Comparer ces deux types de dispositifs de capture est un mandat indéfinissable. Comme mentionné précédemment, c’est comparer des oranges avec des tomates. Voici quelques approches plausibles pour effectuer une telle comparaison:
-considérer la question que du seul point de vue de la performance fichier, c'est-à-dire ne considérer que la qualité des pixels générés par le dispositif et déterminer lequel est le plus exploitable pour des fins professionnelles.
-tenir compte de l’investissement financier que chacun des dispositifs implique et porter un regard global sur l’usage des immobilisations financières dans un contexte d’une pratique professionnelle. Par exemple, tenir compte de l’usage et des profits imputables aux sources d’argents disponibles par le choix d’une plateforme versus une autre. Si un dispositif vous coûte $20 000.00 de moins que l’autre, comment allez-vous faire fructifier photographiquement les sommes «économisées».
-comparer l’ergonomie des plateformes
-comparer la pérennité et le service après-vente des diverses solutions
-tenir compte de la versatilité d’un système versus l’autre et des marchés potentiels ouverts par cette versatilité et son coût d’y avoir accès.
-la linéarité des couleurs sans avoir à générer un profil spécifique. Nous pourrions inclure la comparaison des gamuts, et ce, à divers ISO
-comparer les résultats en fonction des logiciels d’ouverture des fichiers RAW.
-les conséquences optiques inhérentes à chacun des dispositifs. Par exemple, à cadrage et perspective égale, l’utilisation d’un grand capteur requiert une focale plus longue ce qui implique qu’à ouverture de diaphragme égale la profondeur de champ sera moindre. Ce peut être considéré comme un avantage dans le cas de portraits où un hors foyer «précoce» nous permettra de ne pas souligner un arrière-plan douteux. Ce peut être considéré comme un désavantage dans la perspective où pour obtenir une profondeur de champ équivalente on nécessite un ou deux crans de plus fermé sur un grand capteur ce qui signifie un investissement dans une puissance totale de flash supérieure.
-Considérer le «statut» que l’utilisation d’une plateforme plutôt qu’une autre génère chez le client. Un aspect ici très sensible et très difficilement mesurable. Dans quelle mesure, le fait d’utiliser un dos de haut de gamme attire et rassure le client au point de choisir ce photographe plutôt qu’un autre sur ce critère uniquement. Selon mes conversations avec divers intervenants du milieu, ce point est entouré d’un flou artistique prononcé.
J’ouvre une grande parenthèse ici. Il fut une époque où posséder un Nikon pro (genre F4) avec 5 bons objectifs, un Hasselblad avec 3 bons objectifs et une chambre 4x5 Sinar ou Linhof avec 3 bons objectifs vous permettaient de remplir les besoins de 98% des clients sérieux. Le client ne questionnait pas le photographe sur la série de ses objectifs Schneider et l’année d’achat de sa chambre 4x5. Tout ce matériel de haut de gamme était dispendieux et représentait un investissement important pour le photographe qui étalait le remboursement de ce matériel sur une dizaine d’années ou plus encore. De nos jours, l’investissement est incomparable et la pérennité du matériel est éphémère en relation avec le matériel argentique. De plus, et c’est là que c’est douloureux, nous développons une incertitude à l’égard de notre «edge» en terme de compétitivité. Les marchés étant en mutation rapide ces temps-ci, chaque investissement peut-être déterminant d’une évolution ou d’une chute d’où l’importance d’investir judicieusement. Si vous êtes de ceux à l’extrémité droite de la répartition gaussienne du succès photographique (je fais référence ici au succès financier), la question ne se pose peut-être pas ou à une échelle moindre, mais si vous n’êtes pas si chanceux, ces options peuvent devenir déterminantes.
Peut-être, somme-nous mûre pour un changement de paradigme dans nos stratégies de mise en marché et vraiment souligner le fait que ce qui est engagé est le photographe plutôt que son équipement. Le prix à payer pour ce changement est d’avoir un produit unique de qualité et différent à offrir. Cela nécessite un renouvellement constant de sa vision et implique un effort créatif sans précédent. Est-ce que le client est vraiment à la recherche d’une vision ou dans beaucoup de cas est-il lui aussi à la recherche de faire l’ouvrage à moins cher? Y a-t-il un vrai marché pour la «qualité» ou sommes-nous dans une ère du «fast food» photo?
Oui, ce qui est apprécié chez les grandes agences est aussi en transformation et peut-être qu’ils ne sont plus aussi sensibles à la qualité technique qu’avant et que les impératifs économiques jumelés aux besoins d’être remarqués mènent le client à toutes sortes de considérations nouvelles pour le photographe «traditionnel».
Ce qui serait triste est que le fardeau financier imposé par les investissements requis afin d’actualiser son matériel soit un frein au développement visuel de la profession et que les «jeunes bougalous plus fous» imposent leur vision et approche.
J’enseigne à ces jeunes bougalous et je leur souhaite le meilleur des mondes. Ils ne pourront définitivement pas avoir accès à court terme à ces plateformes haut de gamme, que devons-nous leur dire?
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