lundi 29 décembre 2014

2014 l'année des drones photo

2014 aura été l'année de maturité des drones photographiques. Ils ont servis à faire des photos sportives qui ont été primées au WorldPress Photo, ils ont servis à filmer et éclairer une descente de ski spectaculaire, ils ont servi à faire danser des abats-jours et entre autres à faire voltiger une tige de gui au-dessus d'amoureux afin qu'ils puissent s'embrasser « under the mistletoe ». Des photographes de mariage l'utilisent afin d'offrir un nouveau point de vue.

Des groupes de discussions très sérieux se sont formés sur Linkedin. Ils sont devenus plus stables, plus facile à piloter, les agences aériennes et les gouvernements ont commencer à légiférer leur utilisation et finalement, les grands magasins de Montréal ont commencé à en vendre sérieusement voir même les vendre en spécial lors du Boxing Day.

Quel est l'apport des drones à la photographie?

Des points de vue impossibles autrement. Un drone peut voler à l'intérieur d'un édifice (pas un hélicoptère conventionnel). Un drone peut passer sous une chaise ou dans un cerceau. Il peut se positionner au plafond d'une usine où il aurait été impensable d'aller installer une caméra. Un drone peut voler au-dessus d'un événement social. C'est aussi un nouveau mouvement de caméra pas seulement un nouveau point de vue. En cinéma/reportage vidéo, un drone peut faire un traveling qui aurait anciennement impliqué une grue savante ou un assemblage de rails complexe, voire souvent impossible. Un drone donne accès à plusieurs points de vue qui auparavant auraient nécessité une prise de vue aérienne avec un avion ou un hélicoptère qui aurait très souvent été prohibitif.

Il a fallu plusieurs avancements technologiques pour que le drone trouve sa place en photographie professionnelle.
-que la caméra qu'il héberge soit d'une résolution et d'une qualité de fichier utilisable (merci GoPro 4)
-que le poids d'une telle caméra soit très léger (merci GoPro 4)
-que la caméra qu'il héberge puisse envoyer son cadrage via Wi-Fi afin de cadrer précisément (merci GoPro et Sony)
-que la stabilité de vol soit de qualité photographique et cinématographique (merci aux micros gyroscopes et  à la technologie GPS)
-que le prix et la courbe d'apprentissage à voler un tel appareil, soit réaliste (merci Phantom)
-que le danger de faire voler un tel appareil près d'humains soit minimal. Il faut se souvenir des hélicoptères photographiques télécommandés d'il y a que quelques années et qui étaient de vraies guillotines.

Les gouvernements ont commencé à limiter l'usage des drones photographiques à des usages récréatifs non commerciaux ce qui va à l'encontre de la photographie professionnelle. Le lobby des drones ne fait que commencer et le combat sera entre la notion de sécurité publique et la liberté d'expression. Je ne suis pas optimiste en terme de faire valoir la liberté d'expression lorsqu'elle est opposée à la sécurité publique. Il faudra dédramatiser l'usage des drones et les comparer aux dangers des cerfs-volants ou des gens qui font du parapente. Un cerf-volant peut causer beaucoup plus de dommage qu'un drone et un coup de « parapenteur » ou de delta-plane aussi.

Plus les drones photo seront utilisés correctement, plus ils s'imposeront.
La vraie question est: à qui nuit l'usage des drones et quels sont leurs intérêts?

Bonne Année!

jeudi 18 décembre 2014

Tendances de l'année

Si vous ne connaissez pas The Camera Store en Alberta, c'est peut-être une bonne occasion de rencontrer leurs protagonistes.

dimanche 7 décembre 2014

Les animations GIF en vogue

Avec la facilité de travailler des fichiers vidéos sur des ordinateurs domestiques, on voit apparaître des oeuvres intéressantes de plus en plus.

dimanche 30 novembre 2014

Étudier la photographie était un privilège

Il n'y a pas si longtemps, être accepté dans un programme de photographie comme celui du Vieux Montréal était un privilège et les étudiants étaient motivés. Connaître et maîtriser les secrets de l'alchimie de la chambre noire couleur et noir et blanc vous séparait du mononcle avec le gros kodak.

Aujourd'hui, la démocratisation de la photographie numérique et l'informatique vous normalisent relativement au mononcle motivé.

L'étudiant ne sent plus qu'il est membre d'une secte de privilégiés, mais souvent juste un autre pousseux de pitons à l'occasion.

Assez de nostalgie, la réalité est plus complexe que ça, mais il reste un fond de vérité dans ce préambule. Faire de la photographie est davantage que de se créer une classe à part. C'est maîtriser des outils, des situations et un marché. C'est savoir se renouveler et s'adapter. Reste que l'école n'est plus cet endroit mystique parsemé de laboratoires aux odeurs acres et aux éclairages inactiniques. Nous avons conservé notre grand labo. noir et blanc et je crois que c'est une bonne décision dans la mesure où les pieds carrés nous le permettre. Chez nous, la pratique du laboratoire argentique a lieu au début de la 3e année et plusieurs attendent patiemment le jour de rentrer dans ce local mythique. Certains s'y aventurent avant le temps et y jettent un regard furtif.

S’il était réaliste de maintenir une développeuse RA-4 (développeuse à papier négatif couleur argentique), j'irais jusqu'à suggérer de conserver un peu d'impressions couleur soustractives même si les résultats ne sont pas comparables aux impressions numériques modernes. La sensibilité visuelle que l'impression couleur manuelle développe manque un peu dans notre formation et je suppose celle des autres institutions. Savoir reconnaître une dominante avec précision était souvent le résultat d'heures de frustration en impression couleur négative. Les outils modernes de correction de couleur sont très efficaces, encore faut-il savoir sur quel curseur agir. Reconnaître un croisement de courbe (dominantes opposées dans les ombres et les hautes lumières) nécessitait une sensibilité et surtout d'avoir rencontré des centaines, voire des milliers de tirages, défectueux.

Dans un univers où comment rendre mes ombres vertes et mes tons moyens plus ou moins normaux devient une certaine norme, cette compétence n'est peut-être pas pertinente.

La colorisation vidéo sera peut-être notre voie salvatrice afin de développer une sensibilité visuelle.

mercredi 19 novembre 2014

Le future du photojournalisme au congrès 2014 de la FPJQ

Jacques Nadeau, Martin Tremblay, Valérie Gaudreau et Paul Chiasson. photo Martin Benoit
La fin de semaine dernière, lors du congrès annuel de la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec (FPJQ), un groupe s'est questionné sur le besoin et le futur des photojournalistes.

Le groupe était composé de Jean-Marie Villeneuve, photographe au quotidien Le Soleil à Québec, Jacques Nadeau,photographe au quotidien de Montréal, Le Devoir, Martin Tremblay, directeur photo et vidéo pour La Presse+, Paul Chiasson, photographe pour l'agence de presse La Presse canadienne et Stéphanie Mac Farlane, reporter et photographe au Gramby Express. Le tout était animé par Valérie Gaudreau, journaliste au quotidien de Québec, Le Soleil.

À l'ère des téléphones cellulaires avec d'excellentes caméras, du journaliste-citoyen, des coupures dans les salles de presse, est-il encore pertinent de maintenir une équipe de photojournalistes spécialisés?

La conjoncture économique semble révéler que la photo a toujours une certaine cote de popularité chez les lecteurs. Le numéro spécial sur la photo de La Presse+ ayant été le plus consulté. Les lecteurs semblent toujours apprécier la photo, voir plus que la vidéo si l’on se fie aux nombres de clics sur les différents médias. Le papier étant voué à disparaître l'espace photographique sur le web est quasi illimité par opposition à l'imprimé. Les opinions laissent à supposer que la qualité des photos réalisées par des pros est nécessaire à bien raconter une histoire et que la photocitoyenne aura sa place que pour dépanner lors de "breaking news" car souvent, le citoyen est sur les lieux avant le photographe professionnel.

Selon les éditeurs, un des problèmes avec la photocitoyenne, est la difficulté de valider l'information et l'éthique des citoyens/photojournalistes. Un professionnel adhère à un code de déontologie via sa fédération tandis qu'un citoyen-reporter est laissé à sa propre conscience. Les conséquences d'une déviation au code de déontologie sont beaucoup plus lourdes pour un pro que pour un amateur qui ne subit aucune conséquence quand on compare à un congédiement possible dans le cas d'un pro.

La profession rétrécit en matière de postes permanents dans les grands médias. L'excellence et la persévérance doivent être au rendez-vous si un photojournaliste veut gagner sa vie. Jacques Nadeau soulignait qu'il était important que les pros encouragent et laissent de la place aux nouveaux venus afin de se tailler un futur: "On a tous commencé quelque part, il faut donner la chance aux plus jeunes et j'insiste...". L'avenir semble être aussi dans la polyvalence: la photo, la vidéo, l'écriture. Plusieurs font remarquer que le multiplateforme et la polyvalence ne sont pas chose récente. L'optimisation de sa façon de travailler et la compréhension de l'actualité constituent un atout majeur du professionnel en comparaison au citoyen-photographe qui ne sera tirer le maximum d'une conférence de presse ou encore de comprendre ce qui est la vraie nouvelle et l'intérêt public dans un contexte donné. Le photographe d'aujourd'hui doit produire davantage d'excellentes d'images afin de nourrir les galeries de photos que le web requiert. Le pro est quelqu'un qui connait la syntaxe et la sémantique de l'image de presse et respecte une déontologie.

