Avec l’apparition des point and shoot sans viseurs et la transition du «waist level» vers le dslr, le photographe est souvent confronté à modifier son «geste» photographique.
Quand j’ai commencé à travailler à la Lumix LX3, ma plus grande frustration initiale fut l’absence d’un viseur optique traditionnel qui m’aurait permis de me réfugier derrière l’appareil. Travailler à bout de bras pour voir un viseur (surtout quand notre vision à courte distance s’évapore) n’était pas un geste acceptable pour moi. Avec le temps, j’ai découvert que ce geste «populaire» me permettait d’adopter l’attitude du photographe amateur, ce qui allégeait la relation avec les photographiés. De plus, je m’étais approché des sujets de 1/2 mètre sans en prendre réellement conscience (longueur de mes bras). Comme disait Capa, « If your pictures are not good enough, you are not close enough»; je suis plus près de 1/2 mètre et ça parait dans plusieurs cas.
En Chine, j’ai fait un reportage à la caméra panoramique sur trépied qui nécessitait un 10 minutes d’installation à chaque fois. Cette lenteur permettait de m’annoncer et d’établir un autre genre de relation avec les sujets plus ou moins conscients de ce qui allait se produire.
Plus jeune, je photographiais beaucoup au Nikon F, le prisme retiré pour adopter l’attitude du Waist level 2 1/4 qui nous fait adopter une autre posture en relation avec le sujet. Une posture plus humble pour certains, moins agressive.
Pour le projet Curtis, j’utilise un dos numérique sur une chambre monorail pour rétablir la relation de la caméra grand format avec le sujet. Il ne me manque que le drap noir pour compléter le décor.
Chaque technologie impose souvent sa propre danse photographique afin de réaliser des images. On adopte une danse par disposition personnelle ou par contraintes technologiques. Des fois, ces danses prennent racine en nous et deviennent le geste avec lequel nous sommes confortables. Mais quel est le geste approprié à chaque situation? Est-ce qu’un type de situation fait appel à un geste particulier? Ou avons-nous développé des conforts dans des gestes que l’on croit nôtres?
dos numérique 2 1/4 sur caméra monorail lors du projet Curtis 2008, photo par Véronique Lavoie
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