mardi 13 octobre 2009

The Times They Are A-Changing


Le monde des grands studios d'enregistrement vit une situation similaire aux photographes.

Des experts considèrent que la moitié des studios professionnels de Los Angeles ont fermé à cause de la démocratisation de l'enregistrement numérique grâce à l'apparition des logiciels de capture audio de haut de gamme.

De plus en plus de musiciens s'improvisent ingénieurs du son dans leur sous-sol et deviennent leur propre studio réduisant ainsi les demandes envers les "vrais" studios.

Aux yeux des pros, ces studios ne produisent pas nécessairement de la qualité, mais les faits sont que les grands studios sont de plus en plus désertés. Plusieurs studios à Montréal ont dû réviser leurs palettes d'offre et construire de plus petits studios pour budgets plus modestes afin de conserver des clients.

Un peu comme en photographie, il nait de ces studios maisons beaucoup de matériel sonore et nous pouvons ainsi voir émerger de nouveaux sons et artistes qui autrement n'auraient jamais eu les moyens de se faire entendre.

Un plus ou un moins pour le citoyen?

Rodrigo G. à sa console Pro Tools™ dans son sous-sol. photo Martin Benoit

5 commentaires:

Sebastien D'Amour a dit...

on ne peut jamais aller à l'encontre de la démocratisation de n'importe quel métier. Il s'agît de noter que ce phénomène apporte beaucoup de diversité dans les options proposées. Ainsi, en musique, en photo et vidéo, un client a le choix de la qualité pour son budget ou pour une qualité désirée. La démocratisation apporte également beaucoup d'avancé technologique et changement intéressant aux domaines artistiques. La technologie devient moins dispendieuses également.

Les gens seront toujours libre de choisir la personne la moins coûteuse pour réaliser leurs clichés, leur son ou leur vidéo. Par contre, ils vont également vivre avec le fait de ne pas avoir le meilleur service, la meilleure qualité ou la meilleure expérience.

Notre société nous poussent dans la direction consommation de masse et non consommation intelligente. Ainsi, les gens cherchent souvent pour un prix mais il existe encore des gens qui cherchent une qualité (mon type de client)

Je pourrais parler d'expérience personnelle mais je vais m'abstenir....

lowtech Factory a dit...

"à cause de la démocratisation de l'enregistrement numérique"

Heu, s'cusez, c'est pas plutôt à cause des prix de fous qu'ils chargeaient malgré la démocratisation de l'enregistrement numérique ?

Martin Benoit a dit...

Je ne veux pas me porter à la défense des grands studios et je ne connais pas exactement la tarification, mais le matériel était prohibitif; trouvez le prix d'un enregistreur Studer 32 pistes, qui n'était qu'une des composantes sans compter les coûts de l'insonorisation des locaux, etc. Souvent autant de pré-amps que d'entrées simultanées sur la console vs le nombre de pistes (un pré-amp décent c'est autour de 1000$), la ou les consoles, les enregistreurs de mastering, etc. On est dans plus d'un million de $ pour un studio qui offrait les services de base de l'enregistrement multi-piste. Pour avoir travaillé à l'implantation d'un studio de station de radio qui est beaucoup moins exigeant, les prix sont un vrai obstacle. C'était super décourageant et inaccessible pour l'amateur.

Je suis le premier content de la numérisation et du matériel chinois.

Josée a dit...

un plus pour la créativité
un moins pour l'expérience!

chrlsvrck a dit...

Le fait est que la démocratisation de l'équipement intervient directement en même temps (peut-être corrélativement) avec l'arrivée du web 2.0 et tout ce qui a trait aux droits d'auteur.

Si on prend exemple sur les brésiliens, plusieurs artistes techno ont produit eux-même ces dernières années leur propre musique. Ceux-ci la téléchargent sur des sites d'échange de musique, la proposent gratuitement aux internautes puis, font un concert et récoltent l'argent.

Donc dans le processus général, on élimine les acteurs et les producteurs de carrière, l'artiste prend toutes les décisions et empoche tous les bénéfices.

Revenons à la photographie. L'équipement est peu dispendieux, photoshop est malgré tout un outil accessible où il est possible d'évoluer sans avoir un diplôme d'ingénieur informatique. Les moyens de diffusion? On ne parle plus d'impression. Tout se fait sur le web, et suivant la qualité de nos images, on les envoie dans des banques d'images. Les gens peuvent faire ça comme passe-temps, recevoir des primes minimales pour les droits d'auteur et on retrouve leur image sur le site de radio-canada.ca. WOW! et c'est souvent des photos prises pour s'amuser.

Bref, le métier en tant que photographe "professionnel" est en mutation. C'est un métier qui suit, instable, l'évolution sociale. Nous vivons une époque charnière, comme à l'arrivée de la pellicule en photographie, il y a 70 ans.

Mais je réfléchis à travers ce commentaire. Les studios ont certes toujours eu du budget, mais enregistrer chez Blue Note Records ou chez virgin était plus simple il y a 20-30-40 ans. Ces compagnies de disque ont créé une industrie qui invente des dépenses et multiplie les profits. C'est donc, pour la musique, un retour du balancier je crois. De toute façon, un élagage naturel se fait, je crois (oh oui, Darwinisme n'est pas nécessairement Nazisme) et de cet élagage, les plus forts survivent.

Mais je crois tout de même que ce qui arrive aux musiciens et aux compagnies de disque est finalement fort différent du phénomène relié à la photographie.

Ouf, c'est un sujet super intéressant!