La pression du temps et des conjonctures économiques des journaux risquent de faire baisser la qualité du travail des pros et selon certains, c'est ce qui constitue la vraie menace du photojournalisme professionnel.

Réponse à l'intrigue d'Antoine

photo Martin Benoit, iPone 4s en mode HDR
L'appareil photo qui permet de prendre des photos à n'importe quelle vitesse d'obturation sans que la photo soit floue est un soufflet de duplication où l'original à copier est attaché à l'objectif.

Si l'appareil bouge, le sujet bouge aussi empêchant par le fait même que la reproduction soit floue.

C'est un bon vieux Minolta srT 102 équipé d'un double soufflet de copie macro avec porte-diapositive et diffuseur. Le soufflet secondaire entre l'objectif et la diapositive à copier empêche les réflexions parasites sur la surface de la diapositive.

jeudi 13 novembre 2014

L'intrigue d'Antoine Desilets

Quel appareil photo peut prendre des photographies à n'importe quelle vitesse d'obturation sans que les photos soient floues?

C'était la question mystère qu'Antoine Desilet posait à ses lecteurs dans sa chronique photo dans le journal Le jour.

Selon mon souvenir vacillant, personne n'avait trouvé la réponse. Il avait du publier une photo de ladite caméra la semaine suivante pour élucider le mystère. Une réponse simple auquel personne n'avait pensé.

À votre tour de trouver la solution. 

dimanche 2 novembre 2014

La technologie et l'art

Le documentaire « Tim's Vermeer » sur Netfilx, fait une réflexion sur la difficulté qu'ont les historiens du domaine de l'art d'accepter qu'un artiste ait utilisé une technologie afin d'améliorer son art. Un peu comme si cela rendait son travail moins artistique.

Il fut une époque, la renaissance, où le mariage entre l'art et la technologie était admiré. On n'a qu'à penser à Léonard de Vinci.

Ce documentaire constitue la dernière mouture des spéculations à savoir comment le peintre flamand Johannes Vermeer a-t-il pu réaliser ses peintures avec tant de réalisme dans la gradation de la dispersion de la lumière.

En gros, le film démontre comment à l'aide d'un simple miroir et d'une lentille on peut rendre des tons de façon très précise si on est capable de juxtaposer et différencier deux couleurs l'une près de l'autre. Par le fait même, le dispositif permet d'atteindre une perspective et des proportions exactes.

Plusieurs prémisses sont sous-entendues dans cet intéressant documentaire. Premièrement, que les peintures de Vermeer reproduisent exactement la scène qu'il peignait. Nous n'avons pas de photo de ces scènes pour comparer. Que le but de Vermeer était de reproduire fidèlement ce qu'il voyait plutôt qu'en faire une interprétation. Qu'un bon artiste ne peut pas générer par lui-même, sans accessoire, des dégradés « photographiques ».

Je suis quand même très impressionné par la technique du miroir comparatif que Tim Jenison illustre dans cet exposé. Il reste étrange qu'aucun manuel technique de peinture de l'époque n'y ait fait allusion.

L'appréciation d'une oeuvre est définitivement dépendante de l'époque et des préoccupations de cette dernière. Tim Jenison ayant travaillé durant des années à parfaire les algorithmes de logiciels de rendus de l'éclairage possède cette sensibilité et cette préoccupation. À d'autres époques on était plutôt à la recherche d'une influence italienne comme durant l'entre Guerres et l’on aurait, semble-t-il découvert des Vermeer inconnus grâce à cette préoccupation.

L'art absolu indépendant des influences existe-t-il?

dimanche 26 octobre 2014

Un Leica sans moniteur

en attendant mon M Edition 60
Leica produira une série très limitée (environ 600) de caméras numériques sans moniteur pour valider l'exposition. Back to the Past où il était impossible de savoir si l’on avait bien exposé avant le développement. Un revendeur Leica de Montréal me dit que l'ensemble viendra avec une paire de gants blancs pour le manipuler.

Ce genre de caméra n'est pas tout à fait nouveau. J'ai travaillé avec un Nikon F3 numérique sans moniteur au début des années 90 et certaines caméras très très amateurs n'ont pas de moniteur.

Le prix ~19 500$ en calmera plusieurs. Vous obtiendrez aussi la nouvelle Summilux 35mm f1,4. Si vous voulez vous pratiquer à exposer sans moniteur, un morceau de gaffer tape sur votre actuel moniteur peut faire l'affaire en attendant votre M Edition 60. Pour les gants blancs, je laisse ça à votre discrétion. ;)

The Unboxing of the Leica M Edition 60 from Leica Camera on Vimeo.

lundi 13 octobre 2014

Viviam Maier, une utopie photographique


 Pour ceux qui ont vu le film « Finding Vivian Maier », il peut en ressortir que Vivian vivait une certaine utopie de liberté photographique. Aucune contrainte de publication, de se trouver des clients, de se plier aux exigences de financement lors de demandes de bourses, etc.

Elle photographiait ce qui semblait lui tenir à coeur en toute liberté. Si elle avait des restrictions, elles étaient d'ordre financier ce qui explique peut-être pourquoi on retrouve peu d'impressions d'époque de sa production, mais plutôt des négatifs et des films non exposés. L'impression et le développement occasionnant des frais importants.

Selon le film, son corpus serait de l'ordre des 105 000 prises de vues. En pellicule 2 1/4 c'est énorme. 105 000 / 12 poses = 8750 rouleaux. Si elle a photographié de l'âge de 18 à 70 ans, ça implique 168 rouleaux par année, donc environ 3 par semaines. Pour un professionnel, c'est peut-être normal, mais pour une photographe de rue qui possède un autre emploi, c'est énorme. Quoi qu'il en soit, sa production est gigantesque et pour l'instant difficilement consultable, le film et les bouquins ne nous montrent qu'un fragment de sa production.

Le film propose différentes explications qui justifieraient sa démarche. En passant par la maladie mentale, l'abus, la compulsion du souvenir, le désir de liberté, etc. Le lecteur est devant toute une palette de possibilités. Malheureusement, il semble que Vivian parlait peu ou pas de sa démarche photographique.

Il faut aussi essayer de comprendre comment était reçue une femme avec des enfants dans les rues de Chicago ou New York qui prenait des photos avec un Rolleiflex la tête vers le bas. Nous ne sommes pas en 2014 où beaucoup de monde se méfie de la photographie. Nous sommes 50 ans en arrière dans des grandes villes américaines à une époque où les gens ne se promenaient pas avec une caméra au cou, en particulier une femme. Difficile à saisir.

En passant, aux États-Unis en matière de droit d'auteur, à qui appartient le droit d'auteur si quelqu'un achète des négatifs dans un marché aux puces? Si un jour vous venez à décéder et que quelqu'un achète vos vieux disques durs contenants vos fichiers raw, est-ce que le droit d'auteur des fichiers raw appartiendra au nouveau propriétaire du support physique? C'est étrange le phrasé qui est utilisé sur le site officiel des photos de Maier pour décrire le fait que ces photos sont protégées par le droit d'auteur. Ma compréhension est que le droit d'auteur devrait appartenir à la succession légale de Maier qui, semble-t-il, n'avait pas laissé de testament... Le site mentionne qu'elles sont protégées, mais ne mentionne pas à qui est le droit d'auteur...

Effectivement, un avocat américain a soulevé cette problématique et il semble que tout est sur la glace présentement, car divers héritiers potentiels sont à négocier à qui revient les profits de ce phénomène photographique.

mercredi 8 octobre 2014

Quel quelques semaines avant la fin de l'expo Gaby sur la rue de Maisonneuve

retouche sur les poils de la main de Cocteau. Cliquer sur l'image pour l'agrandir. photo Martin Benoit
Si vous voulez voir de la « portraiture* » classique au 5x7, 2 1/4 et 35 mm des années 50-70, il ne reste que quelques semaines avant que le volet extérieur de l'expo Gaby se termine. Ensuite, seule la partie intérieure à La Grande bibliothèque se poursuivra jusqu'au 7 juin 2015. D'ici là, le volet extérieur se termine le 16 novembre.

Ayant grandi dans les années 60-70, j'ai beaucoup entendu parler de Gaby comme étant le grand portraitiste classique de Montréal. Une sorte de Yousuf Karsh montréalais.

Ce qui est intéressant d'une visite globale de l'exposition, c'est que l'on peut voir des tirages originaux d'époque encadrés (à l'intérieur de la Grande bibliothèque), des impressions rétroéclairées et des numérisations haute résolution des négatifs originaux ainsi que des impressions offset dans un bouquin. C'est du moins mon interprétation des méthodes utilisées afin de présenter son travail. Selon les modes de présentation, on apprend différentes choses sur son travail. Les impressions argentiques d'époques encadrées nous parlent de sa signature finale en terme de rendu qu'il recherchait et livrait à ses clients. Les numérisations haute résolution des négatifs originaux et imprimées 5 pi x 7 pi nous parle du travail de retouche qui était effectué sur les négatifs ainsi que sa façon de placer son plan focal lors des prises de vues. Enfin le bouquin nous présente une version « idéale » de comment les tirages auraient du être.

