C'était ma première participation, en tant que spectateur, à ce genre d'activité. L'organisme de promotion de la relève photographique, Cédez le passage et l'excellent blogueur Patrick Alonso de Rapporteur photo en étaient les organisateurs.
Mon étonnement était le fait que des photographes présentaient à leurs pairs leurs "bébés" en croissance et les exposaient à la critique. Je suis surpris, car il y avait entre autres des enseignants qui soumettaient leur travail à la critique de leurs étudiants. C'est une pratique, qui dans mon métier d'enseignant, prend en général la forme inverse. Évidemment, ce genre de procédé peut prendre l'aspect d'encouragements et de félicitations afin de rassurer le photographe et c'est un piège dont il faut se méfier. Les vernissages, les galeries Flickr et Facebook sont souvent des exemples d'environnements où la critique que l'on reçoit est très peu représentative de l'opinion globale. Qui, un soir de vernissage ou sur une galerie Flickr, va vous dire que votre production est incohérente ou gratuite? Par contre, quel est le but de la démarche photographique? Plaire au public et quel public? Jean Cocteau, l'auteur français, disait : Ce que le public te reproche, cultive-le: c'est toi... Simultanément, les photographes étaient à la recherche de la plateforme de diffusion adéquate afin de ne pas rejoindre que les photographes.
Cette question de la photographie pour photographe en est une de l'heure. Elle l'a toujours été, mais elle devient de plus en plus pertinente avec cette démocratisation que la photographie numérique a générée. Pour qui fait-on de la photographie? Pour faire avancer et explorer cette forme d'art? Pour sensibiliser le public et éventuellement participer à un monde meilleur? Ce débat est éternel et ici des lignes dures peuvent se confronter. Je fais parti de ceux qui se méfie des modes ou du moins de ne pas réaliser que notre travail n'est souvent qu'une conformité à une mode photographique plus ou moins passagère. Être à la mode n'est pas une tare, mais il ne faut pas se faire croire qu'on ne suit pas cette mode et que ce que l'on fait est très original. Il faut aussi gagner sa vie, obtenir des subventions et tous ces processus requierent un certain "conformisme" à des règles, politiques et esthétismes. Est-ce qu'un projet dans les pas d'Ansel Adams pourrait recevoir du financement aujourd'hui? Est-ce qu'Ansel était un artiste ou un photographe valable? Est-ce que Steve Job est un artiste dans sa lutte contre les idées reçues en informatique, ses préoccupations artistiques et son mercantilisme?
Une trentaine de participants à La Garçonnière, photo Martin Benoit
1 commentaire:
Intéressante réflexion sur la place de l'art dans notre société et sur le rôle du créateur dans son évolution. L'artiste crée-t-il pour lui-même avant tout? Assurément car c'est l'élément-clé de son originalité mais dans un monde d'explosion démographique et de communication multipliée, cette originalité en recoupe d'autres de plus en plus. Pour plusieurs toute démarche de création passe par une nécessaire introspection qui exclut bien souvent la recherche de l'approbation d'autrui. Après tout c'est l'aspect révolutionnaire de l'art qui est en jeu. Il ne s'agit pas de plaire et il y a certainement une grande probabilité de provocation à présenter quelque chose en marge de l'ordre établi.Je comprends cependant la difficulté du créateur à s'autosuffire socialement et affectivement surtout dans un monde de multi-conformités et de stéréotypes réducteurs particulièrement chez les sophisticos comme dirait Alex d'Orange Mécanique. Oui l'Art pour l'Art est un gage d'authenticité et de pérénité de la démarche de création. Ah le beau débat...
Daniel M
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