samedi 27 juin 2009

Il faut être fair avec le Kodachrome™

J'ai eu tendance à être négatif dans le passé relativement au Kodachrome™, j'aurais dû être transparent... Un film saturé, contrasté, compliqué à faire développer, un film à ne pas laisser dans un projecteur allumé, etc.

Un film par contre avec une acutance et un pouvoir résolvant surprenant (en particulier le Kodachrome™ 25, pour ceux qui s'en souviennent). Un film qui vous révèle des surprises de bonne conservation 50 ans après, lorsque les diapos dans les cadres de carton Kodak sortent de leur boîte à soulier sur la tablette d'en haut du garde-robe chez mon oncle chose.

Le procédé Kodachrome avait été développé par des chimistes (Godowsky et Mannes) qui étaient aussi des musiciens (violoniste et pianiste). J'ai toujours considéré que le Kodachrome™ a été le seul film couleur vraiment inventé par Kodak qui a eu un succès commercial. Il y a eu l'Azochrome™, discontinué par la compagnie et les mauvaises bouches disent que les films négatifs et diapos couleurs qui suivirent de Kodak, seraient le produit d'un "vol" de brevet allemand appartenant à Agfa après la 2e Guerre (dixit un vieil ami Hongrois qui a travaillé à la recherche chez Kodak)... . Chose certaine, Kodak a peaufiné la sauce et a fait d'excellents films à travers les années. Pour n'en mentionner que quelques un, les Ektapress™ négatifs, le Ektar™ négatif, le VPS qui a été consommé en quantité industrielle par tous les studios, l'internégatif, etc.

Ceux qui ont appris à bien exposer sur du Kodachrome™, apprécient vraiment les vertus du RAW, qui souvent dissimule une exposition fautive à la base. L'introduction des appareils pro à exposition automatique a été fort controversée à l'époque comme un signe d'amateurisme. J'aimerais voir aujourd'hui, combien de photo-journalistes laissent leur caméra en mode M?...

Ce fut une époque avec ses exigences techniques et ses gestes photographiques. Le Kodachrome™ imposait sa danse comme plusieurs autres médias.

Kodachrome™ de mon défunt père, pris en 1971 par mon oncle Rémi à l'aide d'un Konica Autoreflex T, le premier slr à objectifs interchangeables à diaphragme automatique.

9 commentaires:

Raphaël Ouellet a dit...

"J'aimerais voir aujourd'hui, combien de photo-journalistes laissent leur caméra en mode M?..."


Sans aucun doutes plus de 95% de ceux que je connais à Montréal....

Et j'en connais quelques uns...

Martin Benoit a dit...

Ça prouve que je suis un gars de négatifs; Je suis surpris par ton commentaire et curieux; je n'ai jamais posé la question et fait mes propres sondages; mais je trouve ça risqué. Combien de fois je me suis retrouvé dans une situation avec un éclairage imprévisible et que je devais lever la caméra rapidement pour faire une photo. J'ai été traumatisé par mes cerfs manqués.

Peut-être que c'est une histoire de style photo-journalistique. Certaines approches et certains types d'affectations ne nécessitent pas la même vitesse de réaction.

Martin Benoit a dit...

Je viens de faire une étrange de découverte.

Ayant été sur le jury du Prix Antoine Désilets de la FPJQ 2006, j'ai un DVD avec toutes les photos soumises et leurs données EXIF.

Sur les 225+ photos numériques soumises (quelques-unes sont des photos argentiques qui ont été numérisées) voici les statistiques d'utilisation des modes d'exposition:

Portrait 39% en Manuel
Reportage 64% en Manuel
Feature 48% en Manuel
Nouvelles 38% en Manuel
Sports 62% en Manuel

Le reste des photos sont en Priorité ouverture, priorité vitesse ou Programme.

Ce que j'ai remarqué, en observant le type d'image versus le mode d'exposition, c'est que lorsque la situation donne assez de temps pour faire des ajustements, le photographe opte pour le Manuel en général.

J'ai hâte d'essayer le mode Auto ISO du D3.

La caméra est à notre service et non pas l'inverse. Si la caméra peut poser des gestes à notre place, et ce souvent plus rapidement que nous, pourquoi ne la laisserions-nous pas faire et se concentrer sur ce qui est important, c'est-à-dire ce qui se déroule devant nous?

L'art est de comprendre son processus décisionnel et de reconnaître la sorte de situation qui se prête à quelle technique.

Beaucoup de photographes (je n'apporte pas de statistiques ici) utilisent en mode automatique la fonction AEL (Auto Exposure Lock) chez Nikon et chez Canon le bouton "*" qui fait la même chose. Ça devient une forme de mode manuel supervisé.

Ce n'est pas parce que on switch sur autre chose que M que l'on arrête de réfléchir et que l'on pointe la zone du posemètre sur n'importe quoi ou qu'on laisse la compensation d'exposition à zéro.