On traverse facilement 40 ans de prises de vues et de changements technologiques. En débutant par des prises de vues à la chambre 5x7 (je suppose à voir les proportions des tirages, la taille relative du grain photo et la taille des traits de crayon sur les négatifs). Suivi par un peu de 35 mm et surtout du 2 1/4 carré. Gaby est souvent représenté ayant un Hasselblad à la main. Évidemment sur du 35mm et du 2 1/4 on oubli la retouche crayon sur négatif qui apparaîtrait comme un trait de charrue... Par contre, on obtient beaucoup plus de profondeur de champs. Il est spectaculaire de voir la qualité des forts agrandissements de certaines prises de vues au 2 1/4.

Je savais que Gaby avait photographié de grandes personnalités, mais pas à un niveau aussi international que ce que l'on peut voir dans cet expo. De Pablo Neruda à Jayne Mansfield à Cocteau, il a beaucoup trotté est devait être en demande. Héritier de la tradition hollywoodienne de George Hurrell et des éclairages dramatiques de Karsh, il s'inscrit dans les courants des années 50-60 en conservant un certain classicisme à une époque où l'apparition des parapluies et du flash électronique commence à prendre le dessus sur cette esthétique.

J'aime découvrir l'intention de retouche et l'intention de mise au point du photographe en explorant le détail d'une image à forte magnification. Les très grandes impressions de la Place des spectacles de la rue Maisonneuve permettent une telle analyse.

Gaby n'a probablement jamais vu ses négatifs imprimés à une telle taille. Dans les années 60 une impression argentique de 5pi x 7pi était prohibitive en terme de prix. De plus, ces prises de vues ne se destinaient pas à de telles tailles. Au Quartier des spectacles, plusieurs tirages ne permettent pas au spectateur de se reculer et imposent une lecture très rapprochée. On peut conclure que la grande majorité de ses prises de vues n'ont pas la mise au point sur les yeux, mais souvent sur les oreilles. Si vous avez déjà fait la  mise au point sur un verre dépoli d'époque 5 » x 7 » vous savez qu'il est quasi impossible de faire la différence entre la netteté sur des yeux ou des oreilles lorsque la tête du sujet occupe cette taille sur le négatif. Seule la profondeur de champ permettait d'espérer que tout se passe bien... De plus, il est évident que Gaby n'utilisait pas une puissance d'éclairage extraordinaire, car la profondeur de champ est minime (je suppose un cran ou 2 fermés sur des optiques de 210-300 mm, donc f 8-11). De plus, le Plus-X Portrait 5068 de 100 ISO (le fameux film pour portraits dont la l'émulsion permettait au crayon de mordre afin d'effectuer des retouches directement sur le négatif et pouvoir les effacer au besoin) n'était pas particulièrement sensible si on cherchait un bon détail dans les ombres. Une telle quantité de lumière ne devait pas trop nuire au confort du sujet qui devait quand même passer plusieurs minutes sous ces projecteurs. Le flash électronique a beaucoup changé la donne dans ce genre de photographie. Il en résulte des vitesses d'obturation relativement lente autour du 1/30 qui à l'occasion sont responsables de bougées de la part du sujet. Ils ont préféré conserver les bonnes expressions plutôt que la précision technique.

Un voyage dans le temps et peut-être une esthétique qui fera un retour à en juger par la popularité des « beauty dish » auprès de nos étudiants.

*J'utilise le terme « portraiture » de l'anglais, car quand j'ai eu ma formation en photographie c'est le terme que l'on utilisait de façon péjorative pour référer aux vieilles techniques d'éclairage multisource que l'on considérait comme très théâtrales.

lundi 29 septembre 2014

Le Nikon D750, une caméra qui risque d'avoir du succès auprès des photojournalistes en Nikon

Nikon vient de lancer un nouvel appareil, le D750 qui est presque une D4s sans la méga robustesse et le fort prix, mais avec le Wi-Fi intégré. Je suspecte que plusieurs pros vont apprécier ce boîtier comme second boitier.

image issue du site de Nikon
Imaginez un pro avec une D4 ou D4s ou encore une D3s et comme second boitier une D750. La 70-200 sur la D4 et la 24-700 sur la D750. En général les prises de vues au grand-angulaire nécessitent moins de cadences rapides que celles au télé et même, si besoin cadence rapides, la d750 fait quand même du 6,5 ips.

Il est temps de « feeder » l'employeur ou le client, on choisit les bonnes photos que l'on « lock » avec la petite clé, que ce soit sur n'importe quelle caméra. On a réglé les deux caméras à sauvegarder en NEF et JPG moyen et on déplace la carte contenant les photos à transmettre dans la D750 et via le Wi-Fi intégré et ShutterSnitch, ou autre logiciel de cet acabit, on transmet via notre téléphone le JPG en quelques secondes. Pas de laptop ou iPad à trimbaler et les photos sont à temps chez le client « nerveux et impatient »...

dimanche 21 septembre 2014

Une nouvelle mise en récit

Les caméras GoPro ont créé une nouvelle façon populaire de se mettre en récit. Une forme de selfie cinématographique des années 2010.

La compagnie vaudrait plus de 3 milliards de dollars selon The New Yorker. Un article très intéressant qui fait la chronique de la multiplication des GoPro et de leurs impacts sur notre société.


Cette escalade, d'une tour à Shanghai par deux grimpeurs téméraires, a récolté plus de 35 millions de vues.

Les producteurs de films l'utilisent de plus en plus afin d'obtenir des P.O.V. (Point Of View) difficiles à filmer autrement.

Elle est imitée, dépassée à l'occasion et adulée. Son nom est devenu le synonyme d'une petite caméra haute définition portative. Un peu comme Kleenex et Frigidaire qui décrivent toutes les marques de leurs successeurs.

Cet exemple de l'ascension d'une tour est un bon exemple qui illustre les sensations chez le spectateur que de tels points de vue peuvent produire. (estomac sensibles, s'abstenir)

Tout ça est la révolution de la miniaturisation et de l'accélération de la capacité de calcul et d’entreposage. Les optiques existent depuis longtemps, mais la finesse des capteurs et la possibilité de sauvegarder toute cette information dans deux paquets d'allumettes sont chose nouvelle.

Si la tendance se maintient, on devrait voir des performances surprenantes dans les années à venir. L'Apple Watch est un autre exemple des possibilités de la miniaturisation à venir.

J'attends toujours, dans cette foulée la baisse de prix, des gros dos numériques et des caméras à haute résolution. Je sais que c'est une histoire de marché et que les gros wafer coûtent plus cher à manufacturer. J'ose imaginer que dans un avenir proche, les ISO et la résolution seront telles que les limites seront vraiment imposées par les optiques, qui eux ne baissent pas de prix.



samedi 13 septembre 2014

Quand un hobbie devient un outil professionnel


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Photo Service, Lozeau annoncent qu'ils ont des drones Phantom de disponibles. Vistek et The Camera Store à Calgaray de même. Vistek prend bien soin d'aviser sa clientèle que ces drones ne sont que pour usage récréatif et qu'autrement il faut se procurer un permis de Transport Canada.

Lozeau mentionne qu'ils ne sont pas responsables des conséquences de l'utilisation de ces drones.
Le gouvernement est spécifique quant à l'obtention d'une licence d'utilisation.

http://www.tc.gc.ca/fra/aviationcivile/normes/generale-aviationloisir-uav-2265.htm

La règlementation mentionne que les drones doivent peser moins que 35 kg et être utilisé à des fins récréatives seulement sinon une autorisation doit-être obtenue si j'ai bien compris la littérature


http://www.reuters.com/video/2014/07/30/chinas-drone-king-says-the-revolution-de?videoId=329444760&videoChannel=5&channelName=Business
Cliquez sur l'image pour accéder à la page où est la vidéo
Quand est-ce qu'un usage récréatif devient un outil de travail? Évidemment, si vous recevez de l'argent pour son utilisation, c'est un outil de travail. Pourquoi, est-ce la notion d’usage récréatif qui détermine la nécessité d'obtenir une autorisation plutôt que les risques encourus par l’utilisation?

Les drones photographiques Phantom, qui sont tellement populaires ces jours-ci par leur faible prix versus leurs performances,  font émerger toutes sortes d'applications photographiques que ce soit en photographie architecturale, immobilière, reportages environnementaux, etc.

Je crois en la révolution visuelle que permettent les drones photographiques « domestiques ». Je crois aussi qu'on peut en faire un usage abusif et irresponsable. D'autres parts, j'espère que l'on n'utilisera pas ce prétexte afin de « censurer » les images importantes d'informations qu'ils peuvent produire.






dimanche 31 août 2014

Mon problème avec le World Press Photo

vernissage de l'édition 2014, photo Martin Benoit
Chaque année, je découvre la différence entre les photos exposées au Marché Bonsecours et la collection d'images qu'un photographe a faite pour gagner un prix.

