samedi 28 février 2009

Les vertues et vices de la planche contact

Sarah Greenough vient de publier une version revisitée du fameux bouquin de Robert Frank, The Americans. Le bouquin s'intitule: Looking In: Robert Frank's "The Americans"

Le bouquin met en évidence le second regard que l'on peut porter sur une image lorsque l'on considère les images qui ont précédées ou succédé une prise de vue. Plusieurs photographes ne montrent jamais leurs planches contact pour ces raisons.

Ceux qui ont visionné la série télévisée Contacts de William Klein, où de célèbres photographes commentent leurs propres planches contact, auront remarqué que, dans la majorité des cas, une certaine déception entoure les commentaires des photographes relativement au contexte de prise de vue de leurs plus célèbres images. Pour le spectateur ce peut être "désillusionnant" de voir l'exploration autour d'une image célèbre qui s'est construit sa propre narration sans l'aide de ses voisines.

De nos jours, la planche contact n'existe plus et souvent ses voisines sont effacées ou encore reclassées de sorte que la suite chronologique peut être perdue à jamais. Nous recadrons et réorganisons nos séances de prise de vue. Moi, qui archive presque toutes mes images, incluant celles de mes pieds prises par accident, j'ai de la misère à reconstruire un shooting pour illustrer aux étudiants la séquence des événements lors d'un reportage...

Avons-nous perdu quelque chose en perdant la planche contact ou devons-nous simplement revoir notre façon de considérer la narration de la construction d'une image?

diverses images faites par les étudiants en Photojournalime 1 lors du Jour de la Terre

1 commentaire:

Martin Benoit a dit...

Moi, j'ai toujours cru que le déroulement de la réalité devait s'effacer après la prise de vue. Pour nous permettre de recréer un nouveau déroulement, une nouvelle réalité qui selon la volonté du photographe : reproduit fidèlement, synthétise, magnifie, et, à la rigueur même, tord ce qui fût, ou plutôt ce qui fût perçu.
Et ce, à travers tous les hasards des prises de vues toujours teinté par nos perceptions humainement partielles et partiales.
Bref, dire notre point de vue.

De plus cette possibilité d'effacer, d'élaguer les prises de vues "on the spot" ne relève-t-il pas du même instinct, du même travail, que de se déplacer dans le réel, décider de cliquer ici et non là, de cadrer ceci et non cela, d'inclure et d'exclure. Toutes des décisions qui sont souvent non réfléchies et par là même magiques.

De plus, on peut décider de tout garder si c'est confortable.

IF IT FEEL GOOD DO IT.

Papy Normy