Paraggi (pseudonyme) , nous présente une autre perspective de l'art photographique.

Il faut vraiment apprendre à naviguer ce musée virtuel et prendre le temps de visionner les photos de près et écouter les vidéos.

Voici sa définition de son travail:

La Biennale métafictionnelle de la photographie à Uqbar est une œuvre de réalisme magique. Il s’agit d’une œuvre html, en perpétuelle évolution, représentant une collection de musées. Originalement inspiré par la thématique 2015 du Mois de la photo à Montréal, ce projet est né en contemplant la notion de « post-photographie », telle qu’elle a été postulée par Joan Fontcuberta. 

Au départ, nous avons été attirés par le paradoxe de la mise en abime implicite dans l'idée de «l'art qui représente le musée». Mais en commençant à créer les œuvres d'art pour les murs d’un musée imaginaire, nous avons perçu le plein potentiel de ce terrain de jeu, richement exploitable. La création des photographes et de leurs œuvres permettait non seulement d'explorer la photographie contemporaine, avec ses questions ontologiques toujours fascinantes, mais aussi de la réinventer. La réinvention des œuvres contemporaines et historiques sous forme de pastiche a facilité l'accès aux thèmes et aux idées du langage photographique ; elle a fourni aussi des points de référence pour le spectateur qui peut ainsi les utiliser pour mesurer et qualifier les distorsions proposées par la lentille d’Uqbar. 

lundi 4 septembre 2017

Doit-on tout montrer? La limite de l'acceptable.

Sylvain Castonguay, Burhan Özbilici et Martin Tremblay. photo Martin Benoit
La Maison de la photo de Montréal, présentait une conférence avec le lauréat du World Press Photo 2017, Burhan Özbilici, celui qui a pris la fameuse photo du tueur brandissant son pistolet après avoir abattu un ambassadeur russe. 

Le débat consistait à cerner ce qui était pertinent de montrer. Dans quelle mesure l'horreur nous permet-elle de bien saisir la nature d'un événement?

Sylvain Castonguay, caméraman pour RDI et Burhan faisaient remarquer que c'est une norme qui varie d'une culture à l'autre. Certaines cultures sont extrêmement frileuses avec la nudité, tandis que la violence extrême ne les offusque guère. D'autres sont satisfaites par l'opposé. C'est aussi une norme qui évolue dans le temps. Marie-Ève Bédard, animatrice du débat et journaliste à RDI au Moyen-Orient, essayait de savoir s’il n'y avait pas un danger d'aseptiser les médias des horreurs des conflits. Tous les panélistes ont eu de la misère à répondre à cette question qui est de nature politique en termes de position des grandes maisons de publication. Seul Sylvain Castonguay a exprimé clairement ses frustrations relatives à son employeur, qui, à l'occasion, retire des images qu'il tourne et qu'il croyait nécessaires.

Je reste de ceux qui croient que l'on doit en montrer davantage afin de bien prendre conscience de l'ampleur des situations. Si nous étions pleinement sensibilisés, peut-être que nous serions moins rapides à voter pour un va-t-en-guerre ou des solutions violente. Il ne faut pas mettre ces images à la une des médias, mais quand même accessibles sans que l'on ait à creuser trop loin. Toutes les images violentes sont sur Internet, mais elles sont trop profondes et nécessitent trop de recherches que l'individu moyen ne prend pas le temps de faire. La responsabilité de la presse est de nous donner la juste dose de l'information de sorte à bien être informé et prendre les bonnes décisions.

C'est certain qu'une image "choquante" peut changer des politiques. On n'a qu'a penser à l'image du petit garçon noyé face contre le sable et les politiques réfugiés syriens qui en suivirent. Oui, la mouvance était déjà là, mais l'image a capté l'imaginaire collectif d'une façon particulière. Pour me faire l'avocat du diable, l'image du même garçon où le visage était plus visible existe, mais ce n'est pas celle qui a marqué et il existe beaucoup de photos d'enfants noyés. Pourquoi celle-là spécifiquement? L'histoire nous le dira.

vendredi 1 septembre 2017

L'équipe de profs et techs du Vieux exposent

photo par François Gagné enseignant
Au programme de photographie du Vieux Montréal, nous exposons tous les deux ans en "off" du Mois de la photo. Cette année, ce sera la plus grosse cuvée avec une participation plus importante que les années précédentes.
Une palette de démarches seront présentées, d'anaglyphes, à des paysages, à des réflexions sociales et plus encore.

Pour ma part, j'exposerai une série d'images en provenance du printemps 2012 où je m'amuse à pousser à l'extrême les effets spéciaux acceptables lors des concours de photo afin de démontrer l'impact que peuvent avoir les retouches admises.

Au plaisir de vous rencontrer.

Vernissage le mercredi 6 septembre 17h à 19h à l'Agora du Vieux 255 rue Ontario Est.

lundi 14 août 2017

Poste Canada célèbre des photographes montréalais issus du Vieux

Dyptique de Gabor Szilasi, photo de Claire Beaugrand et à droite par Gilbert Duclos. photo Martin Benoit
Depuis quelques années, Postes Canada émet des collections de timbres illustrés par des photographies de photographes canadiens célèbres. La dernière émission du 4 juillet 2017 est composée, entre autres, de 2 timbres, un représentant une photo de Gilbert Duclos et l'autre de Claire Beaugrand-Champagne.

Ce sont deux finissants de  notre programme de photographie au début des années 70.
De plus, en mars 2013, Poste Canada émettait un timbre représentant un diptyque par Gabord Szilasi, aussi un enseignant du programme au cours des années 70.

Je ne peux m'empêcher de constater que quoi que l'on dise, le Vieux Montréal a été le berceau de plusieurs photographes importants du Québec. Que ce soit dans le secteur commercial, publicitaire ou artistique. Il faut dire que nous avons été la première institution collégiale à offrir une telle formation. Dawson, Matane et Concordia sont apparus quelques années après.

Comme le mentionnait Antoine Desilet, il fallait s'enrôler dans l'armée pour recevoir un cours officiel de photographie ou aller étudier à l'étranger. Nous sommes pré-Internet et en langue française les ressources étaient très minces et diffuses, c'est le moins que l'on puisse dire.

Pour avoir personnellement fait des erreurs inacceptables durant des années par manque de formation, j'étais bien placé pour apprécier une formation en bonne et due forme. Aujourd'hui la collégialité qu'offrent les réseaux sociaux et les ressources Internet peuvent pallier, dans quelques cas, si vous êtes du genre discipliné et autodidacte. Il reste que c'est une expérience de vie très enrichissante que de passer trois années avec des gens qui partagent la même passion que la vôtre.

samedi 5 août 2017

Sue Vo-Ho superpose ses photos pour se souvenir

Sue et l'auteur, photo Yves Beaulieu

La mémoire est un animal complexe et souvent évanescent. Sue Vo-Ho, a colligé une série de photos de villes en des superpositions qui proposent un sentiment onirique du souvenir confus que l'on accumule au cours d'une vie relativement à des lieux.