En consultant les galeries d'images sur le site du World Press Photo, on peut facilement constater que très souvent une seule image d'un reportage est exposée à la salle d'exposition.

Manque de place, simplification de la visite, budget d'impression? Je ne sais quelle variable est responsable de ce choix, mais la conséquence est que si l'on se contente que de visiter la salle d'exposition, on se retrouve souvent avec une compréhension partielle du travail d'un photographe ou de la qualité de son travail qui s'est mérité un prix.

Je recommande donc à l'intéressé de premièrement visiter le site et de tout regarder et ensuite visiter l'exposition et apprécier les tirages et l'environnement social pour fraterniser. De plus, sur le site on peut visionner les projets multimédias qui deviennent de plus en plus importants dans l'univers du photojournalisme.

Bonne visite, le World Press Photo se termine le 28 septembre.

mardi 26 août 2014

Doit-on montrer la décapitation de James Foley le photojournaliste?

C'est un débat éthique qui perdure depuis plus d'une semaine à savoir s’il est socialement sain de diffuser la vidéo de la décapitation du photojournaliste James Foley. J'ai regardé cette vidéo, afin de comprendre le débat, et je dois dire que pour avoir vu des vidéos d'atrocités diffusées sur le web, il y a quand même une certaine retenue dans cette vidéo, ce qui ne la rend pas légitime pour autant.

Plusieurs ont commenté, en particulier un rédacteur de l'Observatoire des Médias, qui prend position et nuance sa pensée .

Premièrement, est-ce une vraie vidéo ou un montage? Plusieurs arguent que c'est un montage.
En est-ce un ou non? Je ne suis pas vraiment un spécialiste, mais des deux côtés (les É.-U. et le mouvement islamiste) il est facile d'imaginer le pourquoi de créer un tel montage pour justifier des agressions ultérieures ou pour stimuler des partisans. De même, il est facile d'imaginer l'intérêt des deux côtés à diffuser cette vidéo si elle est vraie.

Comme le mentionnait l'éditeur du Nouvel Obs, c'est très différent de diffuser une vidéo sur Internet ou lors d'un bulletin de nouvelles télévisées, considérant la captivité du spectateur. Lors d'un bulletin de nouvelles, n'importe qui peut-être devant le téléviseur domestique. Des enfants peuvent jouer devant le téléviseur pendant qu'un parent, qui a laissé les nouvelles jouer, prépare un repas sans même prendre conscience qu'une telle vidéo, vraie ou fausse, est diffusée. Comment des enfants peuvent-ils décoder ces images sans l'aide de parents présents? Dans le cas d'un site Internet de nouvelles munies d'avertissements et de fenêtres d'avertissements de dernières minutes, c'est différent, car le spectateur choisit délibérément de visionner la vidéo en connaissance de cause.

C'est comme faire le choix de consulter de la « porno » sur le Net. C'est un choix personnel discutable, mais c'est un choix personnel. Doit-on bannir toute la « porno » sur le Net? Tous points de vue non conformes avec la bonne pensée populaire? Peut-être. 

Qui ou quoi veut-on protéger en bannissant la diffusion de cette vidéo avec le hashtag #ISSMediaBlackout? C'est la question de base de cette polémique. Veut-on protéger la dignité de la famille de Foley? Veut-on diminuer les actes terroristes en ne jouant pas leurs jeux d'excitation des masses en les choquants avec un tel discours et vidéo? Lorsque cette vidéo a été réalisée, il y avait une fonction de relation publique derrière et on ne veut pas être le pion de cette opération de relation publique? Avant de prendre position, il faut peut-être appliquer quelques raisonnements que nous allons adopter aux deux partis en jeux. Si nous croyons que la démonisation des Américains est perverse, appliquons-la aussi à la démonisation des islamistes. Nul ne doit-être démoniser impunément. L'éthique photojournalistique, tant américaine que canadienne valorise l'équilibre des voix des deux partis. Quand, entendons-nous le point de vue islamiste en terre américaine? Est-il nécessaire de l'entendre pour se forger un point de vue ou en avons-nous assez de l'info de nos chaînes d'information officielles pour vraiment comprendre les vrais enjeux?

En quoi le visionnement d'une telle vidéo nous enrichis-t-il en matière d'information? Peut-on rester objectif et nuancé devant un tel spectacle? Est-ce que la guerre et le terrorisme (s’il y a une différence) sont des sujets à nuances et à objectivité? Quel est le rôle des médias en temps de guerre?


dimanche 17 août 2014

Le blogue de David Hopkins de Dawson College

David Hopkins, enseignant au programme de photographie du Dawson College, tient un blogue depuis plusieurs années. Un mélange de recherches personnelles et de partage technologiques.
Un excellent blogue qui démontre le dynamisme et la passion du partage d'un enseignant.

Vous vous intéressez aux anciens procédés, dont le papier albumine, vous pourrez suivre son expérimentation en ligne.

jeudi 7 août 2014

Le test du macaque

jaquette* du bouquin Les animaux dénaturés
Beaucoup m'écrivent pour avoir mon opinion sur la question du droit d'auteur relative au macaque indonésien qui s'est fait un selfie.

Je ferai un parallèle avec le fameux roman de Vercors, « Les animaux dénaturés » où Vercors invente une situation où un scientifique réussi à croiser une guenon avec un humain afin de créer une race hybride qu'il nomme « tropis ». Le but du roman est d'explorer la question morale de la définition d'humain. Ces tropis hybrides finissent par être utilisés comme main-d'oeuvre gratuite dans des usines australiennes, n'ayant pas les mêmes droits sociaux que les humains étant des moitiés d'humains ou tout simplement pas des humains.

Le livre décrit les déboires judiciaires qui tentent de déterminer si les tropis peuvent jouir des mêmes droits que les humains. C'est une spéculation théorique qui teste des questions légales philosophiques.

Aujourd'hui, nous nous retrouvons dans une situation similaire avec l'affaire des selfies de macaques, à savoir si un macaque peut posséder des droits d'auteurs ou s'ils reviennent à celui qui possède la caméra et paie pour le voyage, fait les retouches, etc. C'est un heureux événement qui pousse la réflexion sur le droit d'auteur un peu plus loin et ce de façon pratique plutôt que théorique. Quelqu'un de réel veut vraiment se réclamer l'auteur.

Les débats autour de cette question suscitent de l'attention relativement à la notion d'art et la notion d'incitatif. Le droit d'auteur est entre autres là pour inciter la création d'oeuvres originales. On veut enrichir la société de matériel novateur. On fabrique un « privilège » économique afin de favoriser un « entrepreneur-artiste » à avoir les moyens de poursuivre ses créations d'oeuvres. Que serait une société sans art, sans nouveauté? Nous reconnaissons, en tant que société, l'importance de protéger les créateurs et fournissons un cadre pour les encourager. Nous avons, par contre, défini qui sont les créateurs et qui ne le sont pas et qui méritent cette protection. Pour avoir travaillé dans le secteur de la construction plusieurs années, j'ai rencontré des menuisiers, des électriciens, des maçons qui étaient très créatifs et qui réalisaient de beaux ouvrages qui ne sont nullement protégés par le droit d'auteur. Ce sont des gens qui travaillent de leurs mains la matière de façons créatives et souvent novatrices.

Le droit d'auteur offre, à certains groupes prédéterminés, la possibilité de réclamer des « royautés » sur l'utilisation d'une oeuvre, abstraction des labeurs qui ont été impliqués lors de la création de cette dernière. Certains passeront leur vie à peaufiner un style, une démarche sincère et ne verront pas le fruit de leur labeur authentique récompensé par les royautés et d'autres recevront des sommes importantes pour une oeuvre réalisée à peu de frais, car le contexte sera tel que le public sera friand de cette oeuvre. Il ne faut pas avoir lu tout Le capital de Karl Marx ou encore la définition du salaire universel de Michel Chartrand pour réaliser que le droit d'auteur et la proportionnalité des ristournes ne respectent pas la notion de « valeur » du travail. C'est d'ailleurs pour cette raison que les pays communistes ne respectent pas le droit d'auteur et les brevets. Le partage est vu comme un bien public qui favorise la croissance de la communauté. Ne pas partager son bien est contre révolutionnaire et mérite les foudres du régime...

Assez de discours gauchistes et retournons à notre réalité capitaliste, car il faut nommer les choses par leur nom. Quel est l'incitatif profond pour que le photographe propriétaire de la caméra, qui a servi à faire les selfies de macaques,  réclame son droit d'auteur? Imaginons que lors de son voyage en Indonésie il ait fait de belles photos de natures diffusées par Getty Image et qu'il ait pu se générer un salaire annuel très respectable. Serait-il aussi enclin à ne pas partager gratuitement cet « accident » photographique? Est-ce que le droit d'auteur est là pour compenser la débâcle du marché photographique causée par la venue du numérique et d'Internet? Pour compenser un dispendieux voyage qui n'a pas porté ses fruits? Je sais, je parle comme le salarié syndiqué que je suis.

