source Galerie SAS
Née en Algérie, Marie-Reine Mattera grandit en France et vit à Montréal. Ses photos sont publiées internationalement en édition ,en mode et en publicité. Emmanuel Joly a passé une partie de sa jeunesse au Québec pour ensuite revenir en France, son pays natal. Il y réalise ses premiers reportages. De retour au Québec, il travaille pour des publications et des institutions nationales et internationales.
En effectuant des recherches pour un projet sur la folie, Marie-Reine Mattera et Emmanuel Joly tombent sur l’Institut Doréa. Cet ancien internat de rééducation pour personnes classées déficientes intellectuelles a également servi de maison d’accueil à quelques enfants parmi les orphelins de Duplessis. L’endroit, désormais vide, ressemble à un décor de cauchemar. Saisis par le lieu, ils vont y pénétrer et le lire.
Y pénétrer, c’est retrouver les ombres et les terreurs de l’enfance. C’est surtout entrer dans un monde tragique. Les deux photographes témoignent certes de cette tragédie dont ils relèvent les traces, mais leur regard se tourne instinctivement vers les issues. Ils vont photographier les ouvertures, la lumière du dehors, ils vont indiquer, en souvenir des enfants enfermés, un chemin vers la liberté. L’enfer de l’intérieur n’en est que plus terrible, jonché d’objets trop vivants pour ce cimetière, hanté par de grands personnages flous dont on discerne mal s’ils sont inquiétants ou inquiets. Tortionnaires ou victimes, gardiens ou détenus. La prise de vue, proche du sol, modifie notre perception de l’échelle; la lumière est sombre, presque noire. Elle nous montre un monde d’angoisse, de cauchemars et de violence Surgit le spectre concentrationnaire, le carrelage évoque le laboratoire, pire la morgue. Et puis on se rappelle les douches d’Auschwitz. Elles sont dans l’imaginaire collectif à la fois comme des repères maléfiques et comme des hantises.
Le duo appelle le diptyque. On est frappé par la correspondance des images, par leur intimité au-delà de la disparité des prises de vue, un dialogue rare dans l’univers de la photographie plutôt peuplé de solitaires. Il fallait peut-être être deux pour supporter ces lieux maudits, pour arriver à y rester le temps d’une prise, le temps de penser comment en témoigner. Doréa trace un parallèle entre la violence faite à l’enfant et la violence du monde adulte, entre les abus envers les enfants et les abus de nos sociétés, dominées par la standardisation. D’un séjour entre ces murs, on ne sort sûrement pas indemne.
Comment oublier le ici tu meurt des murs de Dorea et la distance magistrale de cette photo… Comme s’il était impudique d’approcher.
Doréa est une œuvre forte qui montre toute la violence et les renoncements auxquels nous devons faire face pour arriver à la véritable liberté.
Vernissage mercredi le 18 juin à 17:30
Espace 1 de la galerie [sas] du 18 juin au 30 août 2008
372 rue Sainte-Catherine Ouest, espace 416
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2 commentaires:
Heu, si elle est née en Algérie, comment la France pourrait être son pays natal ?
Heu, je suis dans le champs, en plus je ne sais pas lire, pardon.
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