Des impressions fugitives, des présences mal définies, des organisations spatiales confuses.

Plusieurs ont spéculé sur quel serait la qualité de nos souvenirs si nous n'avions pas la photographie afin de nous aider à rafraichir notre mémoire. Nous souvenons-nous des photos ou des lieux?

Elle a réalisé cet exercice en capturant les villes sur pellicule argentique afin de ralentir et mieux composer et elle fini ses assemblages numériquement. La démarche s'étale sur presque tous les continents de l'Amérique à l'extrême Orient en passant par l'Afrique.

L'exposition "Mémoires de ces villes"  se déroule du 3 au 29 août à la galerie La seigneurie du Centre culturel Georges-P-Vanier de Châteauguay, 15 boul. Maples.

samedi 29 juillet 2017

Irving Penn au Met de New York

portail du Met, photo Martin Benoit
Ce que je comprends d'Irving Penn c'est son obstination à obtenir ce qu'il recherche. L'exposition du Met nous confirme que cet explorateur de l'image, du style et du médium était un dur travailleur.

Je me suis surtout intéressé à Irving Penn autour des années 90 quand il travaillait à la publication de son fameux bouquin "Passage".

Ce bouquin était et est probablement toujours un exploit technique de publication. Composé à la monotype (caractère par caractère) imprimé à l'aide de 11 encres différentes, la liste ne finit plus des acrobaties qui ont été déployées afin de réaliser cet objet au début de l'ère du "desktop publishing".

Step-by-Step Graphics, un populaire magazine de graphisme suivait l'évolution de la construction du bouquin et je découvrais qu'Irving Penn n'avait pas publié depuis des années, car il considérait que la qualité de des procédés d'impression de l'époque ne rendait pas justice à ses images. Lui-même a utilisé des médiums variés tels le Cibachrome™, le transfert hydrotypique (Dye Transfer), le tirage platine, il a construit des caméras grand format, etc. Ses diverses techniques sont présentées par l’Art Institute of Chicago. C'est un bourreau de l'exploration visuelle. J'étais donc très curieux de voir les originaux tant difficiles à reproduire, qui eux traduisent ses intentions.

Pour moi, l'intérêt d'aller dans des musées, c'est de voir les originaux. Le médium photographique fait souvent partie du discours et regarder un travail sur un écran d'ordinateur, ne rend souvent pas justice à l'auteur. L'exposition est bien organisée par thème des diverses démarches de l'artiste et présente aussi des variations sur une image à travers les années et les médiums. On peut constater une relecture par l'auteur de son travail. On découvre aussi les contextes de publications grâce à des extraits de magazines et des versions couleur d'ouvrages que l'on a souvent plus connus en noir et blanc.

Est-ce qu'Irving Pen était un provocateur ou un arrogant en photographiant des mégots de cigarettes au grand format et en les imprimants platine? Le texte explicatif nous explique son aversion pour la cigarette qui l'entourait durant les années 60-70 et les polémiques émergentes autour de sa consommation. La notice nous explique que ce fut une forme de révolte personnelle et de glorification de cet objet de gratification et d'intoxication qu'est la cigarette.

Mon coup de coeur est le petit film 8mm que sa femme a fait au Maroc lors de ses fameuses sessions de portraits en studio extérieur. On voit Penn au travail et son attitude humaine.

Le Met nous présente aussi une courte vidéo qui explique sommairement la problématique et la façon dont Penn réalisait ses tirages platine.

Somme toute, le bouquin Passage est très honnête et rend justice aux originaux de Penn. Si vous n'êtes pas familier avec le corpus de Penn et que vous aimez voir des originaux sur des médiums que l'on ne rencontre plus souvent, c'est un détour qui en vaut la peine.

jeudi 6 juillet 2017

La Panasonic GH5 fait encore trembler par son prix et ses performances.

caméra Lumix GH5. photo Panasonic
J'assistais à une présentation de la GH5, qui comme ses prédécesseures, fait beaucoup parler d'elle.

Pour la première fois, pour un si bas prix, on obtient du 4:2:2 à 400 Mbps.

Bienvenue dans le monde de la colorisation et des fonds chroma key sans trop de franges.

De plus, le capteur 4/3, qui est relativement petit, permet l'utilisation de focales plus courtes sans les problèmes de faibles profondeurs de champ typiques aux plus grands capteurs.

Ça signifie que l'on n'a pas besoin d'autant de puissance d'éclairage, car on peut travailler décemment à de plus grandes ouvertures.

Ce n'est peut-être pas l'idéal dans un univers de cinéma de fiction romantique, mais en corporatif, ça produit de beaux fichiers très fonctionnels. D'ailleurs, il semble que Panasonic vise spécifiquement le marché des petites productions indie à en juger par la façon dont ils font la promotion de leur produit.

Je ne sais pas si cette caméra est achetée pour ses fonctions photo. C'est principalement dans le secteur de la vidéo que l'on en parle beaucoup. La famille des Lumix GHX a sucité beaucoup d'enthousiasme depuis leur début. Des modifications du micrologiciel ont déjà permis d'enregistrer quelques cadres en RAW. Ce qu'aucune autre caméra de cette catégorie ne pouvait faire.

En gros, si vous faites de la vidéo qui peut survivre à l'ergonomie d'un appareil photo et que vous n'avez pas peur d'attacher beaucoup de choses sur votre appareil, on obtient une puissante caméra.
L'ajout de ports XLR dans une griffe porte accessoire spécialisée permet simplement de se raccorder à des périphériques audio de qualité. Est-ce que la qualité des préamplis est au rendez-vous? Ça reste à valider. La solution de l'audio parallèle est toujours possible. Stabilisation 5 axes du capteur qui peut-être jumelée à la stabilisation de l'objectif, voir même des objectifs Canon via un Metabone de dernière génération ou un convertisseur Sigma. Les spécifications et innovations sont multiples, il faut vraiment prendre le temps de lires toutes les fonctionnalités sur le site de Panasonic.

C'est vraiment un outil versatile pour le prix et la qualité promise.

Un autre compagnon pour ceux qui avancent à faibles coûts dans ce marché en pleine ébullition.



vendredi 30 juin 2017

Sound Devices réplique à la venue du Zoom F8

MixPre-6. photo Sound Devices
L'enregistreur audio 8 pistes de Zoom, le Zoom F8, est devenu un sérieux concurrent des enregistreurs Sound Devices qui occupent une grande partie de l'univers de l'enregistrement audio mobile.

