dimanche 6 octobre 2013

Le vrai et le faux dans l'air du temps

Les organisateurs du World Press viennent de mentionner qu'ils auront des balises précises relatives aux manipulations électroniques admissibles pour la prochaine édition du concours.

La semaine dernière, je me questionnais (comme d'habitude) sur les limites des altérations admissibles dans un contexte photojournalistique.

La revue semestrielle, Études photographiques, publiait dans son numéro 29 de mai 2012, une
Étude stylistique du travail de Curtis. photo Martin Benoit
réflexion sophistiquée sur la notion de vrai et de faux dans les images de Curtis. « Par-delà le vrai et le faux? Les authenticités factices d'Edward S. Curtis et leur réception ». Un article de Mathilde Arrivé de l'Université Paul-Valéry Montpellier III. En gros, cet article très académique fait une réflexion sur la mouvance de la notion de vrai en photographie au cours des cent dernières années. Comment à une certaine époque, dans un certain contexte, une approche photographique est-elle respectée en encensée pour sa véracité et comment elle peut être dénigrée peu de temps après et redevenir encensée quelques décennies plus tard, etc. La tolérance à l'« interprétation » par le photographe de la vérité semble être une question culturelle en constante évolution.

Le World Press vie une de ces mouvances qui a un rythme oscillatoire plus rapide qu'au siècle dernier. Durant les vingt dernières années, les définitions de ce qui est acceptable ont beaucoup bougé et elles bougent à un rythme de plus en plus rapide. De grandes agences, comme Reuters Thompson, doivent redéfinir à leurs photographes ce qui est acceptable. De plus en plus de codes de déontologie prennent position dans ce domaine. La notion de, ce qui était acceptable en chambre noire est acceptable numériquement, ne tient plus la route. Les récentes polémiques imposent des définitions plus claires et précises.

Je crois que la formulation que le World Press adoptera fera école pour un moment. Ils devront y réfléchir longuement s’ils ne veulent pas recommencer l'année prochaine.


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