Quand ma fille était jeune, je lui prêtais ma grosse caméra pour qu'elle photographie la parenté lors des fêtes de famille. Les gens réagissent toujours positivement devant une jeune enfant voulant les photographier. J'obtenais ainsi de belles photos familiales. C'était MA stratégie, Ma caméra et Ma fille que j'avais formée. À qui revient le droit d'auteur des photos? Est-ce qu'an tant qu'enseignant je devrais limiter la distribution de mes connaissances au cas où les étudiants feraient trop d'argent avec cette information? Dois-je exiger une ristourne sur les profits générés par les connaissances et compétences que je leur enseigne? Ce n'est pas un questionnement que j'invente, c'est un professeur du HEC (Hautes Études Commerciales) qui posait cette question à ses étudiants.

Le droit d'auteur est un pis allé dans une société où nous n'avons pas encore trouvé comment rémunérer les artistes convenablement. Dans les pays communistes, les artistes étaient engagés par l'état et réalisaient de l'art de propagande dit-on aujourd'hui. Les grands artistes des siècles passés ont aussi fait de l'art de propagande. Michel-Ange à peint la Chapelle Sixtine pour faire l'éloge du catholicisme qui contrôlait la société d'époque. Jean-Sébastien Bach a presque principalement tiré ses revenus de la musique sacrée commandée par des églises. Peinture de propagande, musique de propagande? Sont-ce réellement des artistes ou des agents du système? Combien d'artistes ont de la difficulté à vivre de leur art tant qu'ils ne se conforment pas aux demandes des galeries et des systèmes de subventions? Est-ce que l'artiste est vraiment libre au Québec? Plusieurs finissent professeurs dans les universités ou cégeps afin de réussir à vivre. Voici comment au Québec nous respectons l'art. Je ne dis pas que c'est mieux ailleurs, je ne fais que souligner les lacunes d'un système.

Quel est ma position relativement au macaque, je crois que Wikipédia à raison et que le photographe devrait se réjouir de la diffusion de cette image auquel il a contribuée au lieu de s'offusquer. Je sais que ma position ne sera pas populaire au sein de la CAPIC dont je suis membre, organisme qui a lutté pour la loi C-11, mais simultanément, il me semble qu'il faut reconnaître les limites d'une loi.

*Je m'autorise ici de reproduire sans l'autorisation de l'artiste et de la maison d'édition la page couverture du bouquin, conformément à la loi C-11 qui autorise à des fins éducatives la diffusion d'oeuvres protégées (je suis un enseignant et ce blogue est un outil complémentaire au cours Pratique Professionnelle, devenu Mise sur pied d'une entreprise). Voilà, entre autres, ce que la nouvelle loi C-11 permet.

mercredi 6 août 2014

Les nouveaux marchés

l'auteur dans la Tail of the Dragon, Épreuve pour sélection. photo par 129Slayer
Je me baladais à motocyclette dans les routes sinueuses du Tennessee, quand j'ai remarqué deux stations photographiques où des photographes s'étaient installés pour photographier les véhicules qui y passaient.

Une fois à la fin du parcours de 318 courbes sur 17 km on pouvait ramasser une carte d'affaires avec l'adresse du site où des photos pouvaient être téléchargées en fonction de l'heure et la journée.

Le faible coût des fichiers numériques et la technologie php jumelé à un bon cms (Content Magnagement System) permet de créer sans effort des sites où la présentation et la vente des fichiers se fera de façon robotisée. À 7 U$ le fichier, l'argent rentre automatiquement sans sollicitation ni préparation d'image. Le talent, négocier un accès au bord de la route, avoir une caméra à haute cadence de prise de vue (dans ce cas une 1D mk IV équipée d'une 70-200) bien exposer et cadrer du premier coup. À la pause, on vide ses cartes et on laisse un logiciel ingérer ses images et les télécharger sur le serveur. On récolte son salaire tout le long de la belle saison.

J'en ai personnellement téléchargé 3 (21 U$) la mienne et celle de mes compagnons de voyage. C'est un peu comme le photographe de rue qui offre une photo Polaroid de touristes devant la tour de Pise. Cette fois-ci on ne sollicite pas le client, on le laisse venir à nous. Le secret est de s'assurer que le client sait que l'on existe. Une grosse bannière au-dessus des photographes qui annonce le site et des cartes d'affaires bien situées. Quel doit-être le ratio de vente pour que ce soit lucratif? Je l'ignore, mais je sais que cette compagnie existe depuis quelques années et je suppose que ce doit être rentable pour avoir pris la peine d'investir dans de l'équipement pro.

Mon compagnon de voyage avec sa GoPro. épreuve photo 129Slayer
Depuis très longtemps des photographes cherchent des situations mémorables pour les offrir à des acheteurs potentiels. Les photographes d'enfants dans les écoles, les photographes lors des matchs sportifs amateurs, les photographes de tournoi de golf, etc. Est-ce créatif, enrichissant, valorisant, c'est discutable, mais on pourrait poser ces questions relativement à plusieurs secteurs de la photographie. C'est un marché à développer et optimiser pour la qualité de l'image et la rentabilité de l'organisation. Les profits sont directement proportionnels à la quantité d'acheteurs potentiels. Plus le « trafic » est élevé, plus la chance de vendre l'est. Il s'agit de repérer une situation à fort débit et qui suscite l’intérêt de conserver un souvenir. Dans ce cas. La route est tellement tortueuse qu'il est inimaginable qu'un motocycliste puisse demander à un copain de le photographier. Beaucoup de motocyclistes portaient une GoPro sur leur casque afin d'enregistrer leur parcours, mais qu'en est-il de s'être capturé eux-mêmes?

Ce sont les merveilles du numérique et d'Internet qui permettent ces nouvelles façons de conserver ces tranches de vie. 


vendredi 25 juillet 2014

Le contraste comme outil de composition

Un photographe a créé sa propre application mobile pour réaliser des images très contrastées. Pour les photographes d'une autre génération, elle aurait pu s'intituler KodalithMatic.

Le plaisir que je trouve à utiliser cette application est le fait qu'elle nous force à composer en fonction des masses de lumières uniquement. Pas de distraction par la couleur, par la saturation, par les expressions humaines, il ne reste que les masses importantes de lumières et d'ombres.

J'ai pour mon dire qu'une image qui fonctionne en haut contraste, fonctionnera probablement à tous les contrastes.

Un peu comme devoir faire ses push-up de composition tous les jours.

mardi 15 juillet 2014

La relative beauté

Une journaliste se fait photoshopper par 40 retoucheurs de 25 cultures différentes afin de voir quels sont les canons de la beauté selon les cultures.

Une "étude" intéressante qui nous fait réfléchir sur nos propres normes.

lundi 7 juillet 2014

Je n'ai pas pu résister à un agrandisseur aux poubelles

Quelques uns de mes agrandisseurs au début 90. photo Martin Benoit
Avec le la foison de déménagements autour du 1er juillet à Montréal, je n'ai pas pu résister à ne pas ramasser cet excellent agrandisseur Beseler 23cII XL avec deux têtes, une noir et blanc, une dichroïque et optique Schneider.

Je n'ai pas de place pour utiliser un tel agrandisseur, considérant le nombre d'excellents agrandisseurs auxquels j'ai accès au collège et l'exiguïté de ma demeure. J'ai alors envoyé un texto à un ami afin de m'assurer que je trouverais preneur rapidement, livraison incluse.

Sans tomber dans la nostalgie, il n'y a pas si longtemps on considérait qu'agrandir était aussi crucial que la prise de vue. À quoi sert un bon optique de prise de vue si l’on utilise un mauvais optique à l'agrandisseur ou si notre agrandisseur n'est pas d'équerre? À quoi sert le meilleur film le mieux exposé s’il est mal développé et mal imprimé? Maîtriser la chambre noire et son matériel devenait une entreprise aussi sérieuse que la prise de vue. Et pour le fervent de tirages couleur, l'entreprise était d'autant plus intense et laborieuse.

C'est curieux, ce qui me manque c'est d'avoir des épreuves dans les mains au lieu de regarder un écran. Pourtant, tout le monde sait qu'un écran, même un mauvais, possède une plus grande latitude d'expression qu'un tirage en terme de contraste. D'ailleurs le plus beau noir et blanc que vous pouvez réaliser et que j'ai vu, ce sont de grands tirages sur du film noir et blanc exposé en transparence sur une grande table lumineuse verticale. Ceux qui ont fait de la diapositive noir et blanc 2 1/4 Scala de Agfa savent un peu de quoi je parle. La gradation et la profondeur des noirs sur un média de qualité en transparence est sans égal. Si vous avez un téléviseur Full HD avec un contraste élevé et bien ajusté, vous pouvez apprécier un film noir et blanc de qualité. Je regardais le film « Le ruban blanc » tourné en couleur et converti en n/b à la postprod sur mon téléviseur plasma quand même acceptable et je suis retombé dans la beauté du médium noir et blanc lorsque bien exploité

Vive les poubelles.


mercredi 25 juin 2014

Photoshop cré sa propre légende et le succès de la facilité

Avec l'apparition récente de Jennifer in Paradise, une légende est en train de se créer autour de Photoshop. Selon plusieurs articles, Photoshop est présenté comme la première solution abordable sur Mac pour retoucher des images.