Seules quelques compagnies produisent des enregistreurs audio mobiles de hautes gammes. On parle ici de Aaton et de son Cantar X3, de Zaxcom avec ses Deva et Nomad, de Sound Devices, Fostex, Sonosax, et Nagra, qui règnait en maître sur cette industrie anciennement, c'est à peu près ça. C'est quand même spécial qu'une telle industrie soit dominée par si peu de joueurs. Au Canada, Sound Devices occupe la plus grande part du marché selon mes observations.

Zoom avec son 8 pistes Time Code rentre dans la cour des grands et dérange pas son bas prix. Un billet précédent parle de ce positionnement. Tascam tente aussi de se faufiler.

Sond Devices répond avec sa nouvelle gamme d'enregistreurs très bon marché qui sont un peu moins performants que leurs haut de gamme, mais surtout accessibles. Ils ont pris soin de modifier leur couleur et style de sorte qu'ils ne soient pas confondus avec leur famille traditionnelle.

Que signifie tout ça? Ça prouve, selon moi, que les productions vidéos indie et que les photographes sont en train d'atteindre une certaine maturité audio et avec la maturité vient la réalisation qu'un bon son direct est un prérequis. Que d'avoir plusieurs options, plusieurs pistes, permet de peaufiner davantage son audio et quand l'audio est bon, vous avez réussi 70% de votre vidéo. Je me répète, mais on ne dira jamais d'un mauvais audio que c'est de l'audio artistique, ce que l'image peut endurer par contre.

Bienvenue à cette démocratisation des outils de travail qui permettront à de nouvelles voix de s'exprimer et atteindre des qualités d'expression à la hauteur de leurs aspirations. Il faudra que l'expertise suive ainsi que le dur travail.

mardi 20 juin 2017

Le futur iMac Pro et les Hackintosh, merci aux gamers

Carte vidéo NVidia Tesla K80 pour environ 12 000$. photo NVidia
Si vous avez survolé les futures spécifications des prochains iMac Pro, vous avez probablement constaté que le MacPro (la poubelle) se fait faire de la sérieuse ombre, pour ne pas dire franchement dépasser en performances et prix (le iMac Pro est plus cher)...

Il est peut-être de plus en plus temps de penser à changer d'écosystème ou à marier les écosystèmes, pour les utilisateurs d'OSX.

Si vous êtes comme moi et plusieurs photographes, vous trempez dans le montage vidéo et possiblement la 3D. Deux domaines qui font pomper nos ordis en termes de calculs et déplacement de données.

La très grande popularité des  jeux vidéos en images de synthèses, qui réagissent en temps réel, a forcé les manufacturiers de matériel informatique à développer de très puissantes cartes vidéo afin de traiter les calculs trigonométriques que le 3D requiert. Les cpu des cartes mères ne suivant pas le rythme, ce sont les manufacturiers des cartes vidéo qui s'en sont occupés. De plus, ce n'est pas un besoin universel. Pourquoi s'équiper d'une superbe carte vidéo optimisée pour le 3D si on ne joue pas ou n'utilisons pas de logiciels 3D?

Ces super GPU (Graphic ¨Processing Unit) sont de beaucoup plus puissants que les cpu les plus performants quand vient le temps de régler des problèmes de calculs d'images. Ils sont aussi accompagnés d'une facture salée. Plusieurs cartes vidéos de haut de gamme valent plus de 4000$. Ce qui est intéressant, est que les manufacturiers, prenons NVidia par exemple, offrent une vaste gamme de puissance de carte en fonction de vos besoins et de votre budget.

Une carte peut valoir 400$, voire moins. Où ça devient intéressant pour les photographes, c'est quand Adobe décide de faire appel à la puissance de ces moteurs vidéos afin d'accélérer certaines tâches de leurs logiciels. Depuis quelques versions, Adobe Premiere fait appel au Mercury Engine de certaines cartes vidéos afin d'accélérer les prévisualisations et le rendu final. De plus en plus de logiciels d'Adobe font appel à cette solution. Les derniers OS d'Apple font de même s'ils détectent la présence d'un GPU spécifique.

Là où le bât blesse pour les utilisateurs d'OSX, est que la palette de cartes vidéos performantes est très limitée relativement à ce qui est disponible sous la plateforme Windows. Oui, vous pouvez vous équiper d'un cabinet externe qui ajoutera des ports PCI via votre connecteur Thunderbolt afin que vous puissiez utiliser votre carte vidéo préférée, mais le prix de ces solutions est difficilement
justifiable versus s'équiper directement d'une machine Windows qui est déjà équipée de ces connecteurs.

Si vous passez à Windows, c'est une nouvelle hygiène à développer. Un peu plus de travail et de vigilance. Si vous êtes aventureux, construisez-vous un PC qui roulera OSX. Vous aurez le meilleur des mondes si vous faites bien votre devoir. L'utilisation des puces Intel par Apple depuis plusieurs années permet, dans certains cas, de jouer au Dr Frankenstein et construire de tels hybrides. Au pire vous installez Windows et oubliez OSX.

N.B. La carte Tesla représentée est plutôt destinée aux serveurs. C'est pour mentionner la puissance et le prix que produisent ces cartes.

dimanche 11 juin 2017

Doisneau, un homme qui travaille

ROBERT DOISNEAU, LE RÉVOLTÉ DU MERVEILLEUX- la bande-annonce (en salle le 19 mai) from Funfilmdistribution on Vimeo.


Robert Doisneau a pris plus de 360,000 clichés dans sa carrière. Il ne s'est pas particulièrement enrichi et a accepté énormément de contrats commerciaux afin de gagner son pain.

C'est un peu loin de l'image du flâneur des rues de Paris qui capture le moment cocasse en noir et blanc.

Il a beaucoup travaillé en couleur et publiait en noir et blanc car c'était meilleur marché.

C'est du moins ce que révèle ce beau film sur sa vie, réalisé par sa petite-fille.

Robert Doisneau, le révolté du merveilleux au Cinéma Beaubien pour encore un moment.

C'est un peu comme ce que révèle le Manifesto Magnum. On apprend que ces très grands et mythiques photographes faisaient des commandes commerciales afin de financer leurs projets personnels qui les rendaient célèbres.

Je crois que c'est toujours le cas et que ce n'est pas honteux de "travailler" pour les autres. Je ne reviendrai pas sur les chroniques récentes de Patrick Lagacé concernant le travail, mais si on aime la photographie et qu'on s'y acharne avec amour, le travail devient un plaisir et nous permet de s'émanciper. Oh, de très gros mots: amour et émancipation.

