Neil Burgess, grand bonze du photojournalisme depuis plus de 40 ans, ancien directeur de Magnum photo à New York et à Londres, « chairman » du World Press, propriétaire de l'agence NB Pictures qui représente entre autres Sebastião Salgado, a déclaré la mort du photojournalisme dans un article publié par EPUK (Editorial Photographers United Kingdom & Ireland).
Pour avoir vu et participé à l'évolution de la profession depuis 1958, il considère que le financement pour le vrai photoreportage n'existe pratiquement plus au sens propre du mot.
Une publication paiera beaucoup plus pour la publication d'une photo unique d'une célébrité que pour un photo reportage de 8 pages, incluant une page couverture...
La convergence des médias, Internet, les reporters-citoyens ne sont que quelques composantes de la situation actuelle. Il mentionne, entre autres que sept photographes britanniques ont remportés des prix au World Press et qu'aucun d'entre eux n’était financé par un organisme de presse britannique. Il ne considère pas que des photographes ayant des démarches photojournalistiques n'existent plus, mais que le financement pour de telles démarches n'est plus présent d'où la mort de l'institution.
Peut-être que cette institution, le photojournalisme, développera une autre structure de financement avec le temps, mais reste que les grands médias ont appris, depuis les années soixante, que le photojournalisme « sincère » est une arme à deux tranchants et qu'elle doit-être « encadrée » de très près.
Il reste des organismes comme Media Storm qui tentent de raviver la profession dans un nouveau millénaire. Faisons-nous face à la désillusion d'un individu qui est nostalgique d'une forme spécifique de photojournalisme ou à une réalité? Contrairement à Neil Burgess qui quittait ses couches ne 1958, j'étais moi-même en train de porter mes premières couches cette même année. Combien de grands scandales ont été mis à jour grâce à la photographie durant ces décennies relativement à une période similaire aujourd'hui?
La grande différence tiens peut-être que les photos ayant servies à faire avancer la conscience sociale de l'époque avaient été en très grande partie produites par des professionnels tandis qu'aujourd'hui, la démocratisation du médium fait que beaucoup d'images sont produites par des « amateurs ». Par exemple, les photos d'Abu Ghraib, beaucoup du 11 sept 2001, etc.
La structure de la profession change, mais la photographie est toujours un outil de conscientisation pour de bonnes ou mauvaises causes.
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1 commentaire:
Il me semble que le coeur de l'article est bien résumé ici : le problème est économique. Il ne concerne pas comme tel la pertinence en soi d'une démarche de type "reportage" ou photo-journalistique, c'est seulement que ceux qui payent et qui publient des photos "encadrent" la pratique, comme tu dis, d'une manière telle que leurs intérêts sont bien servis.
Ton commentaire à la fin révèle pourtant la nécessité de repenser le modèle de "média de masse". Ces média sont de moins en moins étanches par rapport à ceux qu'ils "instruisent", la populace. Si leur pouvoir de modelage de l'information se ressent bien encore, par exemple dans la perte d'altitude de la profession photo-journalistique, et ce au profit de photos commandées ayant une certaine esthétique de reportage, il reste que l'autonomie de "sens" du reportage refait surface à cause de la presque omniprésence de l'usage de caméras numériques par des amateurs. Et puisque ce sens est payant pour les média de masse, ils doivent le reprendre à leur avantage.
Peut-être alors se produit-il une scission entre d'un côté l'esthétique de la photo de reportage, esthétique ayant été travaillée depuis de nombreuses années par des professionnels, et de l'autre côté le pouvoir de signification du reportage, pouvoir qui ressurgit dans les photos prises par des amateurs, souvent peu intéressés par ailleurs par la photo.
Cette scission m'inquiète, parce qu'on va soit voir de belles images ayant (parfois seulement) l'allure de reportage, soit des images "criantes de vérités" mais esthétiquement pauvres. En fait, il faudrait se poser la question suivante: les raisons qui font que je (et peut-être vous aussi) m'en inquiète sont-elles de bonnes raisons? Et d'abord: quelles sont ces raisons?
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