Qu'en est-il des Digital Darkroom de Silicon Beach Software, Color Studio de Letraset, Image Studio, MacPaint et...? Pour ceux qui pitonnaient des ordis domestiques au début des années 90, la norme dans les centres de préimpressions et chez les graphistes, qui utilisaient des ordinateurs domestiques, était Color Studio de Letraset, qui est devenu aujourd'hui Corel Painter X3 pour pas cher. Color studio était une espèce de Photoshop/Illustrator aux hormones. Ce logiciel valait ~1100$ quand Photoshop en valait ~750$. Color Studio était précurseur, il pouvait travailler en cmjn et gérer tous les paramètres d'impression au niveau de la forme du point et beaucoup, beaucoup plus.
Ma copie de Photoshop v1.0 sur mon vieux laptop PowerPC. Elle roule encore, l’écran du laptop moins certain...

La réalité, c'est que des années durant, Adobe a laissé Photoshop se faire pirater avec grande simplicité de sorte qu'il puisse inonder le secteur et ils ont tranquillement acheté tous leurs compétiteurs grâce aux profits de leur vente de licence Postcript pour imprimantes. Si je me souviens bien de leurs rapports annuels de l'époque, ils tiraient ~50% de leur revenu de la vente de ces licences. Toutes imprimantes utilisant la technologie Postscript devaient payer une royauté à Adobe. Ils ont ensuite acheté Aldus et Macromedia pour n'en nommer que quelques gros. Leur compétition s'est étiolée et ils sont devenus le roi de la montagne. Une fois bien installés, ils ont rendu le piratage un peu plus complexe, pour aujourd'hui se retrouver avec Creative Cloud.

Au début de l'ère Photoshop, j'ai vite été un Photoshopevangelist et j'ai répandu la bonne nouvelle, même après avoir été formé au Creative Center for Imaging de Camden sur Color Studio. J'ai ensuite été engagé par l'université de Sherbrooke pour convertir les profs de graphisme du cégep Ahuntsic au nouveau logiciel d'Adobe (Photoshop). Eux, qui étaient des anciens utilisateurs de Color Studio, n'étaient pas particulièrement impressionnés. Ils se sont quand même convertis et peu se souviennent de leur vie antérieure à Photoshop aujourd'hui.

Qu'elle est la force de Photoshop? Photoshop avait une courbe d'apprentissage accessible même si cela nuisait aux performances du logiciel. Le premier venu pouvait altérer une image sans trop consulter le manuel. Ce n'était pas du tout le cas de Live Picture, un logiciel incroyable du milieu des années 90, qui était principalement un éditeur de métadonnées hyper rapide et qui pouvait travailler sur n'importe quelle taille de fichier, abstraction de la puissance de votre ordi. Live Picture coutait ~5000$ initialement et était protégé contre le piratage. Live Picture a été abandonné finalement à cause de sa complexité initiale d'utilisation. Peu on franchit le seuil critique de compétences qui permettait d'être à l'aise avec le logiciel. Photoshop a été gentil avec ses utilisateurs et les progrès technologiques ont compensé pour ses faiblesses. La vitesse des CPU a augmenté et le prix du ram a baissé permettant finalement de rendre le logiciel utilisable rendant ainsi caduque les autres logiciels plus performants qui sont disparus progressivement n'ayant pas la base d'utilisateurs nécessaire à leur survie.

Lightroom est un éditeur de métadonnée, il altère les pixels originaux uniquement quand on exporte le fichier, entre temps il ne change que l'affichage de l'image et il est facile d'utilisation. Adobe continue dans sa stratégie de facilité d'utilisation. Ils vont faire disparaitre PhaseOne MediaPro, Extensis Portfolio et Apple Aperture, des logiciels de catalogues antérieurs, qui ont des qualités réelles. C'est la force du gros et des stratégies de marketing agressives. Lightroom a été gratuit très longtemps et pas cher ensuite, ça encourage plusieurs à faire le saut. J'ai fait le saut dès le début, mais j'utilise toujours MediaPro. Pour combien de temps?

Tout ça démontre un peu ce que Steve Jobs voulait démontrer. Une expérience agréable est plus importante que la performance brute. Finalement, c'est son interface graphique empruntée à Xerox qui a survécu. Tout le monde, que ce soit sous Windows ou OSX, utilise aujourd'hui une interface graphique au lieu d'un prompt pour entrer une ligne de commande. L'utilisateur moyen veut être opérationnel et pas être nécessairement un geek

La simplicité a souvent meilleur goût.

mardi 17 juin 2014

10 600 poses de Tri-X développées avec planches contact ou un boîtier Leica Monochrome™?

Que préférez-vous, car c'est à peu près ce que vous pouvez vous acheter pour le prix d'un boîtier Leica Monochrome™?

Cette comparaison entre le Leica M4 et le Monochrome™ fait réfléchir. Des éléments pertinents ont été soulevés concernant l'écrêtage soudain dans les hautes lumières et la gradation. La pérennité de certains appareils et la désuétude intrinsèque de l'autre. L'investissement global des deux solutions.

J'aimerais poursuivre la discussion dans une autre direction. Demandez à un photographe professionnel quel est le pourcentage de ses revenus qu'il investit en appareils photo et je parle ici uniquement en boîtiers et pas en objectifs. Quel ratio de ses revenus est en promotion, pré-prod, etc.?
Faire de la photo professionnelle, que ce soit de la publicité ou du reportage d'auteur est principalement constitué de démarches et de prises de vues. Un reportage d'auteur durera souvent plusieurs semaines, frais de voyages, rencontres, etc. Que l'on soit en pellicule ou en numérique, ce sont les mêmes frais.

Quel était le but de Leica en créant le Monochrome™? Un appareil superlatif noir et blanc numérique? Quel est le but des acheteurs en achetant un Monochrome™? Qu'espèrent-ils et pourquoi dépensent-ils une telle somme? Ne savent-ils pas additionner des chiffres et constater qu'un appareil argentique serait meilleur marché? J'aimerais bien avoir ou essayer un Monochrome™ en passant. J'ai entendu des choses extraordinaires à propos de cet appareil. Absence de démosaïquage qui augmente la netteté. Absence de filtres de séparation qui augmente la sensibilité. Absence de filtre antimoiré qui augmente la netteté. Une excellente latitude et sensibilité. Le rêve de tous « leicaiste » théoriquement.

autoportrait
Si l'on pousse un peu plus loin la discussion financière de l'auteur, le meilleur ratio prix/performance serait probablement un Pentax K1000 avec un objectif Takumar 55mm f1,8 utilisé à f8. Les performances optiques de la Takumar à f8 ne sont pas si loin de la Summicron et de toute façon leur pouvoir résolvant sont supérieur à celui du Tri-X. Personnellement, j'opterais pour une Olympus OM2 avec une Zuiko 50 f1,4 à f8 chargée d'Ilford HP5 Plus développé dans de l'Acufine. Effet compensateur dans les hautes lumières et bon détail dans les ombres tout en maintenant une « acuité » du grain. Chacun ses goûts.

J'ai calculé qu'au prix que le Leica Monochrome™ se vend au Canada (8900 $+tx) moins le prix d'un boîtier Leica M3 ou M4 usagé, on peut acheter et faire développer/imprimer une planche contact pour l'équivalent de ~10 600 cadres de Tri-X. C'est quand même quelques photos. Le prix d'un rouleau de 36 poses développé et une planche contact revient à 32 $ tx inc.

Je trouve très intéressante et pertinente, dans l'article de Leicaphillia, la dénonciation de la très courte vie intrinsèque des appareils numériques. La possibilité de remplacer un circuit dédié d'un Leica Monochrome™ dans 20 ans, j'ai mes doutes, si Leica existe toujours. Il ne faut pas oublier que la compagnie Leitz (Leica) a été proche de la faillite à plusieurs reprises et qu'ils ont été sujets à beaucoup de remaniements administratifs dans les années 70. Leur avenir n'est pas garanti. Ce n'est pas un géant comme Canon qui fabrique photocopieurs et autres bidules électroniques grand public. Par contre, c'est une compagnie beaucoup plus vieille qui a traversé vents et tempêtes.

Un Leica Monochrome™ n'est pas un appareil pour faire de la pub même si on pourrait l'utiliser à cette fin. Faire du reportage, car c'est de reportages dont on parle ici, sous-entends avoir à composer avec toutes sortes de situations et aujourd'hui, peut-on exclure le marché potentiel de la couleur lors d'un reportage?....

J'aurais tendance à dire que le fond de la question est relié au style du photographe. Si vous êtes du genre à prendre des centaines, voir des milliers de photos pour rendre compte d'un sujet, la différence entre le numérique et la pellicule devient significative et même le prix d'un Leica Monochrome peut devenir économique. Il faut quand même développer cette pellicule et au moins la numériser pour la regarder. Ce n'est pas vrai que l'on peut juger de la qualité d'une image en négatif. Sa mise au point oui, mais son impact... On me dira, pourquoi prendre tant d'images? En pellicule il y avait des photographes qui étaient des gros consommateurs de pellicules. Pensons à Lee Friedlander par exemple qui, selon la légende, pouvait avoir des centaines de rouleaux non développés des mois après une exploration visuelle. C'est une démarche, comme le grand format est une démarche, comme le noir et blanc est une démarche, comme le studio est une démarche.