Comme dirait Robert M. Pirsig dans Zen and the Art of Motorcycle Maintenance, la qualité de ce que l'on fait peut devenir un but et une satisfaction ultimes. Je crois que j'ai un peu grandi avec cette philosophie, mais en tentant de rester réaliste.

Bonne sérénité.

mardi 23 mai 2017

Viens voir les expos d'étudiants cette semaine

vernissage de la cohorte 2016 chez Infopresse. photo Martin Benoit
Grosse semaine de vernissages d'expositions de finissants.

Ce mercredi soir Dawson expose
mai 24 @ 6:00 pm - 9:00 pm
3040 Sherbrooke Street West 


Ce jeudi soir c'est au tour du Vieux Montréal
Au Mai, Montréal Arts Interculturels
3680 rue Jeanne-Mance, bureau 103., Montréal H2X 2K5


Et finalement, ce vendredi, c'est au tour du cfp de Lachine.
Le vernissage aura lieu le vendredi 26 mai au 46 16e Avenue à Lachine de 17 h à 20 h. 


vendredi 12 mai 2017

Pourquoi les photojournalistes n'opteront pas pour la caméra Sony alpha 9 malgré ses très grandes qualités.

Sony alpha 9. photo fournie par Sony
Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu tant d'innovations intégrées dans un même appareil.

On a l'impression quand on analyse les spécifications de la nouvelle Sony alpha 9, que c'est un appareil d'une génération à venir.

Effectivement, ils ont intégré tant de nouveaux concepts que cet appareil semble révolutionnaire.

Il est effectivement dans la lignée prévisible de tout ce qui s'en vient, mais il en est l'incarnation même d'un futur proche.

J'ai vu un prototype, mais je n'ai pas fait de prise de vue avec, car je considère que photographier un modèle humain ne mets pas en évidence ses qualités. C'est hors du propos que j'essaie de tenir ici. J'essaie de parler des innovations et de la réticence que le contexte actuel exige.

Dans les faits, et sur papier, l’alpha 9 répond à tant de besoins des photojournalistes, qu'elle semble un incontournable.
Les performances de l'alpha 9 étaient prévisibles et sont maintenant au rendez-vous. C'est l'évolution logique de l'électronique et l'informatique qui remplacent l'horlogerie qu'étaient les slr traditionnels. Moins de mécanique, plus d'informatique et les avantages et peu d'inconvénients qui accompagnent cette révolution en progression.

Des exemples:
La plus rapide cadence sur le marché et pas de 1 ou 2 frames/sec de plus que la compétition; 20 fps
Le système de stabilisation de l'image le plus évolué quand on le jumelle aux objectifs les plus évolués: capteur stabilisé sur 5 axes et objectifs stabilisés sur 2 groupes optiques.
La plus grande quantité  de collimateurs de mise au point sur le marché sur la plus grande surface.
Un algorithme de suivi des sujets des plus évolué.
Le système de balayage du capteur le plus rapide. Fini les bandes horizontales de couleurs irréparables dans les palestres éclairées au mercure à 1/500sec. Juste ça, c'est une révolution pour ceux qui photographient du basket et sports d'intérieurs du genre.
Appareil le plus petit et le plus léger dans sa catégorie et ce n'est pas un défaut la petitesse et la légèreté. Ne soyez pas inquiet, les objectifs sont encore gros et lourds...
Aussi le moins cher de sa catégorie.
Les optiques Sony de série G rouge compétitives et souvent meilleures et moins chères que leur compétition.
Grande gradation et excellent ISO.
Tropicalisation des boîtiers et des objectifs pro.
Programme professionnel du genre CPS ou NPS pour les pros.
Consommations électriques améliorées et une meilleure pile.
W-Fi intégré.
Écran à bascule.
Mode silencieux, vraiment vraiment silencieux...
500 000 vues pour l'obturateur. Pas un appareil pro. approche cette spécification et en sport ce n'est pas négligeable.
La liste des souhaits exaucés n'en finit plus et les résultats sont au rendez-vous selon les images de préproduction.

Pourquoi les pros ne l'adopteront-ils pas alors? C'est ma prédiction.
Qui sont les pros?
Les pros sont les gros médias qui utilisent soit du Canon et du Nikon (principalement du Canon) et qui ont investit des sommes importantes en objectifs et accessoires de la marque Nikon ou Canon. Passer à Sony signifie un investissement majeur pour changer d'écosystème... Les pros, ils pigent dans l'armoire de leur employeur afin de s'équiper  d'objectifs extraordinaires (300f2,8, 400 f2,8, 100-400 f4, etc.) et d'accessoires.
Les pros sont aussi les pigistes.
Qui sont les pigistes? Ce sont des photographes qui luttent pour avoir une place dans un marché très compétitif. Ils s'équipent de l'équipement le plus performant et le plus versatile. C'est là que le bât blesse. Un pigiste prendra-t-il le risque de s'équiper en Sony quand les centres de location de Montréal n'offrent pas la possibilité de louer les objectifs Sony de haut de gamme (la gamme G Master rouge) et ces objectifs existent-ils? Est-ce que Sony vend une 400 f2,8 et une 500 f4, une 200 f2,0, une 600 f4? Vous me direz que c'est exceptionnel l'utilisation de ces objectifs, mais en sport c'est là qu'ils sont utiles et c'est pour ça qu'on les loue pour ces fois, mais il faut encore pouvoir les louer et qu'ils existent.

Un pro sur full frame utilise comme objectifs de base une 24-70 f2,8, une 70-200 f 2,8, c'est le minimum à trimbaler. Ensuite vient la 300 f2,8, la 400 f 2,8 et la 100-400 f4, le reste ce sont pour les situations très extraordinaires. Pour le portrait une 85 f1,4 ou mieux doit être au rendez-vous et une 50 f1,4 ou mieux pour les situations vraiment mal éclairées. Presque tous les objectifs sont présents à l'exception de la 400mm qui est une f 5,6 au lieu d'une f2,8, ce qui est 2 crans plus bas que la compétition. Peut-être que l'ISO max de la Sony alpha 9 est supérieur (j'en douterais, car présentement le meilleur ISO est sur la Nikon D5, qui elle aussi utilise un capteur de Sony de résolution similaire). Nikon aurait un avantage de 2 crans, mais il est à mentionner que ces 2 crans ne sont pas bon marché. Le boîtier de la Nikon D5 est beaucoup plus cher que le boitier de l'alpha 9 et qu'une 400 2,8 chez Nikon se détaille à plus de 14 000$ quand la 100-400 f5,6 tellement plus versatile et se vend pour 3400$. Je ne suis pas juste ici, car ils ont toute une famille d'objectifs excellents de la série G noire et de la famille Zeiss. Le catalogue est impressionnant et remplit les besoins de tous photographes professionnels. La majorité du temps à performances égales à la compétition et prix très comparables quand ils sont tout simplement inférieurs.

