dimanche 12 décembre 2010

La question du statut professionnel


Depuis longtemps, je m’intéresse de près au débat entourant la question du statut professionnel en photographie. Heureusement, ou malheureusement, ce statut n’a jamais été défini avec trop de précision de sorte que tout un chacun puisse pratiquer ou tenter de pratiquer dans une liberté relative.

Lors du récent congrès annuel de la FPJQ, un atelier sur le statut professionnel a émis l’idée que la distribution d’une carte de presse identifiant qui sont les vrais professionnels pourrait aider la profession inondée de quidam et de « wannabe » de tous acabits.

Quel est le lien avec la photographie professionnelle? Les photojournalistes et photo reporters font parti de la définition de journalistes, car ils relatent des événements à l’aide de photos au lieu de mots et souvent, aujourd’hui, à l’aide de sons, de vidéos et de mots aussi. C’est pourquoi beaucoup de photographes sont membres de la FPJQ (Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec) ou encore de l’AJIQ (L’Association des Journalistes Indépendants du Québec).

L’émission d’une telle carte et les conditions pour y avoir accès sont sujettes à controverses et divisions entre les membres. Qui est un « vrai »? Et quels privilèges donnons-nous aux « vrais »?

Les diverses associations, corporations et fédérations ont toutes leurs conditions d’admission et de reconnaissance du « professionnalisme ». Que ce soit la CAPIC (The Canadian Association of Professionnal Image Creators), la CMPQ (la Corporation des Maîtres Photographes du Québec), l’APPC (Association des Photographes de Presse du Canada) , la NPPA (National Press Photographer Association), la WPPI (Wedding & Portrait Photographers International), la WPJA (Wedding PhotoJournalist Association) ou la FPJQ (Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec). Je prends ici la peine des mentionner et j’en oublie peut-être, car ce sont toutes des associations professionnelles dont un photographe québécois peut faire partie. Je suis personnellement membre de trois d’entre elles.

Si l’on définit légalement le titre de photojournaliste et qu’on lui attribue des avantages sociaux, des privilèges fiscaux et des droits et devoir, qu’arrivera-t-il avec ceux qui ne correspondront pas à la définition imposée par le gouvernement ou par le consortium responsable d’émettre ce droit à pratiquer.

Le journalisme et le photojournalisme sont, ou sont du moins censés être le chien de garde de la démocratie. Même si ce but est idéaliste, voir utopique, il est important de donner une voix et un droit de pratiquer même aux individus qui ne pensent pas comme la majorité des bien pensant ou tout simplement des établis dans un régime de concentration et de convergence des médias.

Pour les photographes bien établis, ce statut les sécuriserait davantage et retirait du marché les pseudo photographes qui leur nuisent. Du même coup, on risquerait de se retrouver avec une imagerie et un discours visuel formaté à une idéologie dominante. Dramatisation peut-être, mais considérant le peu de joueurs dans le secteur de l’information au Québec, il faut rester vigilant. Si l’on considère qu’une majorité du marché est contrôlé soit par le groupe Québécor ou Gesca (propriété de Power Corporation), la place pour une autre voix reste étroite.

Le débat récent relativement à la pertinence de WikiLeaks soulève des questions similaires.

Ce que je sais, est qu’une définition impliquant que le candidat tire son revenu principalement de la photographie, nuirait aux pigistes qui, on le sait, doivent souvent avoir deux emplois ou plus les premières années pour boucler leur fin de mois…

2 commentaires:

Anonyme a dit...

J'ai été membre de l'une des associations mentionnées et cela n'a pas fait de différence à mes revenus, ni a été un argument pour faire basculer un client de mon côté. J'ai tenté de valoriser l'association tout en me vendant et en vendant mes services. En final, c'est le portfolio et surtout le prix qui sont considérés.

Les « citoyens reporters » sont partout avec leur caméra portable pour capter un évènement. La qualité de la photo est en deuxième plan surtout quand c'est la seule photo disponible. En plus, quand elle est gratuite, les médias en profitent.

En final, pourrait-on forcer les acheteurs de photos de n'acheter que de photographes accrédités?

Malheureusement, j'en doute.

Martin Benoit a dit...

Vous avez raison, mais le problème arrivera lorsque les relations médias la police et organisateur d'événements autoriseront seulement ceux qui présenteront la bonne carte.

C'est ce qui se passe présentement en Belgique et c'est le modèle qui nous a été proposé lors du dernier congrès et qui sera vraisemblablement proposé à la ministre de la Culture.