Si vous m'envoyez à l'étranger et que vous me donnez un mois pour parler des pêcheurs d'Ísafjörður en Icelande, que le résultat final peut être en noir et blanc si je veux, films ou numérique? Dans mon cas, la question ne se pose pas. La supériorité des ISO en numérique et la capacité à valider ses erreurs, car même les pros font des erreurs, supplante les avantages de la pellicule. Si je veux être furtif à la Leica, j'utiliserai un Fuji X-E2 avec l'excellente 35 mm f1,4 et peut être un convertisseur Leica pour une 50 Summicron pour les portraits et une 18mm comme grand-angulaire. J'exposerais en Raw + jpg avec un « picture style » noir et blanc filtre jaune afin de prévisualiser le look noir et blanc que je vise.

Mes conclusions sont que ça dépend de la démarche et du style photographique. Quelqu'un comme moi qui a besoin de prendre beaucoup de clichés pour découvrir ce qu'il cherche ou pour découvrir après coup ce qu'il se passait, requiert la souplesse et le faible coût du numérique. Quelqu'un de beaucoup plus prémédité et « constructeur d'image » pourra peut-être produire la même qualité d'image et sous certains aspects peut-être même des meilleures en argentique à coûts moindres. Restera que pour diffuser son produit final, il lui faudra bien numériser le résultat que ce soit un tirage ou un transparent.

Des fois dans mes rêves les plus fous, j'aimerais que la technologie soit figée et que le progrès cesse. J'ai l'impression que les caméras sont assez bonnes et j'aimerais qu'elles durent et que l'on arrête d'avoir des préoccupations technologiques et que l'on parle plus de photos. Que l'on se soit pas inquiet de la pérennité de notre matériel. Il n'y a pas si longtemps, photographier avec un Pentax Spotmatic™ avec une Takumar™ se comparait très bien avec photographier avec un Nikon™ F équipé d'une Nikkor™ 50 f1,4. En fait, personne ne pouvait voir la différence sur le tirage final si ce n'est que la forme du bokeh en arrière-plan et encore.

Je finirai par dire ce que je dis à tous mes étudiants: une photo moche en argentique, c'est aussi moche qu'une photo moche en numérique. J'espère qu'ils comprennent qu'une photo doit premièrement être bonne avant d'être un médium en soi à moins que l'on fasse de la photographie uniquement pour les photographes.

vendredi 13 juin 2014

Ce que j'ai appris des pros

Ansel Adams m'a appris à exposer et développer adéquatement une émulsion en fonction des résultats escomptés. Ça m'a pris quelque temps à vraiment le mettre en pratique.

Raymond Depardon m'a appris à être attentif et anticiper l'action qui va se développer sous mes yeux. Commencer à filmer avant que l'action se déroule de sorte à pouvoir la contextualiser et être témoin de son émergence.

Henri Cartier-Bresson m'a appris à inclure dans une image plus d'une histoire.

Donna Ferrato m'a appris à me faire oublier dans un environnement chaotique.

jeune militante lors d'une manifestation. photo Martin Benoit 2005
Robert Cappa ne m'a pas appris à me rapprocher de mes sujets si mes photos ne sont pas assez bonnes. Comment aurais-je pu faire cette authentique photo de cette fière militante en étant plus proche? C'est la distance qui lui confère son authenticité. D'ailleurs, la photo que lui-même considérait sa meilleure photo n'a pas été prise de proche. cf la tondue de Chartes.

Michel Dubreuil m'a appris à être non menaçant envers les gens.

Peter Menzel m'a appris que l'objectivité n'était pas toujours porteuse de vérité.

Joan Vermeer, le peintre flamand, m'a appris que dans la simplicité et les moments statiques de l'existence réside une sérénité.

Edward Curtis m'a appris que la photographie c'est compliquée et que souvent le contenu devient le message.

James Natchwey m'a appris à marcher lentement, ce que je n'ai pas encore bien intégré.

Antoine Desilets m'a appris, à 15 ans, que la photo c'était moins compliqué que ce que les bouquins français des étidions Paul Montel prétendaient.

Gaspard-Félix Tournachon, dit Nadar, m'a appris que les gens se révèlent par eux-mêmes dans de simples poses.

Jeanloup Sieff m'a appris que le contraste et les grands-angulaires pouvaient être très dynamiques.


Edward Weston et Sally Mann m'ont fait apprécier la gradation de beaux tirages noir et blanc.

Enfin, Nathalie Daoust m'a appris à ne pas trop regarder les photos des autres afin de ne pas perdre ma propre identité.






Ce soir, exposition des finissants du Centre de formation professionnelle de Lachine en photographie

source CFP

vendredi 30 mai 2014

Le rôle des cours de photographie

Simon B. discutant de son projet avec le prof. photo Chloé Fortier-Devin
Photo District News publiait une série de commentaires relatifs aux divers manques des écoles de photographies du point de vue des étudiants ayant gradués.

Beaucoup de commentaires concernent les faiblesses au niveau de la formation technique. Pas assez de Photoshop, pas assez de techniques d'éclairage, etc.

Il fut un temps où l'école était la voute du secret professionnel et la fréquenter vous donnait accès à ces « trucs » qui vous différencieraient des compétiteurs n'ayant pas fréquenté ces institutions.

Je crois que la fonction moderne des écoles de photographie est plutôt de créer une discipline d'apprentissage ainsi que d'offrir une rétro action sur la progression de l'étudiant. Photoshop™ est un puis sans fond et trois années n'est pas suffisant pour maîtriser le logiciel dans toutes ses sphères d'utilisation. Il faut tracer des limites d'apprentissage. De même avec la majorité des volets techniques. De plus, la vidéo s'est ajoutée au curriculum, imposant de retirer des éléments que l'on considérait essentiels.

Il n'y a pas un truc photo qui n'est pas sur Internet et les trouver n'est vraiment pas difficile. Vous cherchez des trucs d'éclairage aux flashs portatifs, allez voir le Strobist. Vous chercher comment être à la mode et éclairer de façon un peu plus complexe, allez voir les trucs du populaire jeune Joey Lawrence. Vous êtes un teckie des appareils haut de gamme, suivez The Luminous Landscape. Les problèmes financiers propres aux photographes vous intéressent, allez chez Photo business News and Forum. Je pourrais continuer la liste des sites populaires pertinents contenant des trucs souvent mieux expliqués et démontrés que dans des écoles, mais l'exercice est futile.

À quoi servent les écoles de photo aujourd'hui? Elles devraient « forcer » un étudiant à explorer le médium d'angles auxquels il ne se serait pas discipliné lui-même à le faire. Se découvrir au sein de diverses expériences photographiques, recevoir des rétroactions et des commentaires d'enseignants expérimentés qui ont du recul relativement au marché et à l'exploration photographique.

Internet fournit rarement ce genre de rétroaction. On ne mesure pas la qualité d'une image aux « Like » que l'on a obtenus. La fameuse photo du papillon monarque sur une fleur qui a tant rapporté aux banques d'images, n'auraient reçues que quelques « Like ». Créer une dynamique sur un blogue de sorte à obtenir une discussion constructive relativement à votre production n'est pas réaliste. Vous avez le temps de suivre deux programmes de photographie avant d'obtenir cette qualité de discussion. Où allez-vous trouver une rétroaction sur votre travail rapidement et sincèrement? C'est théoriquement la force que les écoles doivent développer pour le futur ayant perdu l'exclusivité sur ces « secrets » professionnels.


mercredi 28 mai 2014

Demain soir expo des finissants du Vieux

photo par Alexandra Vinet-Mongeau
Demain soir jeudi, aura lieu, pour un soir seulement l'expo des finissants du programme de
photographie du cégep du Vieux Montréal.

Galerie des finissants

L'expo se tiendra chez Infopresse rue St-Laurent.
Jeudi 19h au 4310 rue St-Laurent

jeudi 22 mai 2014

Mégantic, un autre regard

source Michel Hunueault

Montréal, 15 mai 2014 — Du 23 mai au 26 juillet 2014, la Maison de la culture Rosemont- La Petite-Patrie présente l’exposition photographique La longue nuit de Mégantic de Michel Huneault, un regard sensible et intimiste sur le deuil de Lac-Mégantic.
Résumé
Le 6 juillet 2013, à 1:15 am, quarante-sept résidents de Lac-Mégantic sont morts presqu'instantanément après qu'un train pétrolier ait déraillé et explosé au centre-ville. Pour une communauté de 6000 personnes, c'est 1 personne sur 128 qui fut tuée ce soir là. Effectué avec la complicité de la communauté, La longue nuit de Mégantic porte sur l'évolution du deuil et du traumatisme vécus à Lac-Mégantic au fil du temps.
La longue nuit de Mégantic, qui sʼétend à ce jour sur quatre saisons, repose sur 55 jours de travail, répartis en 12 visites, et ce dès le 6 juillet. Ce projet continue.