Le problème avec l’alpha 9 c'est qu'elle s'adresse particulièrement à la photo sportive à haute cadence ce qui est un marché relativement spécialisé et où les performances d'autofocus, de tropicalisation et de netteté doivent être au rendez-vous. Tu n'arrêtes pas de shooter un match de football, car il tombe des gouttes d'eau. C'est la famille G rouge qui fait ce boulot. Quand on descend de catégorie, la vitesse d'autofocus, ou la tropicalisation, ou la netteté n'est pas au rendez-vous. Quand on est un pro, on doit pouvoir voyager avec son matériel et s'attendre à pouvoir louer des objectifs pro à l'étranger dans les grandes villes. Pas certain que c'est le cas.

Personnellement, si j'avais peu investi en objectifs, j'opterais pour la solution Sony alpha 9, car le kit de base, 2 boîtiers, grip porte-batterie, batteries supplémentaires, 24-70, 70-200 et 100-400 est de beaucoup meilleur marché que les solutions Canon et Nikon. J'ajouterais un convertisseur de dernière génération Sony/Canon de Metabones ou un Sigma pour les rares fois où des objectifs Canon seront nécessaires. Les performances d'autofocus ne seront peut-être pas au rendez-vous, mais j'aurai des images. On parle d'une grosse différence d'investissement. Sera-t-il aussi facile de vendre du matos Sony usagé que ce l'est pour du Canon? Sera-t-il aussi facile d'en trouver dans le marché usagé?... Chose certaine est que si ce qui est important est la qualité du fichier et la capture du moment décisif à point, le fichier sera au rendez-vous. Je ferai des vrais tests physiques quand l'appareil disponible chez Sony ne sera pas un modèle de préproduction, mais un modèle de production.

Nous assistons à la lente mort des slr à miroir pour passer vers les inévitables mirrorless. On dira ce que l'on voudra, il est très difficile d'envisager la survie du miroir. Ce n'est qu'une question de temps et de technologie, comme le numérique a supplanté l'argentique, même si toutes les qualités n'étaient pas au rendez-vous. Je suis inquiet pour Nikon, qui est la plus petite compagnie et qui s'est spécialisé dans la construction de mécaniques de précision, car fondamentalement, c'est ce que construit Nikon en y ajoutant des capteurs Sony et des objectifs qui sont excellents, mais pas exceptionnels dans la majorité des cas. Un jour je vous parlerai des objectifs exceptionnels de Nikon (les Apo EL-Nikor). Canon est beaucoup plus gros et diversifié. Sony est un monstre titanesque comparé à Canon. Est-ce que Sony se trompe en développant des appareils qui semblent ne pas correspondre aux attentes traditionnelles des pros? Je ne crois pas. Il n'y a qu'à voir le succès et la pénétration de la Sony A7rII dans le milieu pro. Aucune caméra Sony n'a eu tant de succès auparavant. Même les gros boîtiers Alpha n'ont pas eu ce succès. Ce n'est qu'une question de temps.

La alpha 9 est un préambule d'un futur/présent pas si loin.





vendredi 28 avril 2017

Photographier Expo 67 à treize ans en Kodachrome™

M. La Roche (à droite) expliquant ses diapositives et Spotmatic/28/Lunasix3. photo Martin Benoit
Roger La Roche avait treize ans quand il s'est mis à photographier Expo 67 en diapositives Kodachrome™ à l'aide de son Asahi Pentax Spotmatic équipé d'une 28mm et d'une 135mm.

Durant cet été mémorable, il a fait plus de 1200 photos et dépensé la moitié de son salaire de cuistot au petit kiosque de tourtières devant le dôme géodésique du pavillon américain.

Exposer du Kodachrome™ 25 à 13 ans, ça reste du sport. Le film est très contrasté et ne permet pas d'erreur d'exposition et de température des couleurs. Assez tôt, il s'est équipé d'un posemètre Lunasix 3 afin de mieux contrôler la lumière tombante des fins de journées. Son quart de travail finissait en milieu d'après-midi et la lumière commençait à tomber ce qui lui permettait d'avoir des ciels d'une belle luminosité et saturation.

Comme il me le mentionnait, Expo 67 se photographie plutôt au grand-angulaire qu'au télé. Le télé pour les expressions humaines, le grand-angle pour l'objet qu'était Expo si j'en juge par ses choix.

Des photos, il s'en est pris des milliers et possiblement des millions à Expo 67. Le problème est qu'en cette période sombre de la photographie couleur, le film diapositive dominant était l'Extachrome™ (qui est de retour) et il utilisait le procédé E-3. Ce film était mal stabilisé chimiquement et la couche du cyan disparaissait en une décade ou deux même si vous aviez pris soin de les conserver dans les meilleures conditions. D'ailleurs, le Musée Stewart de l'île Sainte-Hélène présente une collection d'artéfact d'Expo67, dont des bandes de diapositives souvenir d'époque encore emballées dans leur présentoir qui sont rendues monochromatiques rouges...

L'autorité de la conservation muséale photographiques Wilhem Imaging Research raconte qu'un pan de l'histoire du 20e siècle à rougit et pâlit entre 1965-1975 car la vaste majorité des diapositives se sont auto détériorées sous le procédé E-3. Il a fallu attendre le E-6 pour une bonne stabilité des colorants.

Le Kodachrome™ datant des années trente utilisait un procédé exclusif à Kodak qui ajoutait les colorants au moment du développement. Le film n'était constitué que de trois émulsions noir et blanc. Contrairement à l'Extachrome et les autres films couleurs négatifs ou positifs  de l'époque et d'aujourd'hui, qui sont eux constitués de trois émulsions noir et blanc et de trois couches de colorants cyan, magenta et jaune qui elles sont dormantes dans l'émulsion. C'est lors du développement que des "copluants chromogènes" réveilleront les colorants déjà en place et leur fera adopter leur coloration finale. Cette stratégie s'est avérée plus simple en terme de pouvoir distribuer une "chaîne" de développement qui permet à n'importe quel labo professionnel de développer ces diapositives ou négatifs. La développeuse Kodachrome™ est une machine qui, en plus de développer les trois émulsions noir et blanc, les réexpose (voile) successivement avec trois sources lumineuses spécifiques et ajoute les colorants cyan, magenta et jaune successivement lors du développement. On se retrouve avec une émulsion légèrement en relief, très stable pour la conservation, mais peu résistante à l'exposition à la lumière. Les Extachrome™, eux,  enduraient mieux de rester dans des projecteurs allumés que les Kodachrome™, mais les Kodachrome™ traversent mieux le temps lorsque conservés à l'obscurité. Fin de l'aparté technologique.

