lundi 15 mars 2010

Un modèle à réviser à partir du nid de corbeau.


Depuis quelques semaines, les articles pullulent sur l'urgence de réviser les modèles d'affaire en photographie et dans les secteurs connexes.

Le Trente (magazine de la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec) publiait un long article sur l'inconfort que provoquera l'embauche massive d'employés pour leur nouvelle agence QMI qui lorsque le conflit sera terminé au Journal pourra créer des inconforts. La distribution d'une image sur plusieurs plateformes pour un prix fixe est source de discussions.

News Photographer (le magazine de la National Press Photographers Association) parlait du succès probable des futures coopératives photographiques qui pourront remplir les besoins des médias qui ne recourront plus à leurs employés salariés qu'ils ne renouvelleront pas.

Avec les 100 ans du Devoir, plusieurs conférences ont eu lieu sur les stratégies de financement qui ne fonctionnent plus dans les grands quotidiens et quel serait un modèle de rechange.

Les agences de pubs font de plus en plus appel à des photos de banques d'images qui paient de moins en moins bien leurs photographes.

Les photographes ferment leurs studios pour travailler de plus en plus en « location » pour éviter les frais inhérents à un studio. Les fabricants utilisent souvent des rendues 3D de qualité photographique plutôt que de faire appel à un photographe pour faire la promotion de leurs nouveaux produits.

La photographie n'est pas immune à la mondialisation, des services de retouches outremer bon marché et qui défient la compétition sont disponibles.

Internet est en majeure partie responsable de cette restructuration majeure qui s'impose. L'augmentation de la bande passante et le parc des usagers toujours grandissant ont permis la diffusion à faibles coûts de millions d'images. Le tout jumelé historiquement à la plus grande révolution technologique de l'histoire de la photographie, le passage à l'ère numérique. Cette mixture Internet/photo numérique/large bande passante à « démocratisé » l'usage de la photographie en bousculant un secteur qui cherche ses solutions par oreille.

La profession n'étant pas régie par des ordres précis qui peuvent dicter plus ou moins les lois du marché, on se retrouve dans un développement « sauvage » où le gagnant sera celui qui aura pu traire la vache rapidement des opportunités passagères.

Le droit d'auteur pourra-t-il survivre cette cavale?

Des images sont requises et seront requises dans le futur. Les supports de diffusions se multiplient pour ces images. La demande n'est pas à la baisse, c'est l'offre qui se multiplie et se diffuse sous toutes les formes. Certains secteurs sont moins touchés que d'autres, mais personne n'est à l'abri. Je visitais les services photographiques du CHUM dernièrement pour constater que même ces secteurs super spécialisés où on peut avoir l'impression que IStock n'a pas encore pénétré, vivent des transformations majeures en terme de qui fait quoi en photo.

Comme de grands explorateurs en terre inconnue, il est d'autant plus important d'avoir un bon marin avec une bonne vision dans le nid-de-corbeau au sommet du plus haut mât pour effectuer une vigie et anticiper les récifs.

Halifax, photo Martin Benoit

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