Exposition
Du 23 mai au 26 juillet 2014
Maison de la culture Rosemont- La Petite-Patrie
6707, avenue De Lorimier
Heures d’ouverture
mardi, mercredi et jeudi de 13 h à 18 h vendredi et samedi de 13 h à 17 h

mardi 20 mai 2014

Le droit à la vie privée et ses limites en photographie aérienne

Quand j'étais plus jeune, dans les années 70, j'ai travaillé à la réalisation d'un dirigeable qui aurait pu
dessin extrait d'un brevet
prendre des photos aériennes. Les vues aériennes sont très instructives et intéressantes. Quand le ciel est dégagé, lors d'un vol en avion, j'analyse la vue de mon hublot au lieu de regarder le vieux film américain qui est diffusé sur les minis-écrans. Depuis Google Earth, j'ai le loisir d'explorer la planète vue de haut dans la quiétude de ma résidence.

Ma mère me dit souvent , si tu veux vraiment savoir ce qui se passe sur la planète, lis le cahier finance des journaux et lis les rapports annuels des grosses compagnies. La "vraie" information n'est pas si cachée.

L'arrestation d'un photographe qui tentait de photographier l'industrie agraire du haut des airs, à partir de son parapente motorisé pour le compte de National Geographic, a suscité indignations et réflexions sur la notion de propriété intellectuelle, droit à la vie privée et espionnage industriel.

Depuis cette fameuse date du mois de septembre 2001, les notions de vie privée et de sécurité ont pris des proportions jamais vues. Tout est prétexte à sécurité, qu'elle soit nationale ou industrielle (l'industrie nourrissant la nation). Est-ce que Yann Arthus Bertrand aurait pu faire son fameux bouquin "La terre vue du ciel" dans un tel contexte? De plus, où la sécurité des uns commence, la menace de l'autre s'insinue selon les perceptions.

Le sous-sol appartient au gouvernement l'autorisant ainsi à permettre aux minières de l'exploiter même sur votre terrain. Les vues des airs appartiennent à qui? En fait la question de base est dans quelle mesure un secret industriel doit-il être protégé et par quels moyens?

Le brevet existe afin de rendre public un processus espérant vendre des licences d'utilisation et en faire profiter l'industrie nationale pour le bien national. Une forme de communiste à la saveur capitaliste. C'est pourquoi c'est le fédéral qui émet les brevets. Les brevets sont publics, tout le monde peut consulter la gazette des brevets. Google à même un outil de recherche dans les brevets de la planète. Pourquoi un fermier ne fait-il pas breveter ses "secrets" au lieu d'exaspérer les photographes? Ça démontre la limite des brevets et leur efficacité industrielle. Simultanément, on apprend que nos gouvernements écoutent nos conversations téléphoniques et nos espionnent nos échanges Internet... Est-ce que le patriotisme photographique est ultimement bon pour la planète?

jeudi 8 mai 2014

Prof de photo recherché au Vieux

Le cégep du Vieux Montréal est à la recherche d'un(e) enseignant(e) pour le programme de photographie. Envoyez vos CV avant le 23 mai selon la procédure décrite sur ce lien pour le prochain comité de sélection.

samedi 3 mai 2014

On est toujours le petit d'un autre

Ricoh/Pentax ont annoncé leur caméra numérique moyen format de 51mp qui fait aussi de la vidéo, le 645Z. Le boitier vaut 9000 $.
image tirée du site de Ricoh/Pentax

Les utilisateurs de 5D mk*, qui se croyaient peut-être les rois de la montagne avec leurs gros capteurs vidéo, ont maintenant un plus grand frère.

Plus proche de la pellicule 65 mm et 70 mm, ce capteur permet l'esthétique des films de la génération de Gone with the Wind tournés en Technicolor 70mm.  Par contre, l'esthétique de l'époque était aux très petites ouvertures de diaphragme afin d'avoir le maximum de profondeur de champ. Autres temps, autre esthétique. Les pellicules étaient peu sensibles, les filtres de séparation de couleur absorbaient beaucoup de lumière. On finissait par ajouter de l'éclairage par plein soleil à l'occasion...

Est-ce une anormalité ce Pentax vidéo ou tout simplement une caractéristique ajoutée, car disponible à peu de frais considérant où la technologie en est? Il n'existe pas vraiment d'objectif très lumineux en format moyen. F2,8 est pas mal la plus grande ouverture tandis qu’en plus petit format on peut aller jusqu'à 1,2 sans faire de trop grosses recherches et hypothéquer sa maison.

Plusieurs ont vanté le look cinéma que produira cette caméra à cause de la taille du capteur et des objectifs qu'elle imposera, mais qu'en est-il vraiment du look cinéma en matière de grosse pellicule?
Les caméras utilisant de la grosse pellicule (65 mm et 70 mm) l'utilisent souvent à 48 images secondes et pas pour faire des ralentis, mais pour une meilleure fluidité et à petite ouverture afin d'obtenir la plus grande profondeur de champ possible de sorte à exploiter la grande netteté de cette grande surface de capture. Le succès de la technologie IMAX est basé sur ce genre de performances.

La grande révolution, selon moi, est plutôt du côté de la baisse de prix des caméras qui s'approchent des caméras du genre Arri Alexa. Ajouté une plus petite taille et un média d'écriture bon marché et beaucoup seront heureux.

lundi 21 avril 2014

Le Vieux et André-Laurendeau s'exposent


Les étudiants de première année du programme de photographie du cégep du Vieux Montréal et les finissants en Photographie Arts graphique du cégep André-Laurendeau s'exposent.

Les premières années du Vieux feront leur vernissage ce jeudi prochain le 24 et le lendemain, vendredi le 25, le vernissage des finissants d'André-Laurendeau.

Le printemps des 4K

Il fallait s'y attendre. Ce n'était qu'une question de temps et d'évolution technologique.
Du cinéma 4k c'est environ 8 mégapixels. Dès que les caméras ont franchi le 8 mégapixels, elles pouvaient théoriquement enregistrer du vidéo 4k dans la mesure où les processeurs internes, la mémoire tampon, le taux de rafraichissement des capteurs et la vitesse des cartes mémoires le permettaient. Combiné tout ça avec de nouveaux algorithmes de compression et vous êtes opérationnels.

Nous sommes rendus là. La dernière Sony AX100 de 2000 $ avec un capteur de 1 po. (13,2 mm x 8,8 mm) utilise un capteur très gros dans l'univers des caméscopes amateurs et du monde du reportage. Petit, relativement à l'univers du cinéma et de la photographie, mais favorisant une bonne profondeur de champ.
caméra AJA CION, image tirée du site de AJA

Au niveau plus professionnel, AJA lance sa CION pour 9000 $ qui serait directement en compétition avec l'Alexa de ARRI. Plusieurs compagnies avaient des caméras 4k ou des prototypes à présenter au fameux salon NABShow qui vient de se terminer à Las Vegas.

Un autre pas vers une démocratisation de la vidéo corporative de haut niveau et des petites productions cinématographiques dont les budgets rétrécissent tout le temps.

Robert Morin, réalisateur québécois du récent film 3 histoires d'Indiens, racontait que par moment il tournait seul. Dans de telles conditions ton budget est celui du salaire des acteurs, s’ils sont payés, de la captation audio, de l'éclairage (s’il y en a d'ajoutés) et de la caméra. Cédric Klaplisch, réalisateur de Casse-tête chinois et L'auberge espagnole, racontait que dans son dernier tournage, certaines scènes ont été tournées à la Canon C300 pour la simplicité et la mobilité. De moins en moins ces productions vont dépendre des grands centres de location et de leurs dictats. Une Alexa coûte 1500 $/jour aux É.-U. À Montréal, 1750 $/jour plus les assurances.

Les réalisateurs ont toujours su s'adapter aux limites des technologies. Si une caméra ne peut tourner plus de 3 minutes pour cause de la longueur de pellicule admissible dans le magasin, ils s'adaptent. Les contraintes techniques à travers l'histoire du cinéma et des petites productions sont multiples et ne font qu'augmenter au défi. Les contraintes financières sont elles très difficiles à surmonter. Personne ne peut tourner bon marché une mini production en pellicule 35mm. Même si on vous prête la caméra, il faudra aussi vous fournir toutes les étapes de développement, pellicule, copies de travail, étalonnage, etc. C'est en ce sens que le numérique vidéo, audio et la baisse de prix des caméras performantes sont significatives en terme de « démocratisation » du médium.

Comme mentionné dans un billet précédent, une production n'est pas uniquement une caméra, mais une équipe et tout le tralala qui suit. Par contre, les minis-productions corporatives, les petits films d'auteurs, les documentaires sont des secteurs où les talents visuels des photographes sont requis et où les budgets sont déjà microscopiques relativement aux grosses productions. C'est en ce sens que ces évolutions technologiques présentent un réel intérêt pour le photographe qui cherche à étendre son marché et s'exprimer différemment.