Comme le mentionne M. La Roche, Expo était son laboratoire de découvertes et d'explorations photographiques. Vous commencez à faire de la photo et vous avez devant vous cette planète extra-terrestre grouillante d'activités humaines exotiques en tout temps. C'est un sujet riche et infini pour un débutant et même pour un professionnel. J'ai aussi photographié Expo à partir de sa version Terre des hommes les années qui suivirent. À l'époque je ne faisais que du noir et blanc négatif qui autorisait beaucoup d'erreurs. Mes images sont distantes, répétitives manquant d'humanité et sans propos.  M. La Roche avait pour son âge une sensibilité à regarder autour de lui et remarquer autre chose que les formes géométriques ou extraordinaires des pavillons.

dimanche 16 avril 2017

La démocratisation de la résolution

Publicité d'époque d'un Calumet
L'accès à la haute résolution tarde à se démocratiser. Contrairement à l'époque argentique, l'accès à de la haute définition à un fort prix depuis les années 2000.

À l'époque de l'argentique, tous savaient que si ils achetaient une pellicule au grain fin et que s’ils utilisaient une ouverture de diaphragme optimale (souvent f8), ils auraient accès à plus de détail à faible coût. De plus, les pellicules à plus haute définition n'étaient pas les plus dispendieuses. C'étaient souvent les très hauts ISO qui dominaient les coûts élevés des pellicules.

Quand nous étions étudiants, nous avions tous constaté que même le plus mauvais appareil 4x5 (les Calumet) équipé de très mauvais objectifs (Ilex 135mm) produirait un négatif gorgé de détails inatteignables avec la meilleure pellicule et le meilleur objectif pour appareil 35mm.

Un Calumet monté d'une Ilex ou une Schneider Xenar valait environ 160$ au milieu des années 70 (prix payé par le cégep du Vieux Montréal en 1972) quand un Leica M4 monté d'une Summilux 50 mm valait autour de 625$ (selon le catalogue Zodiac photo de 1970). Une simple feuille 4x5 de Plus-X (125 ISO) développée dans du D-76 livrait plus de détail que le meilleur Panatomic-X (32 ISO) développé dans du Rodinal (un excellent révélateur à grain très fin).

Aujourd'hui, pour faire un gain de résolution, il faut sortir les gros dollars. Doubler la résolution d'une Canon 5D mkII (21 MP) nécessite  d'aller vers un appareil de 84 MP. Façon élégante de dire qu'il faut aller vers les dos numériques moyen format des plus haut de gamme. On parle d'un dos de 80 MP sans boîtier et sans objectif d'environ 48k$ avant taxes.

Est-ce si important la résolution? Vivons-nous bien et pouvons-nous offrir les services qui nous sont demandés avec un appareil de 20-40mp pour moins de 4k$? Probablement que oui, pour la grande majorité des affectations qui nous sont proposées. Il y a quelques fois des affectations qui requièrent de plus hautes résolutions ou des marchés qui sont susceptibles d'exiger davantage (la mode, la photo industrielle). Dans ces cas, il est toujours possible de ne pas investir et louer l'animal à haute résolution, mais si votre marché est redondant, la location n'en vaut peut-être pas la chandelle.

Existe-t-il des solutions bon marché pour obtenir de la très haute résolution, comme le Calumet était une solution bon marché? Il faut se souvenir qu'il y avait des appareils et des optiques beaucoup plus chers, mais pas dans les proportions d'aujourd'hui avec l'absence de pérennité que l'on connait aux appareils. De plus, un bris n'a pas les mêmes conséquences financières sur un dos numérique Phase One que sur un Sinar P.

Dans plusieurs cas, l'option de coudre (stitcher) différentes prises de vues peut constituer une solution qui, à peu de frais, permettra d'additionner la résolution d'un appareil à moindre résolution pour obtenir une résolution finale acceptable. La contre partie sont les limites imposées par cette approche concernant les sujets en mouvements. Les logiciels d'assemblage de fichiers s'étant beaucoup améliorés, c'est souvent une option acceptable même avec des sujets dits mobiles comme des humains. Une photo d'un large groupe peut souvent être reconstruite en postproduction au besoin. Par contre, on ne peut imaginer une session de 300 prises de vues de mode faite en exposition multiple.

On est capable de fabriquer des pixels de très petites tailles qui produisent des images acceptables. On n'a qu'à penser à la gamme d'appareils intermédiaires de 24mp sur capteurs de taille APS-C. Les pixels ont environ un espace de 4,2 microns de large qui leur est réservé. Déployer de tels pixels sur une plus grande surface du genre 6cm X 4,5cm et vous obtenez un dos de 153 MP. Vous achetez un vieux Hasselblad, Mamiya, Bronica, Contax, etc. au marché aux puces et vous voilà propulsé dans la haute résolution.

On ne verra jamais ce jour ou pas de si tôt à des prix réalistes pour les photographes. De même, ceux qui attendent les capteurs 4po x 5 po attendent encore et attendront longtemps. On verra plutôt la taille des pixels diminuer et s'accumuler sur de plus petits capteurs afin d'augmenter la résolution totale au prix de la gradation et du bruit, mais les progrès de la chimie et des algorithmes compenseront ses failles de sorte à produire des fichiers acceptables et la course aux méga pixels s'estompera. Il arrive un point où avoir plus de pixels n'est pas nécessairement une panacée à tous les maux.

Rien n'indique que les coûts associés à produire une grande surface de capteur baisseront. Le besoin n'est pas vraiment là et les problèmes sont multiples du point de vue industriel.

Comme à l'époque de l'argentique, le photographe devait décider quel type d'appareil à quels coûts et concessions il devait utiliser. Refuser à l'occasion une affectation ou se retourner vers la location est toujours une solution. La différence avec les temps modernes du numérique est que les implications financières sont proportionnellement plus élevées. C'est pourquoi qu'avant de s'attaquer à des marchés qui requiert de la haute résolution, une projection financière du potentiel du marché est importante afin de ne pas hypothéquer son existence future, comme plusieurs ont fait dans les années 2000 et sont restés amers.

Les jours s'annoncent moins sombres avec les progrès technologiques et la baisse des coûts. Le défi reste plus à maintenir un marché et des prix raisonnables compte tenu de la nouvelle compétition. Le professionnalisme et la qualité des relations clients seront, selon moi, la clé du succès dans un proche futur. Certains marchés devront être abandonnés et laissés aux utilisateurs improvisés ou fruits de la démocratisation.

mercredi 29 mars 2017

Marché aux puces photo en fin de semaine

À qui la chance cette fin de semaine pour le deal de vos fantasmes photo?

