Avec la grève du Journal de Montréal, les difficultés de l'Agence Gamma, le débat sur le droit d'auteur, la démocratisation du numérique et quoi encore; la question de la rémunération juste des photographes est et sera sur la sellette pour encore un moment.
Est-ce qu'il y a trop de photographes pour les besoins photographiques de notre société?
Est-ce que les écoles de photos produisent trop de photographes?
Pourquoi les photographes travailleurs autonomes ne travaillent-ils pas des semaines de 40 heures toute l'année?
Pourquoi certains secteurs de la photographie sont-ils mieux rémunérés que d'autres?
Pourquoi le droit d'auteur ne s'applique-t-il pas à tous les secteurs de la photographie dans les faits?
Pourquoi paie-t-on plus chèr une photo qui sera publiée sur le cover du Time plutôt que celui de l'Actualité?
Pourquoi un photographe de pub qui réalise une photo à partir d'un "layout" peut-il appliquer la grille tarifaire d'utilisation, tandis que la graphiste qui a réalisé ce "layout" ne semble pas l'appliquer? Qui est vraiment le "créateur original"?
Beaucoup de questions aux étranges réponses, symptomatiques de notre société qui ne sait pas comment nourrir ses créateurs-artisants et qui doit utiliser des pis aller pour pallier à ces lacunes.
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8 commentaires:
Pour la même raison qu'on paiera différemment un écrivain (payé au livre et au nombre d'exemplaires vendus) d'un journaliste pigiste (payé au mot) et d'un journaliste permanent (payé à la semaine, peu importe le nombre de textes publiés).
*Juste une correction. Les journalistes du JdM sont en lock out et non pas en grève).*
Personnellement, je crois qu'il y a plusieurs sortes de photographes et que, dépendamment de leurs affectations, ils se doivent d'être payés selon leur rôle, en plus de leurs compétences.
Une photo servant à vendre un produit vaut plus cher aux yeux de l'employeur puisqu'elle lui sert ultimement à faire de l'argent et qu'elle sera utilisée des centaines ou sinon des milliers de fois, sur plusieurs mois ou années.
Une photo de mariage ne sert qu'une fois, pour célébrer un événement unique dans la sphère du personnel. La journée de travail du photographe, ainsi que le temps de post-production, ne vaut pas aussi cher que celle du photographe corporatif. Le client est différent.
Et je ne parle même pas des photographies qui se veulent artistiques. Comme dans le cas d'un roman, le nom et la célébrité de l'artiste vaut beaucoup plus cher que sa virtuosité. Il faut se bâtir une niche et un public pour celle-ci, souvent en n'étant à peine payé quelques dollars pour les oeuvres vendues, avant de pouvoir éclore plusieurs années après.
Tout est relatif.
Y a-t-il trop de photographes? Quantitativement, oui. Tout le monde peut se payer la nouvelle caméra "hot" du mois, ou s'acheter un DSLR qui fait tout, incluant de la vidéo. Oui ils peuvent faire de belles photos, c'est comme ça qu'on vend les caméras: Vous allez faire les plus belles photos grâce à nos nouveaux bidules qui analysent les sourires, les yeux fermés et qui anticipent les mouvement de pitou pour le garder au focus. Ils peuvent prendre 500 photos du même événement, forcément il va y en avoir une ou deux de bonnes. Ce sera des hasards, des surprises au visionnement. Le photographe en herbe n'aura aucunement voulu/prévu la photo de cette façon. Et comme tout le monde a une bonne caméra maintenant, un paquet de ces kid kodacks se prennent pour des journalistes et prennent tout en photo. Comme ça, lorsque les médias font appel à du journalisme citoyen, il y a des tonnes de ces paparrazzi de la vie quotidienne qui se présentent aux portes pour leur 5 minutes de gloire, avec des images plus "parlantes" que celles des photojournalistes, mais techniquement nulles.
Mais ces gens ne seront jamais embauchés par des agences ou des compagnies, seuls les véritables photographes(professionnels, techniciens, artisans) le seront. La nouvelle contrainte elle celle de passer au travers du filtre de la gratuité et du convenu.
Je suis plus ou moins d'accord avec ton commentaire curiousguy puisque je suis photographe de mariage et l'importance de l'image est tout aussi présente.
Pourquoi est-ce que mon travail ne vaut pas aussi cher que le photographe corporatif? Serait-ce la même déduction pour les photographes de presse puisque l'image fait sensation (c'est plus la nouvelle que la photographie pour le lecteur moyen) une journée et elle est remplacé le lendemain pour une nouvelle?
Il faut noter que la démocratisation de la photographie en général rend le tout plus complexe. Pour le client typique, il sera heureux simplement si la photograhpie est mieux que ce qu'il peut réaliser. Pour le client commercial, c'est simplement la perfection qui est de mise.
C'est vrai que tout le monde peut maintenant se procurer un appareil et réaliser de meilleures photographies. Pour contrer se problème, il suffit de se démarquer! Je réalise que plusieurs souffre puisqu'il vive au même niveau. Et si ils essayaient de peaufiner, inventer ou créer différement?
c'est une matière à réflexion et discussion sans cesse...