Quand j'ai commencé à faire de la photo de rue fin 70, il fallait travailler avec un Nikon F, au Tri-X sans la tête Fotomic (viseur avec posemètre). Il fallait cacher son Lunasix 3 (posemètre). Le talent était de "feeler" la lumière. Le reste était comme une forme de faiblesse d'avoir recours à ces instruments qui tuaient l'inspiration.

C'est l'introduction de l'impression couleur dans les magazines de nouvelles qui a exigé au début 80 que les photographes d'agences travaillent en diapo et c'est là que les feelings ont eu recours à des instruments. Le grand succès de Canon a été d'être les premiers à introduire un slr multi mode (le Canon AE-1). Un appareil pas pris au sérieux au début, mais qui a tracé la voie vers les Eos d'aujourd'hui.

C'est comme le discours de la focale fixe versus le zoom. Le zoom qui rendrait paresseux en relation avec la focale fixe.

Si comme Glen Gould quelqu'un joue bien du piano sur une chaise trop basse peu confortable, eh bien soit-il. Il n'y a pas de règles, mais que ce qui nous convient en fonction de notre style. Ce que je trouve triste (chez mes étudiants en particulier), c'est l'interdiction qu'ils se font d'utiliser les modes automatiques ayant l'impression de retourner vers l'amateurisme.

Tant que le photo-journalisme restera une recherche de témoignage et de capture du moment décisif, il faudra être "comme un tailleur de diamants qui court sous les bombes"(dixit Reza). Voulant dire qu'il faut l'exposition parfaite, la composition parfaite, l'équilibre des couleurs, etc. et ce dans un délais très court.

À quand le petit bonhomme vert dans la caméra qui nous libérera de toutes ces décisions?

Raphaël Ouellet a dit...

A toutes ces questions :

En grande partie parce que ça rend les gens lâche.

Ça enlève une grande partie du processus décisionnel d'une image.

Parce que le jour ou tu vas être obligé d'être en manuel tu vas être dans la "marde".

D'ici quelques années ça va prendre un appareil qui cadre a ta place aussi je crois ...

Parce qu'il n'y a rien de plus plate que faire de la photo avec un appareil qui fait tout pour toi.

Parce que si tu es sur un assignation, que ton appareil est en automatique et celui de ton voisin aussi, il y a de grande chance que vous ayez la même exposition/profondeur de champ et bla bla bla

Parce qu'en se limitant au mode automatique on "désaprend"


Mais surtout .... surtout

Parce que le chemin le plus court et le plus facile est très rarement le meilleur

Raphaël Ouellet a dit...

Il suffis de regarde le travail d'Ivanoh Demers pour se rendre compte qu'il n'y a pas un maudit kodak automatique qui fait ça.

C'est un des seuls photojournaliste que je connais qui utilise autant les profondeurs de champs etc etc.


"je n'ai jamais posé la question et fait mes propres sondages; mais je trouve ça risqué."

Le risque d'avoir LA shot ou pas ... c'est pas ça qui est le fun dans notre métier? Toujours se surpassé ...



"Combien de fois je me suis retrouvé dans une situation avec un éclairage imprévisible et que je devais lever la caméra rapidement pour faire une photo"

J'ai déjà posé une question semblable à Martin Tremblay, directeur photo de La Presse et photo-journaliste plus qu'incroyable.

Il m'a répondu quelque chose dans le genre "Si j'avais réussis tout les photos photos hors-focus(ou exposition) que j'ai prises ... je serais riche aujourd'hui" où quelque chose du genre...

Au fond, tout le monde fait comme il le veut, mais comme je disais plus haut, j'ai l'impression que le chemin le plus court n'est pas toujours le meilleur ...

Anonyme a dit...

Coudonc Raphael, y'a tu quelque chose que tu snobbes pas?

Patrick a dit...

Je comprends tes arguments Raphaël, mais je ne suis pas d'accord. De mémoire les gagnants des quelques derniers World Press ne sont pas des photographes reconnus pour être des utilisateurs du mode manuel.

Martin Tremblay m'a déjà servi le même argument et sur le coup je ne lui ai pas demandé, mais je suis certain que si on lui posait la question 'Si en sachant qu'utiliser ta caméra en mode AV ou TV ou P tu aurais réussi toutes ces photos, est-ce que tu l'aurais fait?' ... je suis pas mal persuadé qu'il dirait OUI.

À chacun son style bien sur, moi aussi je travail presque tout le temps en mode M, mais je porte pas rigueur aux photographes qui ne l'utilisent pas et je ne pense pas qu'ils sont lâches. Je n'ai aussi aucun doute que parce qu'ils utilisent le mode AV, je ne crois pas qu'ils vont être dans la marde quand ils devront travailler en Mode M.

Raphaël Ouellet a dit...

Je me suis mal exprimé ...

Ce n'est pas d'utilisé les modes automatique qui sont "mauvais".

C'est de ne pas connaitre le mode manuel ...

Anonyme a dit...

De grâce, les amis, surveillez votre grammaire, surtout les infinitifs. Pour que le français se porte bien, la loi 101 ne suffit pas, il faut y mettre un peu de coeur.