Appareil rétro ou babiole ésotérique.
Beau Nikonos-V parfaitement fonctionnel payé 40$. photo Martin Benoit

Des fois on trouve des trucs pas très utiles, mais très beaux et mystérieux comme cet excellent Nikonos-V acheté 40$. L'année suivante j'ai trouvé le flash SB-101 conçu pour s'adapter à l'appareil et aller sous l'eau.  Maintenant il me reste juste à aller sous l'eau me filmer avec ma GoPro faire des photos argentiques sous l'eau...

C'est un excellent appareil terrestre. Un peu ostentatoire, mais tellement silencieux.

Le truc dans un marché aux puces, c'est d'arriver avec un esprit ouvert ou d'arriver avec quelque chose de très spécifique en tête avec un montant maximum prédéterminé. Si vous trouvez votre truc pour le prix que vous vous étiez fixé, vous êtes gagnant.

Coordonnées du Montreal Camera Show de ce weekend.

dimanche 19 mars 2017

Platon sur Netflix


Pour ceux qui n'ont pas encore visionné l'épisode portant sur Platon, voici la bande-annonce.

Ce que j'ai retenu de cet épisode, c'est la recherche en préproduction sur le sujet à photographier.

Ne pas regarder les photos qu'on réalise durant le shoot. C'est beaucoup plus facile en argentique qui nous l'impose.

Travailler la géométrie des images.

Au niveau du contrôle microprécis du sujet, c'est un style et ce n'est pas mon style, même si je m'y prête à l'occasion.

Étrangement, j'ai toujours eu de la misère avec la posture tête baissée qu'un viseur poitrine impose. J'ai l'impression de ne pas m'intéresser au sujet en ne le regardant pas vraiment. Peut-être que ça lui impose de regarder dans l'objectif et que ça le détend un peu.



À voir.

samedi 11 mars 2017

Les Chinois achètent Hasselblad

photo Martin Benoit
Il semblerait que le manufacturier de drones chinois DJI posséderait une quantité majoritaire des parts de la Suédoise Hasselblad.

Ce ne sera pas la première fois qu'un fleuron suédois sera acquis par les Chinois. Volvo, le fabricant de voitures est déjà aux mains des Chinois depuis une dizaine d'années.

Pas de problème avec les Chinois. Ils fabriquent les iPhone et les MacBook Pro que plusieurs d'entre nous apprécient depuis des années. Je ne parle pas ici d'une multitude d'excellents produits encore méconnus ici et qui deviendront des produits phares bientôt pour ne citer ici que l'excellent manufacturier de microphones SE Electronics.

Hasselblad a flirté avec les Asiatiques depuis belle lurette. Leur appareil panoramique X-Pan était un appareil Fuji étiquetté Hasselblad. Leurs fameux objectifs Carl Zeiss, qui ont fait leur renommée, sont maintenant étiquetés "Hasselblad", qui sont, semble-t-il des objectifs produits par Fuji Japon depuis plusieurs années. Personne ne s'est plaint de la qualité des objectifs.

Oui, Zeiss est responsable d'importants progrès dans l'avancement de l'optique, mais ils ne sont pas les seuls à bien travailler et faire du bon travail. 

Quelles seront les conséquences de cette influence chinoise? Peut-être que cette acquisition permettra tout simplement à la compagnie, qui fabriqua l'appareil photo qui alla sur la Lune, de survivre. Certains disent que DJI et Hasselblad vont bien ensemble, car ils sont à la recherche de solutions en photographie aérienne. C'est un peu simplifier l'histoire de Hasselblad. Victor Hasselblad, qui était un passionné d'ornithologie (étude des oiseaux), a cherché des solutions moyen format à ce genre de "sport", quand les autres fabricants négligeaient cet aspect.

Personnellement, je n'ai jamais été très impressionné par les résultats de ces caméras même si j'ai souvent rêvé d'en posséder. Les performances optiques étaient en général au rendez-vous, mais la surface film était insuffisante, considérant que le format carré 6x6 était peu en demande, à l'exception du secteur de la musique, qui en avait besoin pour ses pochettes de disques 12pox12po. Dans les faits il fallait "cropper" les formats 6x6 pour la majorité des projets. Ça explique un peu le succès des Pentax 6x7, Mamiya 67 et ses confrères. Le format 6x7 et plus grand, exploitaient mieux la surface du "capteur" que le 6x6, même si les optiques n'étaient pas parfaites. La surface film compensait.

L'important, c'est que la recherche continue et que les produits s'améliorent pour notre bénéfice à nous les photographes. Qu'il coule du sang bleu et jaune dans les veines des actionnaires m'importe peu dans la mesure où on est toujours à la recherche de solutions pertinentes pour les photographes, qui ultimement, décideront de la survie de ce produit.

jeudi 23 février 2017

Vendre ou ne pas vendre de licences d'utilisation

Hier soir avait lieu un débat d'idées sur: doit-on, oui ou non, vendre des licences d'utilisation de nos photos?

À cette fin, deux invités aux points de vue divergents avaient été invités. Pierre Manning du côté du oui et Gabriel Rancourt du côté du non.

La grande salle était bondée. Bondée de partisans du oui ou du non?  Je ne saurais dire, car, si je me fie aux intervenants qui sont venus s'exprimer au microphone, j'opterais pour une grande majorité en faveur du oui, mais quand j'écoute les discussions des silencieux, je n'en suis pas si certain.

La question est complexe et historique. Plusieurs se sont battus des années durant pour changer les moeurs chez les acheteurs de photo de sorte à reconnaitre les licences d'utilisation. Simultanément, le marché de la photographie a été inondé de "néo-photographes improvisés" non éduqués en matière de licences. Ce nouvel équilibre entre l'offre et la demande et, la perception, de la part des acheteurs, que la photographie est dorénavant (à cause du numérique) une opération simple et ayant peu de valeur cré une grande pression financière sur une majorité des membres de la profession.

Les diverses stratégies de marketing pour survivre dans le milieu sont très variées. Comment contrer cette dévaluation du marché et cette sur enchère de photographes? La grosse question est vraiment celle-là selon moi. C'est l'éléphant blanc dans la pièce qui a hanté les discussions hier soir.

Le paradoxe angoissant pour un photographe est: dans quelle mesure dois-je éduquer mon client a accepter une licence et prendre le risque de l'"aliéner" de ses images et lui donner l'impression que je lui mets une corde au pied versus ne pas vendre de licence et maintenir une relation "paisible" avec le client au risque de perdre de l'argent dans le futur et contribuer à semer dans la tête du client que les licences c'est le "caprice" de certains photographes. Ce paradoxe mérite discussions et hier soir était une de ces rares occasions où les points de vue ont tenté de se confronter.