Bonne photo et amusez-vous bien!
Sébastien D'Amour
Bonjour Sébastien,
Je ne dis pas que la photo de mariage ne se doit pas d'être la plus belle possible, je disais surtout que la clientèle est différente et beaucoup plus en moyen lorsqu'il s'agit d'une demande corporative. De plus, le client d'affaire déduira cette dépense à ses prochains impôts, donc il s'en balance de payer plus cher, car cette photo est un investissement pour lui.
Merci de me corriger, Curiousguy, relativement au lock-out; c'est effectivement très différent d'une grève.
Pour ce qui est de la rémunération, on peut tergiverser des heures et ce sera une question morale à la fin. Travail égal, salaire égal? Un pigiste fait souvent le même travail qu'un permanent et n'a qu'une fraction du salaire... Une photo de pub est-elle socialement plus "utile" qu'une photo pour une O.N.G. qui ne paie pas? Qui dans les faits récupère le plus d'argent du droit d'auteur? Le petit photographe qui photographie des cannes de soupe Campbell pour le publisac ou le "gros" photographe qui fait du corporatif de campagne nationale? Qui a travaillé le plus fort? Qui mérite le plus?
Sans être gauchiste, notre société rémunère les photographes selon les budgets disponibles et non pas selon l'expertise requise. Je ne nie pas que pour gérer un gros contrat stressant pour Cossette il faut beaucoup de talent et d'expertise et si on était mal payé, peu seraient incliné à faire ce genre de shoot.
Que veux-tu dire par des images plus "parlantes" que celles des photojournalistes? Et pourquoi techniquement nulles?
Je dis que l'image est plus parlante parce que, en quantité, il y en aura au moins une ou on verra les protagonistes agir de la façon décrite dans un article. Un exemple typique serait le vidéo (ou était-ce juste des photos) amateur où on voit la panique dans la cafétéria de Dawson lors de la fusillade. La qualité technique était nulle, mais ces images d'un cellulaire ont été reprises par les médias puisqu'elles "parlaient", elles montraient une fraction de l'événement dans le feu de l'action.
Les journalistes n'ayant pas eu l'opportunité de rentrer dans l'établissement avant la fin de l'événement ont été contraints de prendre des photos techniquement bonnes montrant les policiers et ambulanciers en état d'alerte, ainsi que les étudiants courant en tous sens hors de l'école. Parlaient-elles moins? Oui si on se fie à la place importante qu'ont prises les images amateures de l'intérieur du bâtiment.
Personnellement, j'aime mieux voir un bon cliché pris quelques minutes et/ou secondes avant ou après un événement, qui raconte, plutôt qu'une photo sans qualité de quelqu'un qui était au bon (mauvais)endroit, au bon (mauvais) moment et qui a pu prendre sur le vif un meurtrier commettre son geste. C'est du voyeurisme pur, du style twitter, qui parle mais ne raconte rien, tandis qu'un photojournaliste va faire raconter une histoire à son image.
Mais encore,
Ce ne sont pas tous les photojournalistes qui ont la capacité d'expliquer un événement avec une photographie. Il est bien connu dans le métier de photographie que les connaissances aident énormément. Parfois, le jugement est biaisé à cause de cette pression!
C'est vrai que j'aime mieux regarder une image de qualité par dessus une image de basse qualité prise au mauvais endroit au mauvais moment.
C'est certain que la discussion sur la rémunération sera toujours présente dans le métier. Il faut réaliser que la valeur de notre photographie est celle à laquelle on croit.
Au plaisir de vous lire!
Pour compléter les propos de Sébastien D'Amour:
Ça me fait penser à un cours de cinéma à l'université il y a 5-6 ans:
Pour le film 16mm qu'elle devait faire, une des équipes avait eu la "chance" de passer sur un viaduc près duquel un accident de voiture venait de se produire. Il en est résulté une scène impressionnante avec un véhicule renversé sur le toît, les clignotants allumés, et absolument personne autour.
Nous avons tous trouvé cette scène magnifique pour raconter l'état d'esprit des protagonistes du film. Même si, avec le recul, le caméraman a juste eu la chance d'être au bon en droit et au bon moment avec de l'équipement de qualité.
Mon opinion sur la rémunération, il s'agit juste d'être bon vendeur!
Mon grand oncle, qui est aussi photographe, ma toujours dit qu'il était pourri mais avait une assez grande yeule pour se vendre! Donc il a fait une petite fortune!
Donc "Le petit photographe qui photographie des cannes de soupe Campbell pour le publisac" a ce job (et je parle de conaissance de cause;)) pcq'il n'est pas assez vendeur pour concurrencer avec "le "gros" photographe qui fait du corporatif de campagne nationale" et qui a surment une plus grande yeule que la seinne!
Parcontre, même si ce n'est pas glamorous, je dois avouer qu'il y a une certaine stabilité financiaire qui accompagne la canne de campbell's. Au moins "le petit photographe" peut se consoller de ça! ;)
Bonne photo!
Max
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