Merci aux organisateurs de cette rencontre sur un sujet si sensible au sein de la communauté. Merci à Gabriel d'avoir eu le grand courage de se présenter en défenseur du non et merci à Pierre pour sa courtoisie et son respect dans un contexte où le dérapage est facile. Les non adhérents à la licence peuvent être considérés comme des parias par les adhérents c'est pour ça que la situation était délicate. Je n'ai qu'un bémol envers le déroulement de cette soirée historique, j'aurais aimé que l'animateur de la discussion interdise aux participants d'applaudir afin de maintenir le décorum, de sorte à rester accueillants envers les points de vue divergents. Je ne suis pas certain qu'un partisan du non sentait qu'il pouvait présenter son point de vue ou ses interrogations sans se sentir très jugé. Une vraie discussion nécessite une plateforme où tous les points de vue sont accueillis avec respect.

Ce débat fait partie d'une plus grande problématique qui est celle de la grande mutation du marché de la photographie professionnelle depuis la démocratisation que le numérique a créé. Oui, la CAPIC avait amorcé sa démarche à faire respecter les droits d'auteur des photographes avant la venue du numérique, mais la situation s'est aggravée en 2000 lors de l'explosion du numérique. Nous ne sommes pas les seuls à vivre cette révolution. Le marché mondial de la photographie commerciale le subit. Il y a des gagnants et il y a des perdants. Pour les bonnes et pour de mauvaises raisons à l'occasion. Ne voulant pas faire de l'aplaventrisme devant les changements sociaux, il reste qu'il faut reconnaitre que ce n'est pas toujours le talent qui gagne et que dans une société de marché, c'est souvent la règle de l'économie qui mène plutôt que le respect et la logique financière à long terme.

dimanche 12 février 2017

Capsule vintage sur les chambres noires #2. Le transfert Polaroid


Les transferts Polaroid furent très populaires durant les années 90.
Ils furent utilisés à toutes les sauces, de l'expression artistique aux publicités.
Au Vieux on en avait tellement vu que nous avions fini par référer à cette technique comme étant des "chiures Polaroid". Pour vous dire que la modération a bien meilleur goût...

C'était une forme d'Instagram de l'époque qui permettait à une photo d'exciter l'imaginaire par ses textures uniques.

Cette captation, que j'ai retrouvée dans mes archives vidéos, a été filmée en format Beta1, transférée en VHS plus tard avec une nouvelle piste audio pour des raisons dont je n'ai plus l'explication et ensuite encodée en miniDV...

C'est compliqué préserver ses divers médias.


samedi 4 février 2017

Capsule vintage sur les chambres noires, numéro 1

Voici une captation réalisée en 1998 afin de présenter aux étudiants diverses configurations de chambres noires domestiques.

C'est la version 1998 de ma propre chambre noire. Nous avions documenté trois types de chambres noires avec divers niveaux de sophistications. Ma chambre noire correspond au niveau intermédiaire.

Quand j'obtiendrai l'autorisation de diffuser les deux autres chambres noires, je les mettrai en ligne.

À l'époque, nous essayons de convaincre les étudiants que l'on peut faire beaucoup avec peu et que ce n'est pas toujours très compliqué de se faire un petit coin agréable. Nous avions documenté une chambre noire de base réalisée par des étudiants, la mienne et celle d'un de mes collègues, qui lui, à construit une chambre noire à grand déploiement qui peut agrandir du 8x10 et imprimer de la couleur.

En cette ère de vidéos DIY (Do It Yourself) sur YouTube et de solutions bon marché, il me semble pertinent de raviver cette flamme que l'important c'est de faire des images et d'expérimenter même si l'environnement de travail ne correspond pas toujours aux belles images des beaux bouquins (sites web) de photo.

Mon défunt papa avait grandi dans l'entre guerres où les solutions de bricolages étaient mises de l'avant et faisaient partie du quotidien. Ceux qui se souviennent des magazines américains Popular Science, Popular Science et français Systeme D, se remémoreront toutes les astuces qui permettaient de se fabriquer simplement les appareils qui auraient pu sembler inabordables autrement.

Curieusement, ma plus grande difficulté a été de retrouver un bon lecteur SVHS qui fonctionnait bien... Que l'on soit en numérique ou en analogique la question de la pérennité des médias reste toujours.

jeudi 12 janvier 2017

Ce soir, lancement du bouquin d'Yan Giguère au Centre Clark

source Emmanuel Galland

Lancement montréalais de la publication de Yan Giguère
Jeudi le 12 janvier 2017 à partir de 19 h au Centre CLARK
5455, avenue de Gaspé - Suite 114 [www.centreclark.com]

Publication monographique produite dans le cadre de l’exposition Yan Giguère, Croisements présentée en 2016-2017 au Musée d’art de Joliette (commissaire et conservatrice : Marie-Claude Landry).
Direction de la publication : Yan Giguère
Auteurs : Sylvain Campeau, Marie-Claude Landry, Valérie Litalien.
Textes en français et en anglais.
Photographies couleur et noir & blanc
Conception graphique : Jean-François Proulx – Balistique
260 pages.
Tiré à 500 exemplaires
Éditeur : Musée d’art de Joliette
www.yangiguere.comwww.yangiguere.com
www.museejoliette.org/fr/expositions/yan-giguerewww.museejoliette.org/fr/expositions/yan-giguere

dimanche 8 janvier 2017

Whiskey, Tango, Foxtrot

Whiskey Tango Foxtrot, ce film sur la photographie en zone de combat disponible sur Netflix a été produit en 2015.

Une vision qui me semble un peu romantique des problématiques de terrain. Le film est classé comédie et il faut le voir comme ça.
photo fournie par Paramount Pictures

Quelle est la conclusion de ce film? Une reporter a une attitude téméraire ou naïve du terrain et devient cynique?

En attendant le fameux film de Spielberg, It's What I Do,  sur Linsey Addario, qui devrait sortir bientôt, on devra se rabattre sur d'autres héros photographes.

À mon avis, dans le domaine de la fiction, la meilleure réflexion sur le sujet a été faite par Erik Poppe avec le film 1000 Times Good Night, mettant en vedette l'excellente actrice Juliette Binoche. Ce film qui a été lancé, entre autres au festival du film de Montréal, et ne semble jamais avoir été distribué ici. Il a par contre remporté le prix spécial du jury en 2103.

Le réalisateur, lui-même photographe de guerre, a décidé de raconter son histoire en inversant les sexes des protagonistes.

Une réflexion complexe avec